Burkina Faso / Présidentielle 2020 : « J’arriverai au deuxième tour, parce que j’ai la conviction que mon programme de société est le meilleur » Monique Yéli Kam

A 47 ans, Madame Kam Yéli Monique est la seule candidate pour l’élection présidentielle du 22 novembre 2020 au Burkina Faso. Epouse-mère cheffe  d’entreprise, entrepreneur sociale, elle est  la  présidente du  Mouvement pour la Renaissance du Burkina Faso (MRB).  Dans une interview accordée à notre rédaction Quotidien Numérique d’Afrique (QNA), Kam Yéli Monique a déballé son programme de société pour les 5 ans de sa mandature si elle est élue.

Quotidien Numérique d’Afrique(QNA):Pouvez-vous déclinez les grands axes de votre programme pour nos lecteurs

Kam Yéli Monique : J’ai un programme de gouvernance centré sur l’éducation. Une éducation productive,  une éducation qui crée de l’emploi et de richesse.  

QNA : Depuis 2016, le Burkina est confronté à une crise sécuritaire et la grogne sociale liée aux revendications des travailleurs du public. Quelles solutions proposez-vous pour sortir le pays de l’impasse ?

Kam Yéli Monique : Le projet de société du Mouvement pour la Renaissance du Burkina Faso (MRB), comporte des remèdes à la  tension sociale et aussi à la  crise  sécuritaire .Ces  remèdes   passent par une éducation. Une éducation qui  diffuse la  culture de  vivre  ensemble. Notre pacte éducatif propose la création d’une chambre de sages constitué de 130 membres, 10 membres par région, pris parmi les  autorités spirituelles et d’anciens chefs   de l’Etat. Dans ce pacte, nous prévoyons une médiation avec les groupes armés et aussi une négociation avec les partenaires  sociaux pour apaiser la fronde sociale. Cela passera par le dialogue.

« Une jeunesse qui représente à peu près 50% de la population, mais nous sommes désespérés de les voir dans la rues, dans les kiosques s’adonner à  l’alcool, aux  boisons frelatées ».

QNA : Comment comptez- vous réconcilier les  Burkinabè au regard  des tensions actuelles ?   

Kam Yéli Monique : D’abord les tensions sociale ont pour origine la pauvreté, la famine et les inégalités. Notre société malheureusement est une société inégalitaire. Le Burkina Faso est une société inégalitaire. Le Burkina Faso aujourd’hui à une minorité de la population qui détient plus 40% des richesses et une majorité maintenue dans la pauvreté. Et ces inégalités se creusent de jour en jour. C’est ce qui alimente les tensions sociales. Donc pour mettre fin à ces tensions sociales, nos gouvernants doivent travailler davantage, doivent fournir plus d’efforts pour créer de la richesse et  surtout  veiller à la bonne  répartition de ces richesses  afin  que chaque  citoyen reçoive la  richesse produite dans  son assiette. C’est ça le  problème. C’est le partage qui est  inégalitaire. Sinon, notre pays  est  riche en  ressources naturelles mais  malheureusement, ces richesses ne  parviennent pas aux  citoyens ordinaires surtout le  panier de la  ménagère qui  reste désespérément vide . C’est cela notre combat. Notre combat  est centré sur l’éducation, c’est la jeunesse notre avenir. Une jeunesse qui représente à peu près 50% de la population, mais nous sommes désespérés de les voir dans la rues, dans les kiosques s’adonner à  l’alcool, aux  boisons frelatées. Une jeunesse qui est  au chômage,  des  diplômés qui sont  rendus invalides après l’obtention de leurs diplômes. Des ingénieurs qui ne savent pas fabriquer une  seule écroue. Et là, nous en sommes choqués. Notre programme centré sur l’éducation  vise à  donner un savoir-faire pratique à nos jeunes afin de s’auto employer et de créer de la  richesse. Dans notre projet de société, nous allons nous battre pour créer des centres de   métiers par commune, des instituts polytechniques par province et des universités polytechniques professionnelles par région. Nous entendons créer des usines par  régions pour créer de la valeur,  transformer nos potentialités agrosylvopastorales. Il faut créer de la  richesse. Il faut faire émerger une classe moyenne. Cela passe par une éducation de qualité.  Regardez le secteur privé,  puisque je viens du secteur privé. Je suis touchée par le problème de la mévente en somme de  la morosité de l’économie depuis des années. Nous attendons   désespérément  une  relance  qui  n’arrive pas. Quoi faire ? Et devant la cause de ce   ralentissement  de l’économie, même si ce  ralentissement est phénomène  mondial, mais en  local nous avons notre  part à jouer.  Notre pays  est riches en  ressources naturelles , notre pays  est  riche  de  ces  hommes surtout ces  hommes . Et il faut arriver à les  faire  travailler .Il faut faire émerger une  classe moyenne. Une  Classe moyenne qui est une compétence réelle, un  savoir-faire pratique et  c’est aussi  cette  classe  moyenne  qui détient  un  pouvoir  d’achat élevé. Un pays ne  peut pas se développer, un pays ne peut pas vivre en paix si une bonne partie de la  majorité est maintenue dans la  pauvreté. Il faut veuillez à réduire les inégalités. Notre combat, c’est de travailler à  faire émerger une classe  moyenne avec  des  compétences réelles pour réduire les  inégalités, créer de la  richesse et veiller à une meilleure redistribution de cette richesse  afin de réduire les inégalités. C’est pourquoi nous prévoyons dans notre   gouvernance, une  gouvernance vertueuse. Dans tous les cas notre profil,   (venant du monde du monde de l’entreprenariat) est un atout et nous avons fait nos preuves en matière de gestion dans ce secteur. C’est cette expertise que nous entendons apporter. Parce que, nous sommes orientés vers  la création de la richesse et nous allons veuillez à donner de bon exemple avec une  bonne   conscience.      

« Je suis la future présidente de tous les Burkinabè. Depuis que je suis sortie, j’ai vu la mobilisation et l’enthousiasme de toute la population… »

QNA :        Quels sont vos atouts pour cette élection présidentielle ?

Kam Yéli Monique : Notre mouvement veut dire «une marche ». C’est un réveil de la population. C’est un réveil de sursaut d’une classe de Burkinabè conscient. C’est un réveil qui va aboutir à la renaissance du Burkina Faso. Cela veut dire que le Burkina Faso va mal, le Burkina Faso est souffrant, le Burkina Faso est  en douleur. Après  cette douleur, c’est la  renaissance. Et  cette  renaissance passera   forcement par le biais de l’éducation. L’éducation est la  base de tout développement. L’éducation, il s’agit de l’homme ici. L’homme qu’il faut faire renaitre avec  une  nouvelle conscience avec  des connaissances pratiques. Avec  une connaissance du monde géopolitique, avec une conscience d’où on  va. Tant que on ne  sait pas où on va  sachez qu’on ira nulle part. Et l’école est modélisateur social et économique. Nous avons quel model de développement en Afrique ? On parle de model de   développement économique japonais, français et américain. En Afrique nous n’en connaissons pas. Nous avons des économistes, nos gouvernants sont d’ailleurs des  économistes. Qu’est-ce qu’ils ont fait ? Nous n’avons aucun model de développement économique. Des scientifiques ? Nous n’en avons pas. Nous  avons une   économie extraverti, une économie qui se sert que l’extérieur et l’école don nous  avons  héritée, est une  école  coloniale. Justement c’est ça notre combat. Nous travaillerons à mettre en place notre programme éducatif après la  refonte du système éducatif. Définir de nouveaux programmes, nouveaux  programmes d’enseignements  techniques professionnalisant afin de remplacer ce système  vétuste, ce   système obsolète extraverti tourné vers l’extérieur. Nous voulons un développement endogène, nous voulons  définir notre model de développement.  Et cela  c’est à travers  l’école. L’école son rôle,  c’est de modéliser. Qu’est-ce-que nous voulons ? Où nous  voulons  aller ? C’est à l’école de définir cela. Nous avons la conviction qu’au sein du Mouvement pour la Renaissance du Burkina Faso (MRB) que c’est seulement à travers une école productive, une école de qualité que nous allons  transformer notre pays.     

QNA :        Pensez-vous à une  alliance si votre parti  est qualifié pour le second  tour ?

Kam Yéli Monique : j’arriverai au  deuxième tour mais j’aurai le meilleur score. Cela veut  dire  que je bénéficierai du  report des  voix des autres partis. J’ai la  conviction que mon programme  de société est le meilleur.     

QNA :        Quel message avez-vous  pour  les  populations ?

Kam Yéli Monique : Je suis la future présidente de tous les Burkinabè. Depuis que je suis sortie, j’ai vu la mobilisation et l’enthousiasme de toute la population et la gente  féminine a pris conscience et c’est ce qui me réjouit .Je me sent galvanisée. Quand je  vais  vers la gente féminine pour m’enquérir de leur quotidien, je perçois  comment  elles souffrent, comment elles se sentent abandonner avec leurs enfants au  chômage. Oui j’ai vu des  sœurs au marché qui  disent  sur leur  étales qu’elles ont  payé les   études de leurs  enfants après tant  d’années  de  sacrifices , ces  enfants sont  à la  maison . Ces enfants  sont diplômés mais au chômage à la maison. Je  partage leurs  peines. Je   suis  solidaire avec ces  femmes. Et  dans mon programme justement, je fais  la part belle   aux  femmes.  Parce qu’elles représentent plus de 50% de la population. Comment un pays peut-il se  développer s’il abandonne 50% de sa population dans la misère ?  Et nous sommes les plus touchés. Lorsqu’une femme est pauvre, elle transmet cette pauvreté à ces  enfants. Et c’est ça qu’il faut combattre. Je  vais au  combat  pour être cet  élément catalyseur pour  toutes les  femmes. Une société à besoin de model vivant. Je vais au combat parce que j’ai des  compétences, des   qualités plus que l’autre pour  donner  un exemple. Un exemple qui peut venir du bas peuple comme moi. Nous devons travailler ensemble. Toutes les   femmes sont conscientes que  nous  allons travailler ensemble  à travers  la formation que je vais donner  aux  femmes, pour leurs donner un savoir-faire, des connaissances pratiques et  renforcer leurs compétences. Nous allons vraiment soutenir les femmes à développer leur business, à se former et même à s’engager dans la politique. Beaucoup de  femmes  se  sont illustrées à travers leurs  prouesses dans la gestion des affaires publiques, et c’est ça notre idéal. Se battre, donner l’exemple, l’exemple d’une bonne  gestion, d’une bonne  conscience pour attirer d’autres femmes dans la politique et  je vous  assure  qu’en  2025, il y aura beaucoup  de femmes  engagées pour  la  présidentielle  au  Burkina Faso.

Propos recueillis par K.Fiakofi 

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