Le tatouage fait débat au Maroc

Inscrit dans notre patrimoine traditionnel, le tatouage avait fini par être oublié. Au Maroc, le tatouage est mal vu par la société. D’un point de vue religieux, pas précisément dans le Coran, mais clairement dans de nombreux dires prêtés au Prophète, il est déconseillé voire illicite de modifier son corps, cela pouvant être considéré comme une altération de la création divine.

Simple tendance ornementale ou vraie revendication identitaire? Il s’agit avant tout de ne pas voir tomber dans l’oubli un art que certains, parfois leur propre famille, considèrent aujourd’hui comme haram, un interdit en fait.

Le tatouage fait fureur auprès de la nouvelle génération marocaine. La pratique n’est pourtant toujours pas reconnue par la loi et est mal vue dans la société malgré son ancrage dans la tradition berbère. Même s’ils ne sont pas reconnus par la loi, les salons de tatouage ont fleuri dans les principales villes du pays comme Rabat, Casablanca et Marrakech. Nabil Eddakhiri s’est spécialisé dans l’écriture japonaise. Le trentenaire sait que le chemin est encore long pour faire accepter cet art dans son pays. « On est encore très loin de ce qui se fait en Amérique et en Europe. Il faudra peut-être encore 10 ans pour que le tatouage soit vraiment accepté », assure Nabil Eddakhiri. « J’espère juste que les mentalités vont changer et que le tatouage soit un jour considéré comme un art. Une personne qui se fait tatouer pour la vie accomplit un geste artistique. »

« C’est vrai que la société marocaine rejette encore l’idée du tatouage », explique le sociologue Mustapha Yassine. Il y a plusieurs raisons à cela, dit-il : la religion mais aussi les questions sanitaires et sociales. Pourtant la fréquentation ne cesse d’augmenter dans les salons de tatouage. Et comme il n’y a pas de liberté absolue, les jeunes se font tatouer en cachette et défient en quelque sorte le regard de la société. »

Ahmed Tberr, jeune marocain de 34 ans, s’est pris de passion pour les tatouages. Il en compte près d’une dizaine sur ses jambes, ses bras ou son torse. Chaque tatouage raconte une expérience de sa vie, joyeuse ou douloureuse. Mais comme de nombreux adeptes au Maroc, le jeune homme doit faire face aux remarques et aux regards désapprobateurs.

Source: Allafrica

Fatimata COMPAORE

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