Guérir des hépatites: Cause de la cirrhose et du cancer de foie

Pr Alain Bougouma

L’hépatite affecte tout le monde sur cette terre. Elle se présente sous de multiples formes et peut détruire une vie. Dans le monde, une personne sur trois est infectée par l’hépatite et une sur 12 l’est de manière chronique. Cela se traduit souvent par des problèmes de santé à long terme tels que la cyrhose, le cancer du foie, la perte d’emploi, la discrimination et la stigmatisation. Bien que l’hépatite virale soit l’une des maladies infectieuses les plus fréquentes et les plus graves au monde, nombreux sont ceux qui n’ont pas conscience du lourd tribu qu’elle fait payer à la santé humaine. C’est un problème que l’on retrouve dans chaque pays et dans chaque classe d’âge.
À l’heure actuelle, environ 500 millions de personnes à l’échelle mondiale, soit une personne sur 12, vivent avec l’hépatite virale B chronique ou l’hépatite C. Chaque année, plus d’un million de personne meurent de la maladie, étant donné que frequemment il n’y a pas de symptôme, la plus part des gens n’ont pas conscience d’abord de la maladie et ils la propagent sans le savoir. Et le virus de l’hépatite B, à lui seul, est responsable de 600 000 décès par an, représentant ainsi la deuxième cause de décès par cancer après le tabac. Malgré les ravages, les différentes hépatites, sont en grande partie méconnues et ne sont souvent pas diagnostiquées ni traitées. Conséquence, plus d’un milliard de personnes sont infectées par une hépatite virale de type B ou C.


Ce qu’il faut savoir de l’hépatite
L’hépatite se définie comme une inflammation du foie, le plus souvent provoquée par une infection virale. Il y a cinq virus principaux de l’hépatite, A, B, C, D et E. En général les hépatites A et E sont causées par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Les hépatites B, C et D surviennent habituellement après un contact parentéral avec des liquides biologiques contaminés (transfusions sanguines ou procédures médicales invasives avec du matériel contaminé). L’hépatite B peut également se transmettre par voie sexuelle.
Les hépatites peuvent également être d’origine non virale. Dans ce cas, elles sont causées par la consommation excessive d’alcool ou de certains médicaments, les troubles du métabolisme comme la surcharge en graisse du foie ou la dysfonction du système immunitaire.
Ces hépatites diffèrent les unes des autres en termes de durée d’incubation, de mode de transmission, de niveau de gravité et de potentiel évolutif de la maladie.
L’hépatite virale est dite « aigue » lors du premier contact de l’organisme avec le virus. Elle peut provoquer des douleurs abdominales, un ictère, une fatigue, etc. Mais bien souvent elle est sans symptômes apparents et peut passer inaperçue. Elle peut aussi évoluer vers une forme grave, dite « fulminante », menant à la destruction rapide du foie et, sans transplantation d’un foie sain, au décès. L’hépatite virale est dite « chronique » lorsqu’elle persiste au-delà de six mois après le début de l’infection.
C’est le cas avec les virus, B, C et D. Une personne peut être infectée par plusieurs de ces virus, en même temps ou à des moments différents. Les principales complications dues à la destruction des cellules du foie sont la cirrhose, le cancer du foie et les perturbations métaboliques dues à l’arrêt des fonctions vitales pour l’organisme, en particulier l’épuration du sang des différents déchets du métabolisme et des substances dites «toxiques » comme l’alcool.
Ampleur des hépatites au Burkina Faso
Au Burkina Faso, les données du centre national de transfusion sanguine (CNTS) font état de fortes prévalences au sein des donneurs de sang. En 2013 par exemple, ces taux étaient de 10% pour l’hépatite B et 5,5% pour l’hépatite C. Du reste, selon l’OMS, l’hépatite B aiguë est responsable de 300 décès au sein de notre population, tandis que la cirrhose et le cancer primitif du foie causent respectivement 3 100 et 1 200 décès par an. Fort heureusement, la prise en charge peut se faire dans les différentes formations sanitaires, même si son organisation reste à parfaire.
En effet, le diagnostic clinique se fait essentiellement en consultation spécialisée au niveau des structures de référence. Et plusieurs examens de laboratoire sont nécessaires pour le diagnostic et le suivi du malade. Quant à la prise en charge médicamenteuse, les personnes atteintes d’hépatite B chronique nécessitant un traitement peuvent se voir prescrire une thérapie antivirale mais aussi des injections d’interféron. Un traitement qui peut ralentir la progression de la cirrhose, réduire l’incidence du carcinome hépatocellulaire et prolonger la survie. Mieux, aujourd’hui il existe des traitements antiviraux à action directe efficace contre le virus de l’hépatite C sans distinction de génotype. Ces traitements semblent marcher sur l’infection même à des stades compliqués tels que la cirrhose.
95% des personnes ayant une hépatite dans le monde ignorent leur infection selon l’OMS. C’est le cas de ces patients inquiets. Après plusieurs douleurs au ventre, nous confient-ils, ils se rendent enfin à l’hopital. Là, ils decouvrent qu’ils sont infectés par l’hépatite B. « Quand je mange un peu, le ventre se gonfle et me fait très mal. je suis donc venus ici pour qu’on enlève l’eau qui est à l’intérieur, je suis très éssouflé », nous a confié Issouf Bandé, un patient de l’hépatite B, admis au CHU Yalgado Ouédraogo.
Maladie chronique, la prise en charge cause de véritables soucis pour les malades. Pour ce malade, le traitement coûte extremement chère »depuis plus d’un, j’ai dépensé plus d’un million de francs cfa dans le traitement de cette maladie et ça appauvrit vraiment », nous confie-til.
Néanmoins, des efforts sont faits pour soutenir les malades des hépatites au Burkina Faso. Grace à la compréhension de beaucoup de décideurs, le traitement contre l’hépatite B est à un coût subventionné et revient à 2400 francs CFA par mois alors que le coût réel est de 500.000 francs CFA par mois. Pour ce qui est de l’hépatite B, ce n’est pas tellement le coût du traitement qui est élevé, ce sont plutôt les examens complémentaires qui coûtent chers.
La prévention de l’hépatite
La principale stratégie de prévention en vigueur est la vaccination contre l’hépatite B introduite dans le Programme élargi de vaccination (PEV) depuis 2006. Mais ce vaccin ne peut être administré qu’aux enfants de deux mois et plus. Très bientôt la vaccination sera faite à la naissance comme le recommande l’OMS.
En dehors du vaccin, il n’y a pas de mesures spécifiques de prévention des hépatites en l’occurrence pour la prévention de la transmission mère enfant des hépatites B et C, des accidents d’expositions au sang et aux produits biologiques. Les mesures existantes se résument à celles prises dans les structures sanitaires pour la sécurisation de la transfusion du sang et autres produits biologiques dérivés, la prévention des infections lors des actes médicaux et chirurgicaux.
Toutefois, au vu des insuffisances dans le secteur public, le secteur de santé traditionnel est très sollicité pour la prise en charge des hépatites car offrant une panoplie de plantes médicinales à moindre coût, même si la preuve de leur efficacité n’a pas encore été établie.
La Journée mondiale de lutte contre les hépatites virales, déclarée comme telle en juillet 2010 par l’OMS, vise à sensibiliser la population aux hépatites virales et à inciter de véritables changements de comportement en matière de prévention de la maladie et d’accès au dépistage et au traitement.
Rares sont ceux qui vont faire déliberamment leurs teste de dépistage. Ainsi, selon une interview accordée à nos confrère de Lefaso.net, le Pr Alain Bougouma invitait la population à éviter les comportements à risques, à se faire dépister et à se faire vacciner pour ceux qui ne sont pas déjà infectés. Pour ceux qui sont infectés de façon chronique, il les conseil de se diriger vers les structures de santé pour être orientés vers ceux qui prennent en charge ces patients pour éviter d’arriver au cancer qui est le stade ultime. « Aussi, se faire dépister en famille et adopter des attitudes pour éviter les contaminations. C’est une tueuse silencieuse, le mal est grave et est parmi nous, la prévalence augmente et c’est inquiétant parce que les examens coûtent très chers et la maladie touche et tue la frange jeune de la population. Si cette population n’est pas dépistée et traitée pour éviter les complications, on perdra évidemment ces gens à la fleur de l’âge. Si nous ne faisons pas attention, nous perdrons nos jeunes, et en ce moment, il est illusoire de parler de développement de notre chère patrie », déplore le Pr Bougoouma.

Alfred Sié KAM/Rédaction QNA
Source: ministère de la santé du Burkina Faso

(Visited 1 times, 1 visits today)