U-SCIENCES: Des stratégies pour lutter contre la mortalité

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Des stratégies pour lutter contre la mortalité

Le domaine de la santé est un domaine très vaste. Les professionnels de la santé œuvrent au quotidien à nous offrir de quoi nous soigner efficacement contre les bactéries qui sans cesse se développent pour mieux nous atteindre. L’espace CEDEAO s’est doté d’une institution qui oriente ses réflexions dans ce sens afin d’assurer notre bien-être. Nous avons effectué une visite au siège de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) où nous nous sommes entretenus avec le Docteur Médessi Yves Armand MONGBO, chargé de la santé de l’enfant, l’adolescent et le jeune.

Docteur Médessi Yves Armand MONGBO
Docteur Médessi Yves Armand MONGBO

N.O: En quoi consiste votre travail ?

Dr M.Y.A : Notre travail ici consiste à accompagner les pays à élaborer et mettre en œuvre leur politique et stratégie en matière d’amélioration de la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, l’adolescent et le jeune. Il regroupe également le département chargé de la mère et du nouveau-né et un département chargé des soins de santé primaires. Nous  avons également la promotion de la médecine traditionnelle au sein de notre département. C’est toute l’équipe qui va en appui aux pays pour les aider à développer leur politique, leurs stratégies en restant toujours dans les normes fixées par l’organisation mondiale de la santé (OMS).

L’OOAS a aussi son plan stratégique sur la période 2016 – 2020, qui est le troisième du genre, et que nous essayons de mettre en œuvre. Ce plan stratégique comporte 13 programmes prioritaires dont celui de la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, de l’adolescent et de la personne âgée.

N.O: Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?               

Dr M.Y.A : Les difficultés que nous rencontrons sont de plusieurs ordres. D’abord l’insuffisance de financement à tous les niveaux. Les chefs d’Etats de la CEDEAO avaient pris un engagement en 2001 à Abuja, qui est d’octroyer 15% de leur budget national à la santé. Mais  actuellement, très peu de pays dans notre espace parmi les 15 pays de la CEDEAO ont pu réaliser cette bonne promesse. Du coup, les programmes de santé peinent à être financés adéquatement. En plus du problème de financement, il y a également l’insuffisance de ressources humaines qualifiées et en nombre. La qualité est insuffisante, le nombre aussi n’est pas à la hauteur des besoins.

N.O: Selon l’OOAS, quelles sont les maladies qui touchent le plus les enfants,  les adolescents et les jeunes ?

Dr M.Y.A : Par rapport à la santé des enfants, les maladies les plus courantes sont le paludisme, la fièvre, les maladies respiratoires aigües dont la pneumonie, les maladies diarrhéiques qui font assez de dégâts compte tenu des conditions d’hygiène et d’assainissement, et également la malnutrition qui fait le lit à ces autres maladies. Il y avait également la rougeole et le VIH/SIDA, mais compte tenu des efforts qui sont déployés pour lutter contre ces deux maladies, on observe une régression.  Il y a aussi des regressions au niveau du paludisme. Mais ces maladies continuent d‘être des causes de morbidité (le fait de tomber malade) et de mortalité (le fait de mourir de la maladie) chez les enfants de 0 à 5 ans.

Pour les adolescents et jeunes, nous venons juste de faire une analyse de la situation dans l’espace CEDEAO et on a vu que dans l’espace, tout comme dans d’autres régions du monde, ce sont les accidents qui sont les causes assez fréquentes de décès chez les jeunes (accidents de voies publiques, blessures suite à des bagarres, chutes…). A côté de cela, il y a des maladies sexuellement transmissibles qui s’observent plus chez les jeunes, particulièrement les jeunes filles qui sont souvent amenées à faire des avortements et le plus souvent dans des conditions non hygiéniques ; les avortements clandestins qui sont causes de mortalité maternelle chez cette tranche d’âge. Des études que nous avons menées, le VIH/SIDA est la première cause de mortalité chez les adolescents et jeunes.

N.O: Quels sont les taux de mortalité des enfants, des jeunes et des adolescents

Dr M.Y.A : Il était retenu qu’entre 1990 et 2015, chaque pays devrait pouvoir avoir réduit le taux de mortalité des enfants de 0 à 5 ans de 2/3, donc de 66%. Cela dépend bien sûr du niveau auquel chaque pays se retrouve. Mais le constat fait en 2015 à montrer que très peu de pays avaient pu atteindre cet objectif qu’on a fixé. Seulement le Cap Vert, le Niger et le Libéria y sont parvenu. Ceci étant, les autres pays ont réalisé beaucoup d’efforts, mais ces derniers n’ont pas été aussi rapide pour leur permettre d’atteindre les 66% de réduction de la mortalité infanto-juvénile.

Au lancement des objectifs du développement durable (ODD), il a été demandé aux pays de travailler à réduire la mortalité infantile à 25 pour 1000 naissances vivantes et à 12 décès sur 1000 naissances vivantes pour les nouveau-nés. Ceci entre dans le cadre des objectifs fixés pour 2030.

N.O: Une appréciation niveau de santé au Burkina Faso ?

Dr M.Y.A : Des efforts ont été faits et sont toujours en cours, mais compte tenu du travail à faire, les objectifs fixés n’ont pas pu être atteints. L’état de santé est préoccupant, mais de jour en jour cela s’améliore, avec les efforts d’investissement qui sont faits. Et c’est le lieu d’encourager les autorités à faire le nécessaire afin que les populations puissent effectivement bénéficier des soins de santé primaires.

Propos recueillis par Nicole OUEDRAOGO pour SCI

 

 

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