Pr GUSTAVE KABRE

LE PROFESSEUR GUSTAVE KABRE

PARCOURS ET VISION D’UN GRAND HOMME DE SCIENCES

Pr GUSTAVE KABRE                                                     

SCI : Bonjour Professeur, veuillez-vous présenter à nos lecteurs

Pr. Gustave KABRE : Moi, c’est le Professeur Gustave KABRE, Professeur titulaire  des universités, Université de Ouagadougou et UFR Sciences de la vie et la terre au département de biologie et physiologie animale.

SCI : Dans ce sens est ce que vous pouvez évoquer un peu votre parcours universitaire ?

Pr. Gustave KABRE : Je voudrais vous remercier. Mon parcours est  classique, c’est celui d’un élève ou d’un étudiant typique. Je suis titulaire du Baccalauréat  série D. j’ai fait mes trois premières années à l’université de Niamey où j’ai eu la licence en biologie animale, ensuite je suis allé en France à l’Université de Limoges où j’ai eu ma maîtrise de sciences biologiques et de là j’ai pu m’inscrire pour un DEA en protistologie à l’université de Clermont- Ferrand II. Où j’ai pu soutenir mon Doctorat 3ème cycle en biologie animale, spécialité protistologie. Ensuite au cours de ma carrière j’ai pu obtenir mon Doctorat d’Etat en biologie animale option parasitologie. C’était donc le dernier diplôme académique que j’ai pu obtenir. J’ai deux thèses, un doctorat 3ème cycle et un doctorat d’Etat.

SCI : Pour le profane quand on parle du Doctorat d’Etat et du Doctorat 3ème cycle y’a-t-il une nuance ? Même si elle est évidente, pouvez-vous nous donner la différence ?

Pr. Gustave KABRE : Avant une réforme qui avait créé la thèse unique, il y’avait l’obligation pour les impétrants s’ils voulaient faire une thèse, de faire d’abord un Doctorat 3ème cycle et à l’issue de cela on peut s’inscrire pour une thèse d’Etat. Généralement on l’obtient pendant le parcours professionnel. Moi par exemple, j’ai passé ma thèse  d’Etat en 1997 alors que j’ai été recruté en 1983. Donc je suis repartie faire mon Doctorat d’Etat. Il  y’a une nuance. Dans la reforme française, il avait été question de créer la thèse unique un peut l’équivalent du PHD. Mais avant ça nous étions obligés donc de faire ce circuit-là : 3ème cycle et puis Doctorat d’Etat.

SCI : C’est bien intéressant, très passionnant et nous savons aussi que dans l’obtention de ce Doctorat  il a fallu aussi procéder à des publications. Est-ce que vous pouvez nous parler de vos publications et éventuellement où les trouver ?

Pr. Gustave KABRE : Bien sûr, dans une carrière universitaire, quand vous rentrez à l’université, vous avez envie d’évoluer. Et pour évoluer, il faut au-delà de l’aspect pédagogique pouvoir soumettre des articles. Moi je suis en possession d’un certain nombre de publications. J’ai des articles sur les myxosporidies, les nématodes, dans le domaine de l’entomologie, en écologie, notamment l’alimentation de poissons. Et j’ai eu aussi des collaborations avec des partenaires avec qui nous avons fait un certain nombre de publications.

SCI : Qui dit publication, parle d’ouvrages de publications est-ce que on peut avoir deux ou trois ouvrages ou des liens dans lesquels vous avez fait  des publications ?

Pr. Gustave KABRE : Personnellement j’ai pu faire des publications dans un journal que l’on appelle « Parasitologie ». Où j’ai pu faire quelques publications assez intéressantes. Il y’a chez les poissons des parasites qui sont assez nombreux. Il y’a particulièrement un premier groupe sur lequel j’ai pu publier. C’est sur les myxosporidies. C’est lui le plus beau que j’adore, ce thelohannelus  bicornéi qui a une forme de myxosporidie que l’on trouve au niveau des branchies des poissons,qui a une charge importante,qui peut provoquer des gènes respiratoires avec toutes les conséquences pouvant entrainer la mort. J’ai également fait une belle publication qui m’intéresse, c’est la première myxosporidie décrite au Burkina, en tout cas dans la sous-région que j’avais d’ailleurs appelé myxobolux Burkinéi. Il  y’en a d’autres Comoéi que j’avais trouvé dans la Comoé. Mais il y’a particulièrement un nématode, c’est le groupe des ascaris, un nématode très original que j’ai pu mettre en évidence sur des poissons polypteridae que j’avais nommé Camallanus polypteri et je l’ai vu chez un poisson que l’on appelle polypteridae senegalensis et j’ai gardé ce nom d’un poisson assez original que l’on trouve chez nous. Si vous allez taper aussi sur le net avec mon nom vous pourrez trouver des possibilités d’avoir ces articles.

SCI : Nous vous savons ex Président de l’Université de Ouagadougou, quelle a  été votre parcours professionnel ?

Pr. Gustave KABRE : Mon parcours professionnel n’était pas un long fleuve tranquille mais quand même j’ai pu au cours de ce parcours, j’avais été recruté depuis 1983 comme Assistant, j’ai pu après dès lors que j’avais ma  thèse de Doctorat d’Etat, passé Maitre de Conférence, puis Professeur Titulaire. Donc voilà un peu sur le plan  de mon parcours professionnel.

Au plan administratif, j’ai pu grâce à la volonté, à la confiance de mes collègues, de la hiérarchie, occuper différentes fonctions, peut être j’ai eu la chance que beaucoup n’ont pas eu, d’occuper tous les échelons. J’ai été Chef de Département, Département de Biologie et Physiologie Animale, j’ai été Directeur des Etudes de l’Institut des Sciences de la Nature (ISN), j’ai également eu la chance grâce à la volonté de mes collègues d’être Vice Doyen aux Affaires Académiques de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Ouagadougou et à l’issue de cela j’ai pu être aussi Directeur des premières UFR qu’on avait créées. J’étais le premier Directeur de l’UFR SVT (sciences de la vie et de la terre) et après cela j’ai occupé le poste de Vice-Président de l’Université de Ouagadougou pendant un temps relativement long et à l’issue de cela j’ai été nommé Président de l’Université de Ouagadougou. Grace à la hiérarchie j’ai été nommé Conseiller Technique du Ministre des Enseignements Secondaire et Supérieur.

SCI : Vous parlez du poste de Conseiller Technique du Ministre en charge de l’Enseignement Seconcdaire et Supérieur. Avec ce poste, comment vous envisagez votre carrière d’universitaire?

Pr. Gustave KABRE : On ne peut pas parler en réalité  de carrière universitaire ici. Il ne s’est jamais  arrêté puisque je continue de faire les cours, l’enseignement, l’encadrement des étudiants et j’essaie d’accompagner les jeunes Assistants pour que, eux aussi puissent évoluer dans leur carrière, passer leurs grades universitaires, également assurer la relève. Vous voyez que je suis déjà Conseiller, on n’a pas dit que je suis loin de l’université, mais il faut marcher  quelques kilomètres avant d’arriver. Ma carrière continue puisque j’encadre les étudiants, je fais mes voyages, je  continue de participer aux différents jurys de thèse dans les universités donc y’a aucun problème.

SCI : Ça en ai fini pour la première partie de notre interview sur votre personne, la deuxième partie va concerner l’enseignement supérieur puisque vous êtes conseiller du Ministre. Qu’apporte un Conseiller Technique à un ministre ?

Pr. Gustave KABRE : C’est une très belle question. Vous savez un Ministre a beaucoup de domaines dans lesquels il brasse et il a toujours besoin d’avoir à côté de lui quelqu’un qu’on pourra dire « aide à la décision ». Il peut avoir une position sur une question, il veut chercher à savoir si vraiment il est sur la bonne voie. Est-ce qu’il faut des précisions, et peut être qu’il l’ignore il peut dire voilà  je vais demander à mon conseiller technique qui va pouvoir me donner son point de vue, un éclairage pour moi, pour que je décide. Donc je crois qu’un conseiller technique, d’ailleurs aide vraiment Monsieur le Ministre sans aucun problème. Donc il assure l’étude et la synthèse d’un certain nombre de dossiers qui lui sont confiés.

SCI : Comment devient-on conseiller technique ? Y’a-t-il un critère particulier de choix ?

Pr. Gustave KABRE : Je crois que le premier critère pour devenir conseiller technique, c’est le conseiller quand même du Ministre, je crois qu’il y’a un décret, il est nommé en Conseil des Ministres par le décret 10-66 de 2013 qui définit bien sa fonction. Généralement un Conseiller Technique est choisi pour sa compétence Technique sur des questions précises et également sur son expérience personnelle. Ce sont les deux éléments importants. Bien sûr il faut qu’il soit proposé par le Ministre. Il faut que le Ministre trouve en lui celui-là qui peut l’accompagner, lui donner certains éclaircissements ou le représenter.

SCI : Professeur pouvez-vous nous dire en tant que Conseiller technique du Ministre, comment se porte l’enseignement supérieur au Burkina Faso?

Pr. Gustave KABRE : Qu’on soit dehors ou dedans on voit que l’enseignement supérieur  a quelques difficultés et il ne faut pas les nier. Mais je pense qu’en dépit de tout cela, l’enseignement supérieur au Burkina a une assez bonne image. Beaucoup d’universités connaissent des difficultés. Il y’a des difficultés et il ne faut pas le nier mais il y’a que, en dépit de tout ça, il y’a quelques éléments de performance qui sont là, qu’il faut apprécier. Je crois que l’enseignement supérieur, le ministère ici est composé de deux ensembles. Il y’a l’enseignement supérieur privé et comme son nom l’indique, ce sont des opérateurs privés qui ne sont pas avides seulement d’argent, qui prennent des initiatives pour construire des infrastructures capables d’héberger ce type d’enseignement supérieur. Egalement il y’a l’enseignement supérieur public avec les universités et autres. Donc il y’a des difficultés, mais ça va. Ce n’est pas le drame. On connait des difficultés, on peut les citer. Dans les universités on a les problèmes de déroulement des années universitaires et nous nous attachons justement autour du ministre et des Présidents d’universités à sortir de ça. . On essaie d’identifier quels sont les éléments qui sont véritablement   la source de ces difficultés et puis essayer de les résoudre. Il y’a bien sûr des problèmes avec les  enseignants, des problèmes infrastructurels, les problèmes avec les étudiants, le personnel administratif, les conditions de travail pour ne citer que ceux-là. C’est parfois des difficultés, mais je crois que l’Etat essaie d’accompagner pour que nous puissions en sortir. Que ce soit sur le plan des infrastructures, des effectifs pléthoriques, des enseignants qui manquent parce que la relève n’est pas forcement assurée partout, donc il y’a un cocktail, mais je crois que c’est un cocktail qui est contrôlé pour le moment

SCI : Donc on peut dire que l’enseignement supérieur est sous contrôle au Burkina Faso ?

Pr. Gustave KABRE : Je pense que quand même,  les acteurs ont conscience qu’ils sont dans des difficultés mais c’est comme un avion qui vole. Si un moment il on tombe dans des trous d’air, on peut nécessairement avoir quelques difficultés, mais il faut qu’on s‘en sorte quoi.

SCI : Dans la même optique, quelle est votre approche du système LMD dans le contexte burkinabé ?

Pr. Gustave KABRE : Je crois que la question du LMD est aujourd’hui une question vraiment importante. Vous savez que aujourd’hui, le LMD, c’est un référentiel international ; c’est ce système qui a cours un peu partout et je m’imagine personnellement en tant qu’enseignant, je pense qu’il faut que nous puissions demeurer dans le système LMD. Il y’a des difficultés d’application du LMD. Des difficultés, je crois qu’il faut débattre, échanger, discuter avec tous les acteurs en présence, que ce soit le gouvernement, les enseignants, les étudiants pour que l’on puisse résoudre un tant soit peu un certain nombre de freins qui font que son application rencontre des difficultés. Mais l’idée de quitter le LMD, personnellement je ne pense pas, parce que nous ne pouvons pas être isolé(…) .Je pense que le but est quand j’étais déjà Vice-Président  de maintenir nos formations dans des séries uniques, de ne pas s’isoler,

Nos formations, les enseignants ont besoin de sortir, les étudiants ont besoin de sortir, le monde est devenu un petit village, un village planétaire, je pense que les référentiels qui ont cours, il faut nous les approprier. Surement qu’il faut probablement les affecter, les adopter, les adapter avec une touche burkinabé, sans changer l’architecture. La semestrialisation des cours, des enseignements, il faut que l’on puisse retenir les UE, les crédits qui sont là, il faut pouvoir les retenir, mais les modes d’évaluation, ça c’est nous qui gérons. Comme le disait l’un des Président, pour ne pas citer le Président de l’Université de Bobo, la majeur partie des problèmes, environ 90% des problèmes sont liés à la question des évaluations. On peut discuter, l’administration des enseignements on peut les discuter et il y’a aussi qu’on peut les adapter tout en respectant l’architecture et nous sommes dans le LMD. Donc voilà. Si vous prenez l’exemple de la France, quand elle devait rentrer dans le LMD, combien de mois de grève il y’a eu. C’était interminable. Mais à la fin, les acteurs ont trouvé un terrain d’entente. Ils se sont adaptés, ils se sont appropriés le LMD et ils sont  dans le système LMD. J’ai envie de dire, si la mère a été obligée de se convertir, on ne peut pas dire que les enfants suivront mais c’est tout comme. Donc nous aussi, nous pouvons faire l’effort de faire ça.

SCI : De votre carrière d’universitaire, vous dites que vous encadrez aussi les jeunes Assistants, quelle est dans ce cadre la politique du gouvernement afin qu’il ait assez de Doctorants et d’étudiants qui soutiennent et que la relève soit assurée de façon conséquente ?

Pr. Gustave KABRE : Je pense qu’il n’y  a pas de secret, il faut la formation. La formation a un coût. Il faut aller dans ce sens de former des étudiants pour qu’ils puissent embrasser des formations de haut niveau  pour pouvoir assurer la relève. Je crois qu’il faut déjà favoriser l’accès. Vous savez, les formations d’enseignement supérieur à ce niveau sont un peu contingentées. Mais en réalité l’idée qui est derrière, ce n’est pas parce que on a décidé d’ouvrir qu’il faut prendre n’importe quoi. Il faut assurer la qualité parce que la relève, on doit la faire avec une relève de qualité. Et le troisième point, bien sûr qu’il faut des appuis. Il faut des bourses, il faut du soutien pour permettre aux étudiants de faire tranquillement « leurs formations». Je crois également qu’au Burkina, pour assurer cette relève, il y’a une stratégie de recrutement des ATR (Attachés Temporaires d’Enseignement et de Recherche). Ce sont des gens qui sont titulaires du DEA ou du Master 2, qui sont inscrits en Thèse, mais qui sont également recrutés. Le jeu c’est de pouvoir accompagner ces personnes tout en participant à l’enseignement, aux TD, les travaux pratiques. Ils continuent de préparer leur Thèse et on pense que rapidement, comme ils ont un soutien financier, ils pourront soutenir. Bien sûr si on en met dix (10) qui vont se battre pour soutenir, on n’est pas suffisamment naïf pour ne pas comprendre que les dix (10) ne vont pas rester. Il y aura des déperditions. Mais quand même l’Etat met suffisamment l’effort sur cette question de la relève, que substantiellement l’Etat met une centaine de bourses en création, chaque année de recrutement.  Bien sûr on n’a pas dit de recruter n’importe quoi. Il y’a plus d’une centaine de postes qui sont disponibles et sur lesquels on peut recruter. Mais en veillant quand même à s’inscrire dans l’excellence et dans la qualité. Je crois également que pour assurer cette formation, il y’a l’incontournable coopération. On ne peut pas aller imaginer que nous pourrions préparer tout ici. Il y’a la coopération, qu’elle soit sous régionale avec les autres universités, ou avec les partenaires du nord, il y’en a qui sont inscrits en  « sandwich », c’est-à-dire ils prennent une partie de l’année ils s’inscrivent peut être dans une université ici, ensuite ils vont travailler un peu, puis ils reviennent, c’est comme de l’alternance. Donc ils font cela et moi je pense que c’est d’un apport certain. Maintenant, il y’a comme vous l’avez très bien  dit, il faut que les étudiants soutiennent. Et vous savez très bien  à l’Université de Ouagadougou il y’a parfois des étudiants qui sont inscrits depuis et qui n’arrivent pas à soutenir et on sait lequel est le problème, on connait un peu. il   y’a des raisons liées aux moyens, des raisons liées aux étudiants, leur disponibilité, parce que s’ils n’ont pas d’argent, s’ils n’ont pas un soutien en terme de bourses, ils vont aller chercher l’argent ; peut-être que cela va diminuer leur efficacité et leur efficience surement au poste. Donc là également, il faut aider les étudiants. Vous savez que le LMD c’est le trois, cinq, huit. Donc après les trois, cinq ans, il faut qu’en trois ans l’étudiant puisse soutenir. Je crois qu’il y’a des pressions, des challenges pour faire en sorte que les étudiants puissent sortir au bout de trois (03) ans. Je crois qu’ il y’a des textes à l’université, on peut éventuellement au niveau des écoles doctorales mettre quatre (04) ans. Mais c’est la situation effective à l’Université donc on veut que les étudiants sortent. Il faut aussi appuyer les étudiants mais il faut appuyer aussi les enseignants parce que c’est eux qui lisent les rapports à mi-parcours. Il faut aussi la disponibilité des uns et des autres pour que les étudiants puissent soutenir. Je crois que l’administration est consciente de ça. Il y’a des dispositions en termes de textes règlementant un peu les séjours des étudiants pour qu’ils ne soient pas là pendant trop longtemps.

SCI : On aimerait savoir quel est le rôle des deux Ministères dans le domaine de la recherche au Burkina Faso, vu que ce sont quasiment les mêmes enseignants chercheurs qui sont au niveau du MESS par exemple  à l’université et au niveau de la recherche ?

Pr. Gustave KABRE : A ce niveau, on peut faire toutes les critiques que l’on veut, le fait d’avoir un Ministre des Enseignements supérieurs et un Ministre de la Recherche à part, ça peut être critiqué. On peut cependant faire des efforts pour chercher est ce qu’il y’a des points positifs. Le Burkina a financé très tôt la recherche et ma conviction, c’est que le fait de créer un Ministère à part pour la recherche, fait qu’on est obligé de leur prévoir un budget  à part  et pour eux et pour la recherche. Bien sûr sur le terrain, ce sont  les mêmes acteurs qui travaillent ensemble. Moi j’ai des collègues de la recherche qui encadrent les étudiants avec moi. Je ne vais pas les nommer. Prenez le Ministre de l’enseignement, de la recherche, nous encadrons les étudiants ensemble ; Sur la  schistosomiase, sur bilharziose. Dans tous les secteurs il y’a des rapports très serrés entre ces enseignants. Je crois qu’ils travaillent ensemble et de tous les temps je les ai vus à côté de nous et nous à côté d’eux pour l’encadrement des étudiants et ça se passe très bien.

SCI : Pouvons-nous brièvement parler de votre domaine de prédilection en tant que chercheur ? 

Pr. Gustave KABRE : Je voulais dire que la recherche est quand même extrêmement importante, elle permet de connaitre beaucoup de choses. Elle permet d’abord de connaitre ce qui se trouve autour de nous, notre environnement. Dans mon domaine par exemple, on essaie de connaitre la biodiversité, la diversité biologique. Cela est extrêmement important pour la recherche et la recherche également cherche à donner des réponses à des problèmes. Je crois que si vous prenez nos collègues qui font de la recherche développement, l’IRST, l’INERA, également même dans les universités, il y’a parfois des activités qui visent à trouver des solutions à des problèmes. Actuellement nous sommes en train de parler du FACA qui est cette molécule assez intéressante dans le traitement de la drépanocytose et nous avons la mise au point d’un nutriment assez spécial pour les nourrissons. Je pense que le Ministre en parlera lors des journées de lutte contre la malnutrition à Pô. Moi j’ai des collègues par exemple qui travaillent sur les champignons dont la connaissance de la biodiversité en champignons et voir s’il y’a des champignons qui pourraient être comestibles. Et je sais que il y’a beaucoup de champignons qui sont comestibles. Il y’a suivant les cultures, les habitudes alimentaires, culturelles fortes qui font mais je crois qu’on peut avancer. On peut manger les chenilles, on peut manger les éphémères aussi. Vers l’ouest, les chenilles et chez nous les éphémères, quand on va chercher ces malheureux qui sortent  après les pluies matinales au niveau des termitières, on ne sait pas que c’est des stades différents. La chenille de l’autre côté aussi, c’est la même chose ; d’un arthropode. Voyez-vous, la recherche est vraiment importante pour le développement quand même d’un pays.

Vous m’avez demandé par rapport à ma spécialité ; moi j’ai fait de la biologie animale et ma spécialité comme l’indique ma Thèse, c’est une spécialité en parasitologie. Et vous savez  bien, les parasites de façon générale ce sont  des organismes qui vivent  sur d’autres organismes  au dépend  desquels ils  se nourrissent et se développent. Généralement, ils sont gentils, on ne les tue pas. Mais il peut arriver qu’à cause de leur activité ils tuent l’autre, mais généralement ils sont gentils avec l’autre. Donc moi, je suis parasitologue et c’est mon domaine. Je m’intéresse particulièrement aux parasites des poissons dans une optique d’élevage. Vous savez, quand vous prenez des poissons, ils peuvent être parasités, mais si c’est dans de grands lacs, il y’a souvent moins de problèmes.  Mais quand vous les mettez dans des espaces confinés, dans des espaces où vous faites de l’élevage, surtout les parasites qui ont des cycles courts, ils passent d’un individu à un autre et ça peut être la catastrophe pour un élevage. D’où la nécessité de pouvoir savoir et connaitre les pathogènes qui sont circulants. Que ce soit des bactéries, des virus, des parasites biens organisés comme les protozoaires…les amis protozoaires qui nous embêtent  et les plasmodiums aussi, protozoaires qui nous donnent le palu, on a envie de les connaitre. Donc moi je suis parasitologue de profil.

SCI : En tant que chercheur aussi nous savons que les publications ont une grande importance pour vous, quelles sont celles qui vous ont le plus marquées ?

Pr. Gustave KABRE : Moi, je me suis intéressé particulièrement au niveau de ma Thèse de 3ème cycle à des parasites du groupe des myxosporidies.  Qui sont excessivement intéressants sur le plan parasitaire parce que, ils font du bien. Mais de les connaitre. Les myxosporidies sont des organismes qui sont souvent très bien rencontrés, les myxosporidium et autres, chez des malades par exemple les sidéens en phase terminale, on peut trouver quand même beaucoup de myxosporidies. Moi j’avais travaillé ce thelohania contejeani  qui était chez les écrevisses, les crevettes(…) pour ne  citer ces éléments qui sont capables d’hydrauliser le muscle abdominal. Or c’est ça que nous mangeons. Et le parasite, lui il hydraulise. Ce que moi j’ai trouvé, qui était assez intéressant, je vous avais parlé de quelques myxosporidies notamment les myxobulus, j’en ai trouvé un certain nombre ; myxobolus burkinei, comoei. Nous avons trouvé d’autres formes, nous avons trouvé des groupes comme les henneguya ; ce sont des myxosporidies assez spéciaux, nous en avons décrit dans la région du Sourou. henneguya est extrêmement intéressant.  Je l’avais nommé Di parce que je l’ai trouvé dans le barrage de Di. Je l’avais appelé henneguya dini. Parce qu’il était très beau  et j’ai également trouvé un certain nombre de thelohannelus, ce sont des myxosporidies assez spéciaux, dont justement le fameux thelohannelus  biconei qui est assez exceptionnel. Donc quand vous le verrez, vous allez tomber amoureux de ce parasite. Mais également il y’a un certain nombre de nématodes  comme je le disais qui sont par exemple camallanus polypteri  que je vous disais être rencontré chez polipteridae bichir ou polipteridae senegalensis.

Au-delà de ça avec mes étudiants, il y’a un certain nombre de travaux très intéressants  qui ont été fait par exemple. Vous savez qu’aujourd’hui quand nous utilisons un certain nombre d’insecticides, à force de les utiliser y’a certains insecticides qui ressemblent à du bon parfum parce qu’ils se sont adaptés, ils ont fait de la résistance.  Donc j’ai quand même des étudiants qui ont travaillé beaucoup sur les questions de résistance au niveau du paludisme et Madame Gnemé  a beaucoup travaillé sur ça.  Et surtout elle a mis en évidence un anophèle original qu’elle a d’ailleurs nommée anopheles koumbri. Elle a trouvé une nouvelle espèce qu’elle a publiée dans l’une des plus grandes publications au monde et je suis sûr que ça a fait tache d’huile. Il y’a aussi des publications que nous avons faites  avec des collègues, je pense au  Professeur Jacques Simporé sur les pathogènes, les parasites qui sont rencontrés chez les sidéens, notamment les enfants, les petits enfants pédiatriques de St Camille. Moi je m’intéressais bien sûr au côté  parasitaires où on a pu mettre en évidence des trichomonases, un certain nombre de choses. Bien sûr eux ils ont mis en évidence des bactéries et autres mais c’est assez intéressant. Comme on travaille aussi  sur les poissons, on a un de nos travaux également pour savoir quelles sont les alimentations des poissons ; suivre des poissons pour comprendre cela. Mais il y’a beaucoup de choses intéressantes. Mais je reste persuadé que mon myxobulus burkinei et comoei parceque c’est les premières, on n’en a jamais décrit ailleurs.  C’était la première fois qu’on les mettait en évidence donc c’est assez intéressant.

SCI : Ça m’emmène à poser la question de savoir bien que c’est évident, l’importance effectivement d’une publication dans la vie d’un chercheur. De façon concrète qu’est-ce qu’une publication apporte à un chercheur ?

Pr. Gustave KABRE : Une publication pour un chercheur est extrêmement importante. Nous l’utilisons déjà pour notre carrière. Je n’aurai jamais été Professeur titulaire si je n’avais pas fait de publication. A chaque étape, je dois publier. Pour passer Maitre-Assistant il  faut que je fasse au moins deux publications. J’en avais fait trois. Pour passer Maître de conférences, il en faut au moins deux. J’en ai fait une dizaine. Et pour passer Professeur titulaire il y’a également un certain nombre de publications qui sont là. Comme c’est des  propos à l’unanimité, il ne s’agit pas d’y aller  avec deux publications rikiki, il faut mettre le paquet  et la qualité de journaux dans lesquels vous publiez compte. Si vous publiez dans un journal de bas quartier, ça ne marche pas ; on ne va pas prendre ça en compte. Donc déjà pour la carrière et puis aussi pour la reconnaissance, puis la contribution à la connaissance mondiale. Je crois qu’on a aussi des efforts et des devoirs de faire avancer la science. Et c’est comme un arbre qu’on coupe et chacun doit couper un petit morceau et à force, va finir par dessoucher  le pieds et donc cela est important. Et aussi pour le pays ; je crois que c’est le pays qui investit. Et également pour  les applications. Donc la carrière de l’intéressé, son étude, son pays  et également la connaissance. C’est extrêmement important.

SCI : On savait que si la recherche ne contribuait pas au développement d’un pays, on n’allait pas en parler. Dans le cas du Burkina, qu’est-ce que l’on peut dire de l’apport de la recherche au développement ?

Pr. Gustave KABRE : Je crois véritablement que, nous venons de parler de FACA, des nutriments. La recherche est extrêmement importante et donne des réponses à des secteurs précis ; que ce soit de la santé. Je crois qu’également pour pouvoir suivre les pathogènes qui circulent, il faut que des gens travaillent. Que des chercheurs travaillent pour proposer des posologies. Il faut que les gens travaillent à cela.  Donc dans le domaine de la santé, cela est extrêmement important. Sur le plan agricole, vous savez, le Burkina a une nouvelle conquête : ce sont les cultures de contre saison.  C’est le fruit de la recherche. Parce qu’il faut sélectionné des espèces qui sont adaptées, c’est-à-dire qui sont capables de supporter les conditions bioclimatiques de chez nous. Et c’est extrêmement important, les nouvelles culturales, les méthodes culturales, le zaï et autres pour vraiment augmenter la production. Sur le plan de la pêche et de la pisciculture personnellement je travaille dans le domaine puisque je m’intéresse aux pathogènes liées aux poissons, mais l’élevage du poisson s’est beaucoup amélioré. Il y’a un poisson assez particulier  qui s’appelle heterotis  niloticus qui a été introduit au Burkina et il fallait quand même maitriser la production. Il faut dire nous n’achetons pas les alevins ; on les a produit ici et on les a déversé dans les grands plans d’eaux et puis ils ont grandi. Bien sûr que les introductions en tant que biologiste sont extrêmement  compliquées, complexes avec des conséquences terribles.  Parce que si vous emmenez une nouvelle espèce dans un espace, il peut se révéler être un bon carnivore, un compétiteur. Parce que vous savez que tout même dans ce milieu, c’est la nourriture ; tout le monde, c’est la compétition vers la nourriture.  Il faut là pouvoir les intégrer. Mais quand même il y’a les espèces, il y’a les élevages, il y’a l’amélioration d’un certain nombre de pathogènes, de poissons qui sont couramment consommés au Burkina. On les connait ce sont les clarias, c’est-à-dire ce que les gens ne mangent pas à Bobo (les silures), vous avez tous les autres poissons comme les tilapias de façon générale, les carpes et autres, les sinodontis, ce sont de bons poissons. Que ce soient vos poissons hélicoptères que vous aimez bien, des hétérotis qui sont là ou bien les capitaines. Les lates niloticus qui sont très  difficiles à élever, mais très bon à manger.  Il y’a d’autres poissons assez spéciales ;  poisson cheval et autres. Dans le domaine de la pêche, il y’a ça, il y’a les crevettes, la pisciculture, l’aquaculture et de façon générale, on avait parlé des crevettes que l’on trouvait vers Koubri. Où vous aimez allez acheter des crevettes pour manger en dehors de celles qui sont importées. Egalement la recherche économique parce qu’on ne se rend pas compte de cela. Qu’  il y’a beaucoup de personnes qui travaillent pour proposer des modèles économiques qui sont beaucoup plus intéressants pour notre économie. La manière d’investir ; les gens ne le font pas au hasard, il faut que des gens trouvent des modèles pour pouvoir expérimenter.

Imaginez quelqu’un qui fait de l’environnement, vous ne pouvez pas imaginer qu’il n’y a pas du droit de l’environnement. On ne peut pas produire n’importe quoi. Tout est vraiment encadré, même les aspects juridiques. On avait parlé de l’éthique en biologie, vous ne pouvez pas aujourd’hui  faire de la reproduction entre certaines espèces. Par exemple l’homme avec d’autres organismes. C’est joli à faire, mais c’est strictement interdit. Il faut les encadrer. Même moi j’ai vu aujourd’hui que c’était très intéressant, les mathématiques au service de la biologie où j’ai des collègues ; je connais le Pr OUARO qui est le Président de l’université Ouaga II qui travaille sur des modélisations, sur la schistosomiase. Je ne l’avais pas dit, également, nous on travaillait sur la schisto , la bilharziose, schistosoma haematobium. Et puis tous les haematobium, les Schistosomatidae qu’il y’a  les intercalatum , japonicum, mekongi, mansoni, tout ça.  Ou travaille sur ça et on cherche à trouver un modèle pour montrer comment ils arrivent, comment ils vivent etc.  C’est extrêmement important parce que selon ce type de modélisation, on sait comment le pathogène circule. On peut aussi fabriquer des produits contre ces éléments à des moments bien précis de leur développement. C’est comme aujourd’hui les molécules qu’on utilise contre le palu. Il y’a des molécules qui s’attaquent à différentes étapes. Aujourd’hui on fait des molécules qui sont intégrées, qui permettent d’être efficaces dans le traitement. Parce que tous ne sont pas dans le sang, il y’en a qui sont se trouvent chez l’insecte.    Il faut vraiment mesurer tout ça. Donc également vous voyez même les mathématiques, en termes de recherche, c’est important pour le développement tout court. Je ne parle pas des applications. Vous voyez, nous créons beaucoup d’écoles professionnelles : apprendre aux gens à tourner une pièce, ou de donner une forme que l’on veut pour la mettre dans un appareil, c’est extrêmement important.  Il y’a tous les gars qui font de l’informatique, tous les gars qui font de l’électronique, aujourd’hui il y’a les algorithmes qu’i faut maitriser pour pouvoir proposer beaucoup d’autres choses. Je crois que la recherche est extrêmement importante pour le développement et pour tous les secteurs de développement ; que ce soit dans le développement agricole, économie, pêche, droit, écologie, l’environnement tout court. Avant quand on arrivait quelque part, on voulait installer une usine on coupe tout, on rase tout, on cherche même une charrette on arrache même les racines pour être sûr qu’ils ne vont jamais ressusciter. Aujourd’hui on essaie de voir comment on peut faire des études d’impacts pour pouvoir voir, et puis il y’a quand même du droit dedans. Nous avons une humanité, nous devons la conserver  déjà pour nous  et pour l’avenir. Et même tout cet aspect de la gestion durable des écosystèmes c’est nous qui devons gérer. Si vous voyez la faune de Nazinga, ou bien Arly, ou bien dans le grand nord avec tous ces animaux qu’il y’a, on aurait pu décréter un jour qu’on va les tuer entièrement, puis on les mange un jour ; il y’a Ebola maintenant qui fait peur. Mais c’est sûr qu’on ne peut  pas laisser faire comme ça, il faut que nous gardions quelque chose pour l’avenir.  Donc la recherche, c’est vraiment le développement tout court.

SCI : Quels liens existent entre les chercheurs burkinabés et ceux du reste du monde ?

Pr. Gustave KABRE : Vous savez, aujourd’hui, la recherche confinée, ça ne marche pas. Vous avez aujourd’hui de grosses équipes qui travaillent de façon intégrée, des équipes du nord, avec des équipes du sud ; des équipes du sud sud. Par exemple moi j’ai un programme que j’exécute en commun avec mon collègue Philippe LALEYE de l’université  d’Abomey-Calavi au Benin. Et nous avons des formations communes, qui font que nos étudiants peuvent aller faire des cours là bas, faire le terrain ici et puis on a prévu les périodes de soutenance. Donc vraiment il y’a la coopération internationale en matière de recherche. Voyez-vous les questions d’encadrement, vous pouvez être dans un pays, vous voulez faire de la formation dans l’enseignement supérieur, vous n’avez pas les enseignants pour l’encadrement parce qu’il faut qu’ils soient de rang A. vous ne pouvez pas dire à un Maître Assistant d’encadrer un Maître Assistant qui lui encadre un autre Maître Assistant.  Vraiment on tourne dans le beurre quoi, on ne quitte pas quoi. Donc vous pouvez faire appel à d’autres chercheurs des pays voisins. Ou bien vous envoyez des enseignants burkinabés faire des cours ailleurs et eux aussi viennent faire des cours ici.  Ils ont des thèmes de recherche qui sont communs sur des problématiques qui sont communes. Je pense que, en matière de recherche, c’est l’ouverture absolue et moi je pense que les chercheurs isolés ça ne sert plus. Les thématiques sont pluridisciplinaires parce que quand vous prenez un problème, il a plusieurs facettes et on peut constituer une équipe, et chacun résout une des facettes et à la fin le problème est résolu de façon holistique, on ne peut pas faire de petits morceaux. Donc vraiment la recherche est importante. De plus en plus, les gens sont ouverts, ils savent travailler à l’intérieur ensemble, avec la sous-région  et sûrement avec l’extérieur.  Si vous prenez l’histoire du FACA, vous verrez qu’il y’a des Belges dedans, des étudiants qui ont fait des séjours en Belgique pour travailler et avant de venir avec les Pr GUISSOU et autres. Donc c’est pour vous dire que la recherche, elle est vraiment ouverte.  Moi je connais des chercheurs en géologie à Clermont-Ferrand qui travaillent en réseau.  Et c’est comme ça qu’ils peuvent résoudre les problèmes. Ils ne peuvent pas prendre 1 000 F donner à Ouagadougou, on travaille, ensuite on prend 1 000 F on donne à ceux d’Abidjan. On essaie de faire de choses qui sont relativement intégrées.  Donc vraiment on travaille en synergie avec les universités, les centres de recherche, les écoles spécialisées comme les 2ie par exemple. Moi, j’ai une étudiante qui est inscrite à 2ie, Mme PODA, nous travaillons sur l’impact des eaux rejetées. Vous voyez quand les gens vont aux toilettes, ils se lavent, ils produisent de l’eau, on la traite et l’eau qui est traitée est reversée dans la nature. Cette eau est utilisée par exemple pour du maraîchage. Il faut donner des réponses. Cette eau qu’on utilise est ce qu’elle a une qualité suffisante pour conduire sans problème par exemple des maraîchages.  Quand vous connaissez certains ascaris qui ont des œufs qui peuvent rester trois ans dans le sol, vous avez intérêt à réfléchir. Voici les traitements donc, vous voyez, il y’a des travaux pour ça, qui sont assez intéressants. Vous voyez les 2ie c’est plusieurs pays, j’ai des étudiants qui sont au Niger, des étudiants qui sont au Mali, j’ai une étudiante  qui travaillent sur les pathologies de poissons  en Guinée. Donc c’est vraiment intéressant, on n’est pas fermé. On travaille entre Professeurs, entre équipes diverses. C’est mon cas et c’est le cas de tous les enseignants. C’est sûr qu’ils ne veulent pas travailler dans un petit coin.  Donc la recherche, c’est vraiment assez large.

SCI : A vous entendre on constate que vous êtes un chercheur qui a cherché, qui a trouvé et qui continue de chercher. Ça nous ramène à savoir est ce que vous partagez totalement ou en partie, l’avis selon lequel  en Afrique, les chercheurs qui trouvent on en cherche. Pour dire qu’en Afrique les chercheurs ne font que chercher. Ils n’ont pas encore trouvé ? Et si c’est le cas, pourquoi une telle affirmation ne fait que persister ?

Pr. Gustave KABRE : Vous savez, d’abord l’état des lieux c’est que effectivement, les chercheurs cherchent. Je crois qu’ils trouvent.  Je crois que la création d’un journal comme le vôtre est peut être aussi une réponse à un problème. On ne sait même pas qu’ils trouvent. On ne sait même pas qu’ils trouvent. Ils n’ont aucun passage, des espaces dédiées pour  les thèses,  même s’il y’a les publications,  donner des étapes des travaux intermédiaires qu’ils mènent.  Et je crois que souvent, il y’a déjà ça qui pose problème. Il y’a déjà aussi, la valorisation de la recherche. Les gens trouvent parfois des choses mais ce n’est pas valorisé. On ne sait pas que déjà que ça existe et déjà on a des beaux modèles, mais qui n’ont pas été valorisés, alors que ça il faut valoriser. Et vous voyez, le Burkina  a quoi ? on a du beurre de Karité et si vous voyez tout ce qui on peut  être  fait autour du beurre et que nous ne faisons pas…j’en connais peut être le Pr NACOULMA qui en fait un certain nombre parce qu’elle offre quand même près d’une centaine de différents produits autour du beurre. Entre les Champoing, les pommades, les traitements assez particuliers utilisés en cosmétique, en médecine, dans les traitements. Mais souvent aussi, ils sont utilisés sans qu’on dise aux gens qu’on les utilise. Parce qu’on travaille, mais on ne dit pas aux gens qu’on a trouvé quand même. Et je pense que si vous prenez par exemple la recherche agricole ; aujourd’hui, il y’a un certain nombre de mil, de riz… qui sont proposés. Et tous ces produits qui sont proposés, on n’en parle pas souvent. Voyez-vous, trouver du mil  qui a un cycle qui permette d’accepter, de pouvoir passer une saison de culture de contre saison, parce que c’est une période où il ne pleut pas, l’espace doit être suffisamment résistant à un certain nombre, par exemple il faut qu’il puisse souffrir un peu de sècheresse. Si vous prenez n’importe quelle spéculation,  et vous les mettez en culture de contre saison, vous allez  faire des productions lamentables. Alors que si vous sélectionnez une espèce, et c’est ce que trouvent nos collègues, peut être les Jacob, peut être  les Jérémie  et autres… Si aujourd’hui le Burkina peut proposer  une amélioration dans l’élevage en faisant de l’insémination artificielle en prenant des spermatozoïdes, des ovules d’animaux différents  sur lesquels ils peuvent travailler surtout l’insémination avec des spermatozoïdes qu’on a mis sous azote liquide en moyenne cent cinquante ans et autres et qu’on peut faire une insémination quand une la vache est en chaleur , on sait le faire, on le maitrise.  Il y’a aussi quelque chose aujourd’hui qui est très compliquée, ce sont ces aliments qu’on appelle les OGM. Je crois que techniquement, moi je suis, c’est vrai qu’on n’a pas n’a pas beaucoup de données sur les conséquences de leur utilisation par moment, mais j’ai été ravi de savoir que même si on ne veut pas, il faut que nous puissions maîtriser la technique et la technologie. J’ai regardé hier  des collègues qui formaient  des étudiants pour la mise au point de vaccins. Et je pense que c’est l’université de Bobo devait le faire avec un certain nombre de chercheurs qui sont là, donc c’est bon. Donc je ne suis pas entièrement d’accord avec ce qu’on dit. Je pense qu’ils trouvent  mais les problèmes qu’on a, c’est vraiment la vulgarisation et la valorisation. On ne sait pas, il n’y a pas d’informations, c’est le black-out.  Comme ça c’est la vulgarisation, il faut que l’on informe, il faut que l’on quitte les labos, qu’on rentre dans les journaux et puis on passe dans la pratique dans les usines, dans les chaines de fabrication ; il faut qu’on sache quand même. Donc je ne suis pas d’accord, mais je pense quand même que ça circule toujours, on continue de fabriquer, de produire sans valoriser, sans informer et donc à la limite on ne sait pas. Moi je fais un cours de reproduction. J’ai mon collègue Historien qui dit toujours qu’il est embêté  toujours que moi je pense toujours que ce soit utile de faire de la reproduction. Je lui dis que  c’est extrêmement important. Parce que si je veux améliorer de la production animale, il faut que j’en maîtrise la reproduction et ce sont des universitaires qui le disent. Voyez-vous il faut qu’on puisse avoir des opportunités pour pouvoir publier, pour pouvoir vulgariser, pour pouvoir aussi valoriser. J’ai été content parce que au ministère de la recherche, il y’a une direction chargée de la vulgarisation mais également de la valorisation.  Et je pense que c’est extrêmement important. Si on arrivait à gérer ça bien, on ne dira pas qu’on ne trouve pas.

SCI : Donc à vous entendre effectivement, les chercheurs cherchent et trouvent, le problème qui se pose, c’est le problème de valorisation. Ça nous ramène à vous poser la question de savoir ce que vous Professeur vous pensez du magazine Sciences-Campus-Info qui est un magazine de vulgarisation ?

 Pr. Gustave KABRE : Quand il y’a eu Campus-Info, je pense, qu’il faut toute suite dire que l’initiative est excellente. Ceci manquait, surtout la bonne information scientifique et Sciences-Campus-Info,  on peut le dire vraiment sans se tromper que ça comble vraiment un vide. Voyez-vous, nous quand on fait nos cours d’évolution, à un moment on essaie de suivre l’évolution de quelque chose, on ne trouve pas l’élément de transition et on connait la suite, on dit que il y’a le chaînon manquant. Parce qu’il suffit d’avoir ça pour pouvoir faire notre démonstration.  Alors que là Sciences-Campus-Info vient nous rappeler qu’il manquait quelque chose. Vraiment, c’est un magazine à mon avis, qui va nous aider pour ceux qui veulent pour écrire une information  scientifique, ce n’est pas pour rapporter une histoire, voyez-vous ,  c’est extrêmement important qu’il y’ait des journaux, des magazines spécialisés comme ça , qui peuvent aborder les questions de la recherche , les questions des résultats de la recherche  et c’est en cela moi je pense que si Sciences-Campus-Info n’existait pas, peut-être faudrait-il faire un effort pour en créer. Moi je pense que si on finit, Campus-Info c’est vraiment quelque chose d’extrêmement important.  En tout cas pour les scientifiques. Je pense qu’il faut suffisamment faire assez de bruit pour que  beaucoup sachent que ce journal existe déjà. J’ai vu des éléments qui sortent, qui montrent qu’il est là et je pense qu’il faut que tout le monde sache qu’il est existé . Et je voudrais en tout cas remercier Sciences-Campus-Info et moi personnellement je leur souhaite beaucoup beaucoup de courage et également je pense aux lecteurs qui vont se délecter des lignes que vous allez accoucher sur le page, sur les feuilles blanches, je pense vraiment que c’est une opportunité qu’on ne pouvait pas trouver ailleurs. C’est moi qui vous remercie.

Interview réalisée par Sylvain DA et Eliane BAYALA 

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