Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au pays des Hommes intègres : Peter Stépan raconte toute l’histoire.

La dédicace de l’oeuvre a été faite en présence du Moumina Cherif Sy, ex Président du Conseil national de la transition

La salle de conférences de la DGCOOP à Ouagadougou a servi de cadre ce mardi 06 juin 2017 pour la dédicace d’un livre sur l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au Burkina Faso. Intitulé « Burkina Faso octobre 2014 : vers un monde plus juste », ce livre a été publié par l’ONG allemande Friedrich-Ebert-Stiftung, sous la direction de Peter Stépan. La cérémonie de dédicace de l’œuvre a eu lieu en présence du Haut représentant du chef de l’Etat, Moumina Chérif Sy, préfacier de l’œuvre, du 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Me Bénéwendé Sankara, et quelques acteurs de l’insurrection populaire.

C’est un ouvrage de 157 pages présentant chronologiquement les grands événements du pays, depuis l’assassinat le 15 octobre 1987 du président Thomas Sankara, en passant par la prise du pouvoir par Blaise Compaoré jusqu’à la constitution du gouvernement Paul Kaba Thiéba 1, le 12 janvier 2016 qui a été présenté à la presse ce samedi matin. Une grande partie est faite de photographies réalisées par sept photographes pendant l’insurrection populaire. Préfacée par Cherif Moumina Sy, ancien président du Conseil national de la Transition, cette œuvre donne un arrêt sur images sur les temps forts de l’insurrection. S’il est vrai que depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au pays des Hommes intègres, les œuvres ayant pour vocation de retracer toute cette histoire n’ont cessé de naitre, Peter Stépan, auteur de l’œuvre, estime que cette œuvre à sa particularité. Pour lui, l’objectif visé à travers ce livre est de faire apprendre aux autres peuples africains qui vivent encore sous la dictature comment provoquer une insurrection populaire.

Les participants ont apprecié les différentes interventions

Qu’est ce qui a bien pu motiver l’auteur dans la rédaction de cette œuvre ? Il raconte. « En octobre 2014 j’étais au Burkina, car chaque année, j’y viens trois ou quatre fois. Après les évènements, je me suis posé la question de la pérennisation de cet important acquis. De là, nous est venue l’idée de créer un ouvrage. Il y a des livres qui ont le potentiel de provoquer le changement partout. Ce livre en fait partie ».

Me Sankara n’est vraisemblablement pas d’avis avec cette ambition de l’auteur qui consiste à inculquer aux autres peuples sous dictature l’idée d’une insurrection. Il l’a fait savoir lors de la dédicace. « On ne peut pas écrire des livres pour enseigner les insurrections, car chaque peuple a son histoire, son parcours, ses aspirations ». Pour lui, l’insurrection populaire était porteuse d’un rêve. Cependant « elle peut être à la limite un leurre parce que si les espoirs s’estompent, si on n’arrive pas à transformer ce qui a été à la base de l’insurrection en actions politiques capables de redonner espoir et confiance, cette déception fera que le Burkinabè n’aura plus de rêve. Et quand on n’a pas de rêve, on n’a plus envie de lutter ». Il y a beaucoup d’insuffisances qui attendent encore d’être corrigées, a-t-il reconnu. « Ce qui est fondamental, c’est le jugement que le peuple fera à la fin du mandat ».

Smockey, activiste membre du balai citoyen, « on peut empêcher que le politique se foute de la gueule du peuple »

Quant à l’artiste musicien Serge Bambara alias Smockey, membre du balai citoyen, on ne peut rien attendre de ce gouvernement. « La seule chose qui a changé, c’est l’esprit des Burkinabè : on peut empêcher que le politique se foute de la gueule du peuple ». Il appelle l’Etat à agir de façon pragmatique dans une vision claire et à donner l’exemple s’il ne veut pas voir le peuple descendre encore une fois dans la rue pour lutter car dit-il c’est le seul langage que comprennent les autorités.

« L’insurrection populaire, Burkina Faso octobre 2014 : vers un monde plus juste » est tiré pour le moment en 1000 exemplaires. Selon l’auteur, l’œuvre sera reproduit en grand nombre car une exposition est prévue à Vienne et, si possible, partout ailleurs pour faire connaître à tous l’histoire du peuple burkinabè.

Sié Alfred KAM/Rédaction SC-Info

 

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