Retard de financement des promoteurs de projets sélectionnés pour le PSUT

Retard de financement des promoteurs de projets sélectionnés pour le PSUT

« Les jeunes devraient faire preuve de patience », dixit M. Olivier Sawadogo, coordonnateur du PSUT.

M. Olivier SAWADOGO, Coordonnateur du PSUT
M. Olivier SAWADOGO, Coordonnateur du PSUT

Mis en place depuis mars 2015, le Programme socio-économique de la transition (PSUT) n’a pas encore connu son dénouement. Le 27 avril dernier, les promoteurs de projets sélectionnés avaient manifesté leur mécontentement. La mise à disposition intégrale des ressources financières aux différents fonds pour le financement de leurs projets, la reprise dans les meilleurs délais des procédures de finalisation des accords de prêt, la diligence dans le traitement des dossiers pour une mise en œuvre effective des différents projets avaient constitué les points de réclamer de ces derniers. Pourquoi le PSUT traîne-t-il les pas alors que la transition s’en est allé ? A-t-il le droit de cité d’ailleurs aujourd’hui encore ? Le coordonnateur du PSUT, M. Olivier Sawadogo, que nous avons rencontré le 21 mai 2016, nous donne davantage d’éclaircissements à ce sujet et invite les jeunes à prendre encore leur mal en patience.

Sciences-Campus Infos : Vous êtes le coordonnateur du Programme socio-économique de la transition. Pouvez-vous nous parler un peu de ce programme ?

M. Olivier Sawadogo : Le Programme socio-économique d’urgence de la transition a été mis en place le 16 mars 2015 avec pour objectifs de créer de l’emploi pour les jeunes, de réaliser des infrastructures scolaires, sanitaires et universitaires. Il faut dire qu’il a été dicté par les impératifs du moment. Nous venions de sortir de l’insurrection populaire. Les acteurs de l’époque avaient estimé que, afin de faire baisser la tension, il fallait mettre en place un programme qui donne espoir à notre peuple. C’est à ce titre qu’en fin mars, nous avons été appelé à cette mission avec comme objectif de faire en sorte qu’au plus tard en fin octobre, puisque les élections devaient avoir lieu en octobre, l’on puisse mettre à la disposition des populations des infrastructures sanitaires, scolaires, et accorder des crédits aux jeunes et aux femmes. Voici les objectifs qui nous avaient été assignés et voici également les objectifs du programme.

Sciences-Campus Infos: Aujourd’hui quel est l’état des lieux de ce programme en termes de création d’emploi, de financement des projets des jeunes et femmes ?

M. Olivier Sawadogo : Je crois que vous cherchez à voir le bilan du programme. Comme je vous l’ai dit tantôt, le programme a deux volets. Il y a un volet infrastructure et un volet emploi des jeunes. En ce qui concerne le volet infrastructures, nous devions réaliser soixante-quatorze (74) complexes scolaires. À ce jour, nous avons soixante-trois (63) complexes scolaires qui sont disponibles. Nous devions réaliser cinquante-deux (52) CSPS (Ndlr : Centre de santé et de promotion sociale). À ce jour, nous sommes autour de vingt-sept (27) qui sont réalisés. Le reste est toujours en chantier. Nous avons aussi des endroits où il y a quelques difficultés. En ce qui concerne les jeunes, je crois que la grande difficulté se trouve à ce niveau. Nous devions financer les jeunes à hauteur de sept (07) milliards de FCFA. Au moment où la transition prenait fin, nous n’avions pu mettre que deux (02) milliards à la disposition des structures chargées du financement des jeunes et des femmes. Voilà un peu le bilan que je peux faire.

Sciences-Campus Infos : Tout dernièrement il y a eu justement des grognes sur ce point. Comment comptez-vous combler ce manque-là ?

M. Olivier Sawadogo : Je comprends les jeunes, ils sont sortis, ils sont venus manifester leur mécontentement aussi bien à notre niveau qu’aux supérieurs hiérarchiques. Mais je crois que cela dénote d’une certaine impatience à leur niveau et d’un contexte marqué par la volonté de beaucoup de personnes de s’exprimer de cette manière. Sinon, au lendemain de leur sit-in à Noloko, un peu la veille, le Président du Faso était face à la télévision nationale et a répondu à toutes les questions qui lui avaient été posées et particulièrement ce qui concerne le Programme socio-économique d’urgence de la transition. Le Président du Faso a pris l’engagement de prendre toutes les dispositions pour que les engagements que nous avons pris soient honorés. Mais je crois que les jeunes ont outrepassé et le lendemain, ils étaient dans nos locaux pour manifester. Là encore, nous avons réitéré le message du président du Faso. Cela ne les a pas empêchés de se déporter vers le Premier ministère. Il faut dire que c’est un contexte qui semble se prêter à ces genres de manifestations. Mais je voudrais les rassurer que la préoccupation du gouvernement aujourd’hui c’est l’emploi des jeunes compte tenu du fait que le niveau de chômage est assez élevé. Et les acteurs sont ceux plus que quiconque qui sont informés de la question de l’emploi des jeunes. Je crois que depuis 2011, une étude avait été menée, et pas des moindres, et qui concerne beaucoup de responsables politiques aujourd’hui qui ont effectivement identifié le chômage comme une préoccupation qu’il faut traiter. Si nous lisons également le programme du Président du Faso, nous constatons que l’emploi des jeunes occupe effectivement une place importante. Mais comment faire comprendre à toutes ces personnes qui n’ont pas pu avoir leur argent de patienter, qu’il n’y a pas d’inquiétude ? C’est vrai, la transition a eu beaucoup d’ambitions mais peu de moyens et le programme n’a pas été suffisamment préparé. Lorsque nous avons été invités à traiter le dossier et à publier les résultats, l’instruction qui nous avait été donnée c’est de publier les résultats à hauteur de 7 milliards. Sinon en vérité, le nombre des dossiers que nous avons reçus s’élevait à trente-cinq mille (35 000). Et le coût total, c’est-à-dire le montant qui nous avait été demandé, tournait autour de quarante-neuf (49) milliards. Mais comme on nous avait demandé de sélectionner les dossiers à hauteur de sept (07) milliards, nous nous sommes retrouvé avec trois mille cinq cent deux (3 502) dossiers pour un montant de sept (07) milliards. Malheureusement, la transition s’est achevée sans pouvoir réunir cette somme pour donner aux jeunes. C’est seulement deux (02) milliards que nous avons pu donner aux structures qui doivent accorder les crédits aux jeunes. Le Président du Faso s’est engagé à poursuivre cela dans le cadre de son programme. Et je crois que les jeunes devraient faire preuve de patience. Je pense que le programme du Président ne doit pas se limiter là et ne va pas se limiter à l’examen de trois mille cinq cent deux (3 502). Je crois que ça va aller plus que cela.

Sciences-Campus Infos : Il y a un nouveau pouvoir qui est en place. Le PSUT va-t-il changer de dénomination ou quel est l’avenir de ce programme ?

M. Olivier Sawadogo : Le Programme socio-économique d’urgence de la transition était un programme d’urgence concocté pour la circonstance. C’était dans le souci de donner un espoir au peuple, de permettre une certaine accalmie avant les élections. Il faut dire que c’est un programme qui n’a pas pu se donner suffisamment de temps pour se préparer. Lorsque nous prenions les rênes du programme, le document du programme même se limitait véritablement au décret de mise en place dudit programme. Nous nous sommes employé à écrire le programme pour pouvoir avoir une lisibilité dans sa mise en œuvre. Je crois que si les choses doivent se passer de cette manière, vous comprenez que cela puisse être insuffisant. Mais dans le cadre du programme du Président du Faso, les choses vont être beaucoup plus lisibles, plus complètes. Donc, de ce point de vue, il faut comprendre que le programme de la transition est un programme provisoire et qu’aujourd’hui, nous allons avoir un programme beaucoup plus complet, plus cohérent qui va nous permettre d’avoir une orientation beaucoup plus claire et des résultats beaucoup plus tangibles.

Propos recueillis par Aris SOMDA et Ousmane DRABO

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