Emmanuel Macron au Burkina Faso: »Aucun pays africain n’est obligé de rester dans le francs CFA », a lancé Emmanuel Macron depuis Ouagadougou

Après Kossyam, Emmanuel Macron s’est rendu à l’Université Ouaga 1, Professeur Joseph Ki-Zerbo dans un amphithéâtre d’environ 600 places, où il était attendu par des centaines d’étudiants, d’universitaires et d’autres personnalités. Le chef de l’Etat français y a prononcé un discours ce 28 novembre 2017, sur sa vision des relations franco-africaines. « Il faut sortir des passés du passé », a dit Emmanuel Macron qui propose un nouveau partenariat aux africains, et qui sera basé sur la vérité.
« Les relations entre l’ancienne puissance coloniale et le continent noir doivent être désormais sincères », c’est l’une des phrases importantes que l’on peut retenir du discours d’Emmanuel Macron, ce mardi 28 novembre 2017 à Ouagadougou où, un discours qui s’oppose à celui livré par Nicolas Sarkozy en juillet 2007 à Dakar. Contrairement à ce dernier qui s’en était pris en donneur de leçons, Emmanuel Macron, lui, propose une France partenaire et amie de l’Afrique. Selon le président français, il n’y a plus de politique africaine de la France et que son pays n’a pas de leçon à donner à qui ce soit. Cependant il estime que de nouveaux partenariats devraient d’abord se traduire par une réorientation de son aide au développement « l’aide au développement doit être évaluée et réorientée vers des projets porteuses sur le terrain et des projets que nous accompagnons ».
Ce nouveau partenariat, Emmanuel Macron propose de le bâtir sur le socle de la jeunesse. Une jeunesse à qui, il faut donner la formation nécessaire pour s’épanouir en mettant surtout l’accent sur la scolarisation des filles, « je serai au côté de tous les chefs d’Etat et de gouvernements africains qui feront le choix de la scolarisation obligatoire des jeunes filles. Je défendrai leur choix et je demanderai à l’Agence française de développement de soutenir en priorité les programmes visant la scolarisation des jeunes filles. Je fixerai à nos ambassades l’objectif d’attribuer des bourses d’Etude en France en priorité à des jeunes filles », a-t-il déclaré. Répondant à la question d’un étudiant qui dit s’inquiéter de la réduction du nombre de visas étudiants, le président français a annoncé la mise en place des visas de circulation de longue durée pour permettre à « tous ceux qui sont diplômés en France puissent y revenir quand ils le souhaitent ». Toujours dans le cadre de la coopération universitaire, M. Marcon dit vouloir construire une maison de la jeunesse africaine d’ici au 14 juillet à Ouagadougou, qui va faciliter les échanges interuniversitaires et offrir des formations en star-up. Si Emmanuel Macron propose à l’Afrique un nouveau partenariat, il reste néanmoins convaincu que l’Afrique doit s’assumer et les africains doivent éviter d’accuser la France. Tout en reconnaissant que «  les crimes de la colonisation sont incontestables », il estime que c’est un passé qui doit passer. « Ce n’est pas simplement un dialogue franco-africain que nous devons reconstruire ensemble, mais bien un projet entre nos deux continents, une relation nouvelle repensée à la bonne échelle ».
Dans son discours, Macron n’a pas occulté la question épineuse de la sécurité au Sahel. A ce sujet, il a affiché sa détermination à lutter contre le terrorisme dans cette partie de l’Afrique. Et cela se traduit par l’engagement de son pays aux côtés des pays du G5 Sahel dans le combat contre le terrorisme et il espère que des victoires soient visibles dans les prochaines semaines.

Le Président Emmanuel Macron prononçant son discours à l’Université de Ouagadougou

Plusieurs autres sujets sensibles attendaient Emmanuel Macron, au cours de son passage au temple du savoir. Ce sont entre autres, l’esclavage en Libye, le dossier Thomas Sankara, et le franc CFA.
S’agissant de la situation qui prévaut en Libye, tout en qualifiant cette pratique de crime contre l’humanité, Emmanuel est catégorique, « il faut qu’on prenne nos responsabilités. Ce n’est pas la France qui est à l’origine de ces actes esclavagistes ». Il a promis, cependant, de mettre fin à cette tragédie qu’il a qualifié de « de routes de la nécessité ». Pour ce faire, il propose la création d’une initiative euro-africaine pour selon ses mots « frapper les organisations criminelles et les réseaux de passeurs qui exploitent les migrants subsahariens en Libye ». En plus de cette mesure, Emmanuel Macron a annoncé une aide au retour des migrants en collaboration avec l’Organisation internationale de la migration.
Par rapport à la question sur le franc CFA, le président français, répondant à la question d’un étudiant y relative, fera savoir qu’il appartient aux dirigeants des pays de la Zone Franc de décider du sort de cette monnaie communautaire. «  Si le président Kaboré veut sortir de la zone Franc, il peut le faire quand il veut », a-t-il précisé.
Attendu sur sa vision de la démographie en Afrique, Emmanuel Macron joue les cartes de l’apaisement à Ouagadougou par rapport à sa déclaration faite lors d’un sommet en Allemagne mais s’assume, « Quand vous avez une croissance démographique durablement supérieure à la croissance économique, vous n’arrivez jamais à lutter contre la pauvreté », avant de prendre position pour l’émancipation de la femme en Afrique. « Je n’ai pas à décider pour une famille, une femme africaine quant au nombre d’enfants qu’elle souhaiterait avoir, mais je veux être simplement sûr que partout en Afrique, que ce soit bien le choix de cette jeune fille, de cette femme africaine. Je veux le choix pour cette jeune fille de pouvoir, si elle le souhaite, continuer ses études, de continuer à se former, de trouver un emploi, de créer une entreprise, de pouvoir faire ce choix, elle et personne d’autre (…) ».
Pour ce qui concerne le dossier Thomas Sankara, le président macron a réitéré son annonce faite dans la matinée de ce 28 novembre à Kossyama « J’ai pris un engagement clair et je viens de le dire au président Kaboré. Ces documents seront déclassifiés pour la justice burkinabè qui aura accès à tous les documents sur l’affaire Sankara ».
Le nouveau partenariat proposé par Emmanuel Macron concerne également des domaines tels que le sport et la culture. C’est pourquoi il a fait la promesse de rapatrier en Afrique d’ici la fin de son mandat, tous les objets d’art africain qui se sont retrouvés frauduleusement en France.
Emmanuel Macron a-t-il convaincu les Etudiants ?
Après ce discours du Président français, Emmanuel Macron, quelques étudiants les avis sont partagés. Si certains donnent aux projets de Emmanuel Macron pour l’Afrique, d’autres par contre n’entendent pas grandes choses. « Le Président Macron a de très bons projets pour l’Afrique surtout la jeunesse africaine. Il est intelligent, sympa et honnête et il est vraiment déterminé pour développer l’Afrique et encourager sa jeunesse à aller de l’avant », affirme un étudiant.
« Il faut que nos dirigeants prennent leur destin en mains et se décider. Ils ne doivent pas avoir peur », lance un autre.

 

Alfred Sié KAM/Rédaction QNA

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