Incivisme en circulation: Bobo – Dioulasso devient un « champ de bataille »

Incivisme en circulation:

 Bobo – Dioulasso devient un « champ de bataille »

La route est devenue à Bobo – Dioulasso, non seulement un moyen pour faciliter le déplacement, mais un « champ de bataille ». Les usagers de la route prêtent à peine attention à leurs compatriotes qui empruntent la voie publique comme eux. Non-respect du code de la route, ignorance totale des panneaux de signalisation et feux tricolores, excès de vitesse…. Et tout cela n’est qu’un échantillon.

Des comportements qui choquent

Les usagers de la route semblent parfois plus pressés que le temps. On veut aller  à la vitesse d’une année lumière dans une ville où il y a à peine de bonnes voies. L’incivisme devient de plus en plus grandissant à Bobo et cela se ressent dans tous les secteurs. Non-respect des feux tricolores et autres panneaux de signalisation, excès de vitesse, manque sinon absence de courtoisie envers les autres. Il y en a même qui, en pleine circulation communiquent au téléphone. La priorité à droite est devenue chose ancienne. Même les ralentisseurs installés un peu partout n’aident pas à réguler la circulation. Pourtant les concernés n’ignorent pas les sanctions qu’ils encourent.

La police aux aguets

Pour dissuader certaines personnes de troubler la circulation, la police municipale de Bobo – Dioulasso fait des sorties régulières, parfois de contrôle de documents, parfois de régulation de la circulation. Des dizaines, voire des centaines d’engins sont par moment confisqués pour non-respect du code de la route. C’est à ce titre que durant les quatre premiers mois de 2016, la police municipale a procédé à la saisie de deux cent quatre-vingt-dix (290) documents pour diverses infractions, mille quatre cent vingt-deux (1422)  engins à deux roues, cent soixante-trois (163) véhicules à quatre roues et deux cent quatre vingt dix neuf (299) tricycles, ce qui fait un total de mille huit cent quatre vingt quatre (1 884)  engins saisis, tous types confondus.

Le commandant de la police municipale Seydou Coulibaly, face à ces données ne cache pas son désarroi. « Et au regard du nombre d’engins saisis il y a deux ou trois ans pendant la même période, si on fait une comparaison, on remarque qu’il y a une augmentation de ce nombre d’engins saisis pour les mêmes infractions. Ce qui veut dire que le taux d’incivisme augmente », dit-il. « Mais Avant de procéder aux saisies, nous intervenons au niveau des écoles et des milieux associatifs pour diminuer le taux de ces comportements inciviques. Nous avons été la structure initiatrice de la semaine de mobilité. Cette semaine a pour objet de sensibiliser la population sur les comportements à ne pas observer sur la route.  C’est vrai que les citoyens viennent payer la contravention, mais le montant en argent des saisies ne m’enchante pas », ajoute-il consterné. Pour lui, ce qui doit inquiéter, c’est augmentation du nombre de personnes qui ne respectent pas ces prescriptions. Monsieur Coulibaly explique qu’il faudrait que des mesures soient prises pour que la situation puisse être corrigée pendant qu’elle est encore maitrisable.

Tricycle en surcharge
Tricycle en pleine circulation

Des citoyens écœurés

Demandant l’avis des citoyens sur la question, le retour est interpellatif. Si certains se plaisent à « jouer aux stars », d’autres s’interrogent sur le futur.

Belem Abdoul Karim, commerçant

« Nous qui travaillons aux abords de la voie, nous voyons des comportements qui nous écœurent ; Les usagers ne tiennent pas compte des feux tricolores, en plus en pleine vitesse. Il est souhaitable qu’on fasse plus attention. »

Adama Guiré, commerçant

« Il y a des gens qui abusent de la priorité en circulation pour semer la panique, rouler à tue-tête. »

Ouédraogo Taouakali, responsable d’une entreprise

« Même en dehors des grandes voies, les gens ne respectent pas le code de la route. Malgré la présence des VADS, certains circulent sans leur prêter la moindre attention. Pas de respect des feux tricolores, ni des sens interdits, encore moins les panneaux de stop. Il y en a qui ne savent même pas que la vitesse est limitée en ville. Le port de casque, c’est un sujet tabou, or ça peut beaucoup aider. »

Une autre police, mais cette fois-ci pour constater

Si la police municipale sensibilise et sanctionne en cas de manquement, cela n’empêche pas des usagers de toujours persister dans l’incivisme. Cela donne naturellement lieu à des accidents de la circulation. C’est là qu’intervient la section accidents de la police nationale. Elle a intervenue pour constater des accidents de la circulation dus à diverses causes comme l’inobservation des règles de la circulation routière, l’imprudence ou la méconnaissance des règles de la circulation routière. De la période du 1er janvier au 31 mars 2016, neuf cent vingt-six (926) engins à deux roues ont été mis en cause dans les accidents de la circulation, soixante-quatre (64) tricycles, soixante-dix-huit (78) automobiles et  huit (08) charrettes.

 Cela a eu pour conséquence vingt-cinq (25) décès,  soixante-cinq (65) blessés graves et neuf cent vingt-trois (923) blessés légers, avec un nombre de dégâts matériels peu important évalué à huit cent trente-deux  (832),  quarante-deux (42) dégâts importants et deux (02) très importants. Le seul mois de mai en ses  dix-neuf (19) premiers jours a enregistré cnt quatre-vingt-quatorze (194) engins à deux roues mis en cause dans les accidents, quatorze (14) tricycles, vingt et un (21) automobiles et une (01) charrette avec quatre (04) décès, vingt-trois (23) blessés graves et  cent soixante-neuf (169) blessés légers. Les dégâts peu importants étaient au nombre de 170 et 10 dégâts matériels importants.

Ces données qui donnent froid au dos sont exclusivement  pour la ville de Bobo – Dioulasso. Pour le chef de section accidents de la circulation routière du commissariat centrale de police de Bobo – Dioulasso, le commissaire Issoufou Belemou, ces accidents qui devraient interpeller les usagers de la route, semblent passer inaperçus. Il exhorte cependant à plus de prudence et au respect du code de la route.

Des agents de santé qui déplorent les effets secondaires des accidents

Après le constat de police, les sujets aux accidents se retrouvent dans les centres de santé, plus particulièrement au centre hospitalier universitaire Sourou Sanou (CHUSS). Il n’y a pas un jour où la sirène d’une ambulance ne retenti dans Sya. Les agents de santé également mènent des campagnes de sensibilisation. A l’image de l’Ordre de Malte, qui organise régulièrement des sessions de formation en secourisme pour sensibiliser les populations et les jeunes en particulier, sur les comportements à adopter et comment faire pour venir en aide à une personne si toute fois il y a choc. « La principale action que nous menons pour interpeller, c’est la formation des jeunes au niveau du secourisme. Depuis 2000 nous sommes dans cette activité et nous formons entre cinq cent (500) et mille (1 000) personnes par an, et toute personne formée est automatiquement sensibilisée pour éduquer  à la question d’incivisme et d’attitude à tenir en cas d’accident. Notre participation à certaines activités organisées par d’autres associations, la police municipale, notre intervention lors d’activités qui regroupe beaucoup de gens et sensibilisons à travers notre comportement », explique le responsable de l’ordre de Malte docteur Salif Ouédraogo.

La sensibilisation encore infructueuse, les blessés arrivent à l’hôpital. Le chef du service orthopédie traumatologie du CHUSS, professeur Patrick Dakouré nous donne plus de détails. « Les blessés sont pris en charge en fonction de la gravité de leurs traumatisme. Certains sont libérés le même jour. Mais  il y a parfois des blessés graves où le pronostic vital peut être engagé, et même si ce n’est pas le cas, ils ont des lésions extrêmement graves, qui peuvent entrainer des conséquences fonctionnelles extrêmes. C’est l’exemple des blessés qui se retrouvent avec le membres écrasé chez qui on est obligé de faire une amputation. Il y a également les traumatisés crânien qui pour une grande majorité décèdent. C’est pourquoi nous conseillons le port du casque parce que plus de 80% des victimes décédées le sont à cause de lésions crâniennes. Ça permet de réduire le taux de mortalité des accidents de la circulation. 70 à 80% sont des victimes d’accidents de la route. Les fractures au niveau des membres, les membres inférieurs étant plus exposés, et dans 1/3 des cas, les fractures de jambes sont ouvertes. Par rapport aux accidents de la route, 5% des victimes décèdent à l’hôpital ; et des 5%, 80% sont des traumatisés crâniens. Des études datant de trois ans avaient montré que seulement 2% des accidentés de la route que nous recevons portaient le casque lors du choc. Si au moins chacun arrivait à porter le casque, il y a une bonne partie qui ne serait pas décédée », explique-t-il.

Maintenant qu’il est connu à quel point l’incivisme peut avoir des conséquences désastreuses,

 Vigilance- vigilance-vigilance !!!

A.B. Nicole OUEDRAOGO pour SCI

 

 

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