Agro business

Agro business et autosuffisance alimentaire au BURKINA FASO

bananeDepuis le début du vingt et unième siècle, avec la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et des cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP), la volonté politique internationale de développer le milieu agricole dans les pays en développement semble réelle. Elle s’est notamment traduite par le rapport sur le développement de 2008 de la Banque mondiale entièrement consacré au rôle spécifique de l’agriculture avec un soutien particulier à l’agro business.

L’agro business joue un rôle important pour l’agriculture africaine. Le développement des agro-industries et de l’agrobusiness participe à doter l’Afrique d’un secteur agricole qui comprendra des chaines de valeur hautement productives et rentables, qui pourront établir un lien efficace entre les petits et moyens producteurs et les marchés. L’agrobusiness est un concept qui prend en compte l’ensemble des opérations impliquées dans la production et la distribution de produits agricoles. En d’autres termes, il concerne des activités qui sont directement ou indirectement liées à la production, à la transformation, au stockage ou à la distribution des produits agricoles.

Le concept d’« agrobusiness » a été introduit au Burkina Faso en 1999 dans un contexte dominé par une agriculture « familiale » qui emploie la majorité de la population.

Au Burkina, sont qualifiés comme agrobusinessmen ceux qui investissent pour créer des agro-entreprises et qui sont exogènes au milieu rural.

Le pays tente de maintenir un taux de croissance élevé et continue ses réformes pour améliorer le climat des affaires, augmenter les investissements directs étrangers et développer son secteur privé.

Dans la réalité, et selon une étude commanditée par le CORAF/WECARD sur l’agro business en Afrique de l’ouest, l’agro business ne concerne que les grandes exploitations détenant du capital et des moyens modernes et se développe à côté de l’agriculture familiale qui utilise des techniques traditionnelles. Derrière ces considérations, l’agro business est associé à une agriculture industrielle et capitaliste. Le partenariat entre la petite agriculture familiale et les grandes exploitations plus modernes représente une opportunité de répondre aux préoccupations en matière de productivité, de compétitivité et aux exigences de standards de qualité requis pour les produits orientés vers le marché international.

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Agro business et petites exploitations

Le clivage souvent retrouvé entre agriculture familiale et agro business provient du fait que l’agriculture familiale est présentée dans la plupart des analyses comme étant associée à une culture extensive, utilisant systématiquement des techniques traditionnelles, reposant sur une absence de professionnalisme, ou encore comme étant caractérisée par une économie de subsistance. Pourtant, il apparaît que des petits producteurs familiaux ont montré leur capacité à accroître de manière significative leur productivité en utilisant des techniques modernes comme la mécanisation (culture attelée, motoculteur, tracteur…), des engrais minéraux, des semences sélectionnées et des méthodes intégrées de lutte contre les ravageurs, la maîtrise des circuits et des réseaux d’irrigation plus ou moins complexes, etc. L’agriculture familiale semble donc inconciliable avec une agriculture moderne et commercialisant les surplus de production.

Le secteur agricole burkinabé et ses perspectives de développement

Avec un taux de croissance 4.8% en 2011, l’économie burkinabé reste encore peu diversifiée et fortement dépendante de deux principaux secteurs : le secteur primaire qui représente 35% du PIB en 2011 (17% pour l’agriculture et 18% pour l’élevage) et le secteur tertiaire (commerce, transport, communication et autres services) qui contribue à hauteur de 38% du PIB. En effet, la structure de l’économie a très peu changé durant la dernière décennie. L’agriculture constitue le principal secteur productif, mais elle demeure encore fortement tributaire des aléas climatiques, ce qui se traduit par une grande variabilité de ses performances d’une année sur l’autre. Surtout, elle occupe à elle seule environ 86 % de la population active et entre à hauteur de 61,5% dans la formation des revenus monétaires des ménages agricoles. Cette part élevée des activités agro-sylvo-pastorales dans l’emploi, mise en parallèle avec la part du secteur primaire dans le PIB, indique la faible productivité du travail dans ce secteur.

Le Burkina Faso depuis quelques années, encourage l’agriculture familiale comme sous composante de l’agrobusiness et s’ouvre la voie  un développement durable avec la mise en place des pôles de croissance.

En effet l’agriculture familiale peut utiliser des techniques relativement modernes et commercialiser les surplus de production. Et suite à la crise alimentaire de 2008, l’Etat, à travers le ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques, de l’assainissement et de la Sécurité alimentaire met chaque année à la disposition des producteurs, des semences, des engrais et des équipements à prix subventionnés afin de booster la production agricole. Au bilan de l’état de la distribution pour la campagne agricole 2014-2015, il est ressorti que 9 000 tonnes de semences de variétés améliorées, 22 345 096 tonnes d’engrais minéraux, 22 992 unités de matériels agricoles et 11 688 animaux de trait ont été mis à la disposition des producteurs. Tout cela a été distribué dans les 13 régions du pays en fonction des besoins exprimés.

L’agrobusiness peut booster effectivement la production agricole, améliorer le revenu des exploitants et conduire  l’autosuffisance si certaines conditions sont réunies

Conditions de développement de l’agro business

Le développement de l’agro business nécessite de tenir compte de l’ensemble des étapes allant de la production à la commercialisation des produits. Les mesures de soutien à l’agrobusiness peuvent concerner les activités de production (en favorisant la mécanisation et la recherche et développement), le stockage des produits (en privilégiant des dispositifs de chaîne du froid et d’entreposage), la transformation ou la vente (avec l’installation de marchés ruraux et de gros).

Les avantages de l’agro business

  • la croissance

De façon générale, un soutien à l’agriculture joue un rôle très fort pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté. La FAO a décrit l’importance de la croissance agricole et rurale pour la réduction de la pauvreté. En effet, pour cette institution, l’expérience nationale des efforts de promotion d’expansion économique et d’atténuation de la pauvreté montre que :

  • la croissance de l’agriculture dans les PED a un impact plus marqué sur l’atténuation de pauvreté que la croissance des autres secteurs ;
  • l’expansion de l’agriculture atténue la pauvreté principalement par le biais du marché du travail ;
  • l’expansion économique en milieu rural réduit la pauvreté en milieu aussi bien rural qu’urbain.

L’agriculture peut également avoir des retombées spectaculaires sur la pauvreté, et peut réduire la faim et la pauvreté, en zones rurales comme en zones urbaines, plus efficacement que les autres secteurs. Un appui à l’agrobusiness, qui comprend un soutien à l’ensemble des activités allant de la production à la commercialisation, doit donc permettre de contribuer à la croissance économique d’un pays. Grâce au développement de l’agrobusiness, l’accès aux marchés, au financement et à l’assistance technique peut être facilité pour les petits agriculteurs, permettant ainsi leur implication dans des chaînes de valeur modernes et efficaces.

La sécurité alimentaire

Par un soutien à l’agrobusiness, un effet est attendu sur la sécurité alimentaire avec une diminution des pertes post-récolte. L’ancien directeur exécutif du Conseil ouest-et-centre africain pour la recherche et le développement (CORAF), Paco SEREME, a révélé dans une étude  que 40% de pertes post récoltes sont enregistrés chaque année en Afrique de l’Ouest à cause des mauvaises pratiques agricoles et l’absence de technologies appropriées de conservation des récoltes.

Pour réaliser un agrobusiness au service de tous et contribuant  à l’autosuffisance alimentaire au Burkina Faso, il faut lever certaines contraintes

En effet, une amélioration des techniques post-récolte permettrait d’augmenter la quantité de produits agricoles commercialisés et contribuerait à une meilleure sécurité alimentaire. Selon un une étude de l’Union africaine en 2010, l’agro-transformation des denrées alimentaires augmente la sécurité alimentaire de quatre façons principales:

  • en réduisant les pertes après- récolte, dont les estimations montrent qu’elles pourraient atteindre les 30% pour les céréales, 50% pour les racines et tubercules, et jusqu’à 70% pour les fruits et légumes ;
  • en allongeant la durée de conservation des aliments, ce qui permet d’atteindre plus facilement les zones urbaines où la majorité de la population se trouve concentrée;
  • en valorisant les produits, les revenus s’améliorent et le niveau d’emploi augmente le long de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation, et
  • en améliorant la qualité et la salubrité des aliments à travers l’établissement de systèmes de certification et de traçabilité appropriés et une harmonisation des normes, accroissant ainsi l’accès aux marchés. Une meilleure valorisation des produits agricoles ou d’élevage serait une façon de lutter contre l’insécurité alimentaire.

Toutes ces contraintes peuvent être levées  travers des actions fortes telles que l’accès au crédit ;  la formation d’organisations paysannes ; (v) assurer un système de protection pour les productions locales face aux importations ; (vi) garantir des prix rémunérateurs ; (vii) améliorer l’efficacité des services de commercialisation pour tenter de satisfaire l’approvisionnement des marchés urbains et ruraux ; (viii) garantir la qualité du produit obtenu ; etc.

Les pôles de croissance

« Il faut qu’on soit convaincu de l’approche Pôle de croissance » disait l’ancien Premier Ministre, Luc Adolphe Tiao

La mise en place de cette « combinaison d’entreprises et de centres de recherches publics et privés organisés en réseau sur un territoire donné », constituent le nouveau challenge pour le Burkina Faso. Les efforts conjugués ont porté les exportations de notre pays de 8% de notre Produit Intérieur Brut (PIB) en 2008 à 21% en 2013, soit une hausse de 13 points, Le souhait clairement affiché par est de tendre vers certains pays comme le Ghana, la Namibie et la Côté d’Ivoire qui sont à 40%.

La seconde session annuelle du Comité national de pilotage des pôles de croissance tenue à Dori le 18 octobre 2014 sous le thème « Faire des pôles de croissance un moteur des exportations en vue d’accélérer et de pérenniser la croissance économique » a revisité Bagrépôle, fait le point de l’opérationnalisation de la grappe huilerie de Bobo Dioulasso, préparé les zones économiques spéciales de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso et remis sur la table la préparation du pôle de croissance du Sahel (dont une partie du financement est acquise avec la Banque mondiale pour le volet préparation) ; le tout dans l’optique de booster les exportations .

Selon les prévisions, Bagrépôle contribuera à une hausse cumulée du PIB de 2.5 points de 2014 à 2020. Et le Burkina est  satisfait que ce pôle de croissance ait été cité en exemple à une réunion de haut niveau à Washington.

E.B

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