Dr Omar SANOGO

Centres de recherche au Burkina : Zoom sur le CNRST avec le Dr Omar SANOGO

SCI : Bonsoir Docteur, veuillez-vous présenter aux lecteurs de Sciences-Campus-Info

Dr. Omar SANOGO : Je suis Omar SANOGO, Maître de recherche, Directeur Scientifique du Centre National  de la Recherche Scientifique et Technologique, structure rattachée au Ministère de la Recherche Scientifique et de l’innovation.

SCI : De façon brève comment vous vous présentez votre centre notamment le CNRST ?

Dr. Omar SANOGO : Le CNRST est une structure nationale qui conduit à une partie de la politique définie par le Ministère de la Recherche Scientifique et de l’innovation (MRSI) à travers quatre (04) grands domaines thématiques. La Recherche Agricole et Environnementale, la Recherche en Sciences Appliquées et Technologies, la Recherche en Science des Sociétés, et la Recherche en Sciences de la Santé. Donc c’est matérialisé par quatre (04) grands instituts. L’Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologie, l’Institut de l’Environnement et de Recherche Agricole, l’Institut de Recherche en Sciences des Sociétés  et l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé. Donc le CNRST coordonne l’ensemble des activités de ces quatre grands instituts. Et a donc une Délégation Générale qui est basée à Ouagadougou.

SCI : Vous disiez tantôt que vous êtes le Directeur Scientifique du CNRST. Qu’est-ce qu’un Directeur Scientifique au sein d’un  centre de recherche comme le CNRST ? Et  on va vous demander aussi, l’importance de ce Directeur Scientifique au sein de ce centre ?

Dr. Omar SANOGO : Le Directeur Scientifique porte la mission qui a et confiée par le Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation au Délégué Général, de définir la politique scientifique du CNRST et de la mettre en œuvre et de la contrôler.  C’est-à-dire que les orientations viennent du niveau politique, une lettre de mission est confiée au Délégué Général du CNRST qui décline ça en plusieurs actions et le Directeur Scientifique est chargé donc  de mettre en œuvre toute la politique scientifique du CNRST et de l’évaluer.

SCI : Maintenant on aimerait savoir, quels sont les résultats de recherche qui vous ont le plus marqués depuis que vous êtes chercheur ?

Dr. Omar SANOGO :  Si je commence à les citer je ne vais pas finir parce qu’il y’a vraiment des résultats édifiants. Dans le domaine de l’agriculture et de  la recherche environnementale, il y’a beaucoup de variétés de semences que nos structures  de recherche ont vaillamment mis au point. Il y’a dans le domaine des sciences appliquées et des technologies, aujourd’hui, personne n’ignore,  ça parait banal  mais c’est un travail de recherche qui a abouti aujourd’hui à la production d’un équipement utilisé par les ménages pour répondre à leurs besoins. Et vous prenez les  biscuits   de céréales produits  au niveau localement, vous prenez tous les équipements de transformation de sol ;  il y’a un produit qui est actuellement à la une ; le FACA qui a fait polémique, mais qui Dieu le sait est vraiment un produit qui soulage les malades. Et c’est une belle réussite, le FACA. Et le défi, c’est de le mettre dans la forme pédiatrique pour les enfants parce que c’est vraiment une maladie très douloureuse. Je ne vais pas finir sans préciser que par exemple aujourd’hui nous avons des équipes compétentes qui ont réussi à mettre au point une carte linguistique du Burkina. Ça parait banale mais la mémoire d’un peuple, c’est quand même très important et aussi à traduire certaines de nos constitutions en langues nationales donc utilisables par les populations directement. Tout ça c’est l’enracinement de la démocratie donc tout ça c’est l’œuvre des chercheurs.

SCI : Quelle est l’impact  et l’importance d’un centre de recherche dans la politique de développement d’un pays ?

Dr. Omar SANOGO : Vous faites tous les grands pays de ce monde, il n’y a pas un grand pays de ce monde sans une grande structure de recherche. Vous allez en France, le développement de la France est basé sur ce que le CNRS lui  apporte. Vous allez aux Etats Unis, vous avez des quantités énormes de structures de recherche qui mettent au point des technologies de pointe. Au Burkina ici, nous sommes confrontés à des problèmes de survie.

Et au niveau agricole, les semences mises au point par les chercheurs ont aujourd’hui permis de franchir des caps énormes. On oublie même, c’est le Burkina aujourd’hui l’un des premiers producteurs de coton de l’Afrique. C’est par la compétence des chercheurs qui ont réussi  à mettre au point un certain nombre de variétés de semences de coton très performantes et vous n’êtes pas sans ignorer tout ce qu’on est en train de faire sur les biotechnologies, sur le coton et voilà. Donc vraiment c’est un plus .La science, la recherche, c’est le fondement du développement. Parce que dans toutes les composantes de la société la recherche a sa place et a un rôle de pilier pour le développement. Donc c’est bien connu, le Japon a bâti son développement sur la recherche scientifique et aujourd’hui  est un leader au niveau mondial. Et son économie est basée sur la compétitivité de sa recherche. Et au Burkina, nous ambitionnons aussi de garder la recherche qui vat appuyer le développement. Nous avons aussi fait le pari de fonder nos actions vers des actions de développement. La recherche fondamentale est très utile, parce que ça permet de franchir certains caps. Mais la recherche pour résoudre les problèmes des gens, de tous les jours c’est vraiment quelque chose qui va nous permettre d’évoluer assez rapidement.

SCI : Quelle est l’état de santé de la recherche au Burkina Faso ?

Dr. Omar SANOGO : Au Burkina Faso, la recherche se porte bien. Elle se porte bien. Si vous regardez aujourd’hui, depuis la création du MRSI en 2011, les chantiers déjà battus par ce ministère sont énormes. Aujourd’hui, vous avez une loi d’orientation de la recherche ; comparé à d’autres pays, c’est vraiment quelque chose d’unique. Vous avez aujourd’hui dans cette loi, des mécanismes qui ont été définis pour financer la recherche à partir des fonds intérieurs donc la souveraineté de l’Etat. Et vous savez aujourd’hui au Burkina, le CNRST est un exemple. Parce que vous regardez dans la sous-région des structures de recherche aussi intégrées en dehors de l’Afrique du Sud, vous en trouverez très peu.  Vous avez toutes les structures, toutes les compétences réunies autour donc de problèmes de développement, pour vraiment apporter leurs contributions  là où ils peuvent pour l’évolution de   la société.

SCI : Quel est  votre domaine de prédilection ? Votre spécialité ?

Dr. Omar SANOGO : Je suis de formation Physiciens, de surcroît Energéticien.  Donc ça c’est ma formation de base. Mais quand on est Directeur Scientifique, on est obligé d’aller au-delà de sa formation de base et j’ai pris de la passion pour presque tous les domaines thématiques  du CNRST. Que ce soit dans le domaine agricole, que ce soit dans le domaine de sciences de sociétés, dans le domaine de la santé ou dans le domaine des technologies appliquées dans lequel je suis. Donc vraiment, tout en étant physicien, j’ai étendu mes propres limites au-delà pour pouvoir quand même avoir une vision aussi large possible des actions menées au niveau du CNRST.

SCI : Docteur que pensez-vous d’un magazine d’informations scientifiques qui se donne pour créneau la vulgarisation de tout ce qui est résultat de la recherche. Donc un magazine qui offre ses colonnes aux chercheurs burkinabés et de la sous-région. Que pensez-vous de cette initiative ?

Dr. Omar SANOGO : Un de nos éminents devanciers disait que, la recherche ne se justifie pas par elle-même. Elle se légitime par ce qu’elle apporte aux populations.  Si nous travaillons, et que ce n’est pas connu, nous avons échoué.  Il faut que nos résultats soient auprès des paysans, soient auprès des transformateurs, soient auprès de toute la société pour qu’ils l’utilisent. Si nous ne sommes pas là, c’est que nous avons encore du chemin à parcourir et donc avoir un magazine qui contribue à faire connaitre les résultats de la recherche, c’est du pain béni pour nous. Parce que notre soucis commun c’est que les résultats de la recherche ne restent pas dans les tiroirs. Et que ça contribuent au développement et que ce soient utiles pour les populations donc vraiment, votre rôle est vraiment quelque chose qui nous réconforte et nous comptons bien sûr fonder une collaboration pour rendre encore plus visibles nos résultats.

SCI : Un dernier mot, quelque chose que vous auriez aimé évoquer, vu que c’est un magazine qui va être distribué dans plusieurs pays, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Gabon ?

Dr. Omar SANOGO : C’est toujours la même chose.  La recherche, il faut non seulement que nous nous communiquons pour que nous soyons connus, mais nous demandons aussi à tous ceux qui font du travaille pour que nous soyons connus, beaucoup de professionnalisme. Pour que tous les résultats qui vont sortir, que tout ce qui va sortir, qu’ils viennent vers nous pour mieux comprendre ce que nous avons mis au point, pour mieux comprendre les difficultés que nous avons  et pour  mieux comprendre toutes les questions que peut poser la recherche ou  les résultats de la recherche, afin de mieux informer le grand public. Parce que c’est vraiment notre raison d’être. C’est d’être  auprès du grand public. Et vous êtes donc nos ambassadeurs auprès de ce grand public et donc vous devez baser l’essentiel des informations que vous transportez vers ce grand public sur la crédibilité et donc beaucoup d’informations.  Venez vers nous chaque fois que vous avez des questions  et nous seront autant que faire ce  peu disponibles pour   vous apporter  toutes les informations qui permettrons de rendre encore plus visibles nos  résultats.

Merci beaucoup et bon vent au magazine

Interview réalisé par Sylvain DA

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