Inondations dans la ville de Ouagadougou

Humeur

Inondations dans la ville de Ouagadougou 

Le molosse n’a pas encore changé sa façon éhontée de s’asseoir

Depuis le 1er septembre 2009, date tristement célèbre au Burkina Faso, il ne se passe pas une année sans qu’il y ait une inondation ne serait-ce que d’une cours à Ouagadougou ou dans les périphériques. À croire que le molosse n’a pas changé sa façon éhontée de s’asseoir. Sept (07) ans après, les mêmes causes ont causé les mêmes effets, c’est les inondations qu’a connu Ouagadougou et d’autres villes du Burkina suite aux pluies consécutives du 19 et 20 juillet 2016.

Conséquences des inondations à Ouaga.
Conséquences des inondations à Ouaga.

Quartiers Rimkièta, M’ba Simon toèga, Zongo et Nemnin, pont Kadiogo et celui de Boulmiougou,  Centre Delwendé de Tanghin, Pont du Théâtre populaire, Naboudin. Ce sont là quelques échantillons de quartiers et points atteints par les inondations dues aux pluies consécutives des 19 et 20 juillet 2016 à Ouagadougou.  Une situation qui fait rappeler les affres du 1er septembre 2009 où Ouagadougou se réveillait « les pieds dans l’eau ». L’on avait multiplié les dons dans chaque région pour venir en aide aux sinistrés, un mot qui avait pris d’ailleurs tout son sens à pareilles circonstances, sans oublier la solidarité de la communauté internationale à l’époque. Toute une zone non encore lotie va être attribuée à ces sinistrés, en l’occurrence, Yagma.

Le mercredi 16 décembre 2015, l’Unité de gestion des secours d’urgence, en fin de mission, avait remis son rapport au premier ministre d’alors, Yacouba Isaac Zida. De ce rapport, on retient qu’il y a eu environ 200 000 sinistrés, 2 660 contributions reçues qui s’élèvent à 19 028 836 723F CFA dont 980 998 916 F CFA en nature.  La France par exemple a contribué à hauteur de 699,5 millions. Afin d’aider les sinistrés à se reloger où à construire leur nouveau « chez soi », 5 554 723 967 F CFA ont été dépensés pour aider les sinistrés à se reloger ou à construire leurs nouveaux logis.  Des sites d’accueil ont été aménagés et viabilisés. Entre autres insuffisances, il a été souligné la mauvaise gestion des aides reçues par les sinistrés, le non-respect des délais contractuels pour certaines entreprises. Et la principale recommandation qui avait été faite est la mise en place d’un fonds de lutte contre les catastrophes et la gestion des zones inondables et la prise en compte des questions de résilience dans les politiques et programmes de développement.

À peine le rapport remis, et bonjour les inondations du 20 juillet 2016 ! On est tenté dès lors de se morfondre : « Eh Dieu, qu’avons-nous fait », ponctué d’un « ça va aller ». L’émission Controverse de la RTB en a même fait un débat le 21 juillet 2016.

Mais les conséquences de cette inondation  sont là : 4 morts, 2000 ménages sinistrés de façon provisoire. Des conséquences tragico-dramatiques que l’on aurait pu éviter. Les responsabilités se trouvent être partagées entre l’Etat et les populations. Il est vrai que la pluie est un fait naturel, mais les conséquences peuvent être limitées.

Conséquences des inondations à Ouaga.
Conséquences des inondations à Ouaga.

Les caniveaux, une denrée rare à Ouagadougou

Dans la ville de Ouagadougou, les caniveaux sont une denrée rare dans les quartiers et si ils existent, ils tiennent lieu de dépotoir presque jamais curé. Les eaux usées, les sachets, les ordures des ménages, les excréments, tous font bon ménage dans ces caniveaux sous le nez et la barbe des populations elles-mêmes. Ce sont les mêmes populations qui y jettent les ordures et même si elles ne le font pas de façon directe, leurs actions y contribuent : sachets et lotus jetés pendant la circulation. La première pluie suffit à drainé ces sachets dans les caniveaux. Et que dire des autorités politiques ?

« Si nous curons les caniveaux, nous aurons résolu près de 50% des problèmes d’inondations à Ouagadougou. C’est la raison pour laquelle nous allons le faire ». C’est la déclaration du maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, lors de la conférence de presse organisée le mercredi 20 juillet 2016 à Ouagadougou. Une action judicieuse mais qui rappelle la nécessité pour les autorités d’anticiper avant que les catastrophes n’arrivent, car comme on le dit si bien en milieu scientifique, « les mêmes causes dans les mêmes conditions produisent les mêmes effets ». On sait bien que c’est grâce au curage et au déguerpissement des populations à l’alentour de l’hôpital Yalgado que ce dernier a été épargné d’une énième inondation.

Conséquences des inondations à Ouaga.
Conséquences des inondations à Ouaga.

Sensibiliser davantage les populations

Prévenir vaut mieux que guérir, dit-on. Il ne faut pas atteindre la saison des pluies pour commencer à distribuer par exemple des moustiquaires ou pour curer les caniveaux. C’est un investissement qui vaut son pesant d’or. Il est donc du ressort de l’État et surtout des populations de veiller à entretenir le peu de caniveaux qui éconduit les eaux de pluie. L’aménagement des quartiers est plus que nécessaire. Les différents doivent justement se mettre au travail. Il ne faut pas occulter la sensibilisation des populations, car il faut faire comprendre à celles-ci, analphabètes pour la plupart, que leurs vies sont en danger tant qu’elles logeront dans des zones inondables, tant qu’elles n’adopteront pas de comportements éco citoyens. Et si après tout, les populations refusent, alors il faudra durcir le ton. Quand des individus qui ont été sinistrés en septembre 2009 vendent leurs lopins de terre qu’ils ont reçus gratis et retournent tout bonnement là où le mal les a délogés, cela ressemble fort bien à de l’incivisme.

Le directeur général de la météorologie, en intervenant sur la Chaîne au cœur des grands événements, a été on ne peut plus clair : le risque d’inondations cette année est assez élevé. On n’a certainement pas besoin d’être allé à l’école pour comprendre cela. Mais alors, il faut que le molosse change sa façon éhontée de s’asseoir au Pays des hommes dit intègres.

Aris SOMDA pour SCI

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