Crise dans le monde éducatif : Échauffourées entre Force de l’ordre et Scolaires à Koudougou

Un affrontement a opposé forces de l’ordre et élèves dans la matinée du 16 janvier aux encablures du gouvernorat du Centre-Ouest. Conduit par l’Association des Scolaires de Koudougou(ASK) une  grande foule d’élèves s’est rendue au sein du gouvernorat pour rencontrer le Gouverneur afin d’exiger selon eux, la réponse à leurs revendications déposées avant les congés du dernier trimestre de l’année 2017. Prenant d’assaut le gouvernorat, ils ont mis le   drapeau en berne et invité le gouverneur à se joindre à eux pour la montée des couleurs. Celle-ci  en voyant sa sécurité menacée  a simplement marqué un refus. Tout est alors parti de là, une course poursuite entre élèves et forces de l’ordre qui a occasionné des dégâts et des blessés. 

Cela fait bientôt 4 mois que la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) observe régulièrement  un arrêt de travail régulièrement, pour exiger une amélioration du statut des enseignants du primaire et du secondaire.  Une grève qui  se traduit par la suspension des évaluations dans les classes, la non transmission des statistiques et le non traitement des dossiers des examens scolaires de la session 2017-2018.  Ces manifestations des enseignants impactent négativement l’apprentissage des élèves et surtout ceux  qui se retrouvent en classes d’examens. Et, depuis un certain temps, les élèves sur toute l’étendue du territoire manifestent pour exiger du gouvernement la satisfaction des revendications des personnels de l’éducation pour leur permettre de reprendre sereinement les cours. Les scolaires de la Cité du Cavalier rouge ont manifesté  violemment  dans la matinée du 16 janvier dernier. Que s’est-il passé ?    En rappel,   le 12 décembre 2017, un groupe d’élèves conduit par l’Association des scolaires de Koudougou  (ASK),  a  organisé une marche au haut-commissariat dans le but de faire entendre aux premiers responsables de la région leur mécontentement face à l’arrêt systématique des devoirs et des cours par les enseignants dans certains lycées et collèges. Selon le Président de l’ASK, Béréwoundougou Béréba Charaf, cette sortie portait sur la résolution de trois points de revendication qui sont entre autres, justice pour leurs camarades qui ont été molestés par les forces de l’ordre en décembre dernier, la reprise des cours et la confiscation des liberté dans certains établissements tel que le collège Sainte-Monique. Des revendications qui sont restées sans suite, selon les élèves, d’où leur présence ce matin au sein du gouvernorat. C’est du moins ce que nous confie Bouda Moussa élève en classe de Tle A « Avant de partir en congé, on avait vu madame le gouverneur pour qu’elle puisse réfléchir sur nos revendications et nous donner la réponse. Aujourd’hui nous sommes sortis pour réclamer ce qu’elle nous avait promis, c’est à dire l’affaire de Tita et les revendications concernant les enseignants. » Une manifestation qui tourne au vinaigre et entraine une course poursuite entre force de l’ordre et solaires. Pour cause, les élèves après s’être introduits au gouvernorat, ont mis d’abord le drapeau en berne avant d’inviter la première responsable de la région à se joindre à eux pour la montée des couleurs. Le gouverneur qui n’a pas voulu prendre le risque a décliné l’invitation. Les élèves ont protesté violemment ce qui a suscité l’intervention des forces de l’ordre. Une course poursuite s’est engagée entre élève et forces de l’ordre au sein du gouvernorat et dans la ville sur les routes principales.   On pouvait constater des Pneus brulés avec des barricades dressées empêchant la circulation sur la route  nationale n° 14. Pour les élèves, cette situation ne serait pas arrivée si le gouverneur n’avait pas refusé de les rejoindre. « Quand nous sommes arrivés ce n’était pas comme d’habitude car les forces de l’ordre n’étaient pas là, nous nous sommes rapprochés, et nous avons maitrisé notre foule. On a ensuite demandé  à madame le gouverneur de nous rejoindre vers les couleurs, elle a refusé. C’est là que les élèves ont perdu le contrôle et ils sont rentrés à l’intérieur mais ils n’ont pas fait de saccage à ce que je sache. » Nous confie Bouda Moussa. A les entendre,  Ils ne sont pas responsables des dégâts enregistrés au sein du gouvernorat  « C’est vrai que les élèves ont le sang chaud mais dès le début on avait la maitrise des choses. C’est quand madame le gouverneur a refusé qu’ils sont rentrés mais juste après on a pu maitriser la foule et c’est en ce moment que la CRS a débarqué pour jeter les gaz. » Du côté de Mme le Gouverneur c’est avec un regret qu’elle déplore la situation qui a prévalu. Car,  dit – elle  « Nous n’avons jamais voulu  souhaité qu’il y’ait un affrontement entre Force de l’ordre et les enfants, les élèves sont nos enfants. Depuis mon arrivée aucun agent des forces de défense et de sécurité n’a porté main sur un enfant. » Il a rejeté l’information   selon laquelle, elle aurait tenu promesse d’apporter des solutions aux revendications des élèves avant la reprise.  « Des  promesses je ne pense pas,  cette exigence avait été également réclamée par la coordination syndicale des enseignant, mais nous avons rassuré les uns et les autres que compte rendu avait été fait à la hiérarchie et qu’à notre niveau nous n’avons pas  une solution pour le moment. Pour être claire,  je n’ai jamais pris la  décision de faire réparation, dans la mesure où je n’ai pas une ligne budgétaire affectée pour ce genre de situation. »  Elle ajoute également avoir été disposé au dialogue avec les élèves mais ces derniers ne l’ont pas été. Elle donne sa version des faits.                                                                                                                                                             « Quand ils sont arrivés je suis descendue avec mon staff pour les écouter. Ils ont pris le temps de scander des slogans, je me suis rendue compte qu’ils avaient mis le drapeau en berne et ils ont frayé un chemin parmi tout ce monde et ils m’ont invité à me rendre sous le drapeau afin de monter les couleurs avec eux. Je  leur ai dit que je resterai sur la terrasse pour assister à la monté des couleurs avec eux. Ils se sont opposés. J’ai donc décidé de concert avec la sécurité de me retirer le temps qu’ils soient favorables que je vienne écouter leur message. Juste après mon départ la situation s’est dégradé ». Selon elle, plusieurs actions ont été entreprises  bien de son côté pour trouver un terrain d’entente mais sans aucune suite. Cependant, de large concertation sont en train d’être menées, selon elle, autour des préoccupations soulevées par  le monde éducatif  et elle reste confiante quant à son aboutissement. C’est pourquoi elle ne manque pas d’inviter les différents acteurs à la retenue. Quant aux dégâts constatés au sein du gouvernorat, contrairement aux dires des élèves, on pouvait voir un vrai capharnaüm  laissé par eux : portes défoncés, vitres brisées, fils électriques, câble réseau arrachés, etc. Cette manifestation   a malheureusement occasionné quatre blessés plus ou moins léger du côté des forces de l’ordre selon leur responsable ainsi que chez certains élèves. Au moment où nous quittions les lieux ils étaient 15heures et le calme était revenu, car on pouvait voir la CRS inviter les élèves à reprendre leurs effets abandonnés sur les lieux.

Prince Omar

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