Pr Stanislas OUARO

Le Professeur STANISLAS OUARO / Président de l’Université OUAGA II


SCI : Bonjour Professeur

Pr S.O: Bonjour

SCI : Pouvez- vous vous présenter aux lecteurs de Sciences-Campus Info ?

Pr S.O: Ok. Merci, je suis le Professeur Stanislas Ouaro, je suis Professeur titulaire de mathématiques, Président de l’université Ouaga II.

SCI : Vous êtes  Président de l’université Ouaga II. Mais bien avant cela  est ce que vous pouvez nous faire un bref aperçu de votre parcours jusqu’à votre agrégation ?

Pr S.O: Merci beaucoup, je peux dire  que je suis né le 19 janvier 1975. J’ai d’abord fréquenté en Côte d’Ivoire, avec mes parents qui étaient enseignants, le papa était professeur de mathématique au collège, au collège Enfant Jésus de Gagnoa, et la maman institutrice, et  donc  j’ai commencé donc mes études la ba. Dans la classe de ma maman déjà, du CP1 jusqu’au CE2. Nous sommes rentrés en 1983 au Burkina Faso. Le papa avait été affecté et mis à la disposition du collège Sainte Thérèse de Banfora et donc, j’ai continué mon parcours primaire à ce niveau, donc j’ai fait le CM1 à l’école centre B communément appelé école fille de Banfora ; CM1 et CM2, et ensuite  en 1985, j’ai été admis en 6ème au Lycée Provincial de Banfora. Donc j’ai fait de la 6ème à la 3ème.  En  1989 , j’ai obtenu le BEPC et l’entrée en seconde et j’ai été donc admis en 2nd C au lycée Provincial de Dédougou où j’ai fait de 1990 à 1992 donc la 2nd  la 1ère et la Tle D et après cela donc j’ai obtenu le Baccalauréat D en 1992 et j’ai été orienté à l’ Unité de formation et de recherche (UFR) en Sciences exactes et appliquées   connu aujourd’hui, mais à l’époque c’était la faculté des sciences et techniques ( FAST ) qui regroupait  la partie sciences de la vie et de la terre et la partie Institut de mathématique, de physique et de chimie. Et j’ai été orienté en math-physique, 1ère année. Donc de 1992 à 1994 j’ai obtenu donc le DEUG communément appelé DEUG B en mathématique -physique et J’ai poursuivi mes études en licence de mathématiques en 1995. Et en 1995 j’ai obtenu la licence de mathématique, en 1996 la maîtrise de mathématique et j’ai bénéficié d’une bourse de l’Etat burkinabé pour continuer mes études  de troisième cycle à l’Université de Ouagadougou toujours où j’ai fait le DEA en 1997 et j’ai soutenu la Thèse de mathématique en 2001. Voilà un peu pour ce qui est du parcours scolaire et académique et en 2002 j’ai été recruté comme Assistant à la Faculté des  sciences et techniques  donc à l’UFR sciences des acticités appliquées. Et  en 2004 j’ai été inscrit donc sur la liste d’aptitude aux fonctions de Maître Assistant du CAMES et ensuite  en 2008 j’ai été inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de Maître de conférences toujours en mathématique et en 2012 j’ai été inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de Professeur Titulaire. Donc voilà pour ce qui est du parcours après le recrutement ; du parcours d’enseignant chercheur. Mais entre autres j’ai été , on va dire en 2002  quand j’ai été recruté comme Maître Assistant j’ai aussi travaillé avec l’Institut Burkinabé des Arts et Métiers (IBAM) à la mise en place de la section informatique de la structure  où je coordonnait la section méage jusqu’en 2006 et en 2006 j’ai été élu Directeur adjoint de l’Institut et en 2008  lorsque le Directeur , le Pr Bayo Karifa, qui est Président de l’Université de Ouagadougou aujourd’hui avait été nommé Président de l’Université Ouaga II, donc j’ai été nommé Directeur de l’Institut Burkinabé des Arts et Métiers et en 2009 j’ai été élu Directeur de l’Institut jusqu’en 2012 et en2012 donc j’ai été nommé Président de l’Université Ouaga II . Donc voilà un peu ramassé, mon parcours scolaire, académique et professionnel.

SCI : Et nous devons confesser que vous avez un parcours séduisant, passionnant qui du moins inspirera nos lecteurs, parce que nous constatons que vous êtes l’un des  jeunes à avoir beaucoup de cordes à son arc et vous avez été agrégé aussitôt et nous savons bien qu’on ne devient pas agrégé sans publications . Qui dit agrégé parle de publications. Vous en tant que agrégé est ce qu’il y’a une publication  ou du moins une trouvaille en tant que chercheur qui a marqué  votre parcours de chercheur ?

Pr S.O: Bon, c’est tout à fait, ce que vous dites est pertinent hein, d’abord pour l’obtention du grade de Docteur, on est obligé de publier dans des revues et pour nous qui sommes dans les sciences exacts, nous devons publier dans des revues à diffusion internationale reconnues par les pairs, et ce qui est très intéressant à noter, c’est que dans les sciences exacts, surtout en mathématique, les questions sur lesquelles nous travaillons au Burkina, sont les mêmes questions sur lesquelles des collègues  travaillent en France , aux Etats Unis, au Japon etc. Et donc nous travaillons sur les mêmes questions mais pas avec les mêmes moyens. Donc c’est un peu plus difficile encore pour nous, mais on essai de faire des efforts pour que les choses fonctionnent. Donc déjà pour l’obtention de la Thèse on est obligé de publier. Ensuite pour le passage aux différentes grades, on est obligé de publier et à chaque passage de grade, les publications effectuées sont annulées et le compteur se remet à zéro il faut encore recontribuer de façon à le faire et pour passer de Maître de Conférence à Professeur titulaire, chez nous il faut encadrer au moins une Thèse. Donc il y’a des thèses à encadrer etc. Donc des travaux ont été faits. Alors les mathématiques comme c’est un domaine assez délicat, il va être difficile pour moi de décrire en fait des choses que j’ai abordé qui vont  peut être intéressés. C’est un monde assez fermé,  mais c’est sûr qu’on a contribué avec les collègues, avec les étudiants que nous avons  formé à le faire. Mais aujourd’hui je m’intéresse à une thématique, moi je suis spécialiste d’équations aux dérivées partielles non linéaires, mais je m’intéresse aussi à des questions de mathématique appliquées telles que la question de la modélisation de la formation des tas de sable donc les matériaux granulaires mais aussi de la formation de dunes de sable. On a commencé par regarder la question de la dynamique de formulation ou d’effritement d’un château de sable dans la perspective de pouvoir examiner les questions de formation et de déplacement de dunes de sable. Vous n’êtes pas sans ignorer que les dunes, dans les pays qui connaissent ce phénomène là, les dunes causent beaucoup de désagréments. Ils peuvent couper les routes de façon à ce que on ne puisse pas se déplacer, ils peuvent créer des problèmes d’orientation de transporteur de passagers, ils peuvent aussi dans leur déplacement dégrader des sols de façon à ce que des sols ne puissent plus être exploités pour l’agriculture etc. Et donc l’idée que nous avons, c’est  de réfléchir, pas à faire en sorte qu’il n’y ait plus de dunes, ça c’est impossible, mais à pouvoir les contrôler et orienter leur formulation de façon à pouvoir sécuriser les zones. Par exemple, éviter qu’ils puissent se déposer sur des routes de façon à couper les bitumes mais faire en sorte qu’on puisse les déplacer. Donc nous réfléchissons sur ces questions actuellement avec des étudiants que j’encadre et des collaborateurs qui sont en France, j’ai un ami à Limoges particulièrement qui est un co-auteur avec qui je travaille, donc nous regardons ces aspects, donc ça c’est des questions qui me passionnent aujourd’hui et qui dans la modélisation font apparaitre donc des équations aux dérivées partielles non linéaires  que je regarde depuis un certain moment. Et il y’a un deuxième aspect dans le cadre du programme d’appui à l’enseignement supérieur phase I de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ,donc nous avons monté un projet avec des collaborateurs du Sénégal , du Niger , du Mali et avec lesquels nous avons pensé  qu’on devait réfléchir et apporter une contribution à la lutte pour l’éradication de la bilharziose schistosomiase, et donc ce projet a été accepté et financé à auteur de trente (30) millions de FCFA. Mais à côté de cela donc le Fond Suédois qui nous appui aussi, nous a mis à disposition des moyens de façon à ce que l’on puisse faire ce travail et justement dans le cadre de ce travail, j’encadre des étudiants qui font une Thèse, et il y’a un qui va soutenir en décembre prochain avec lequel nous avons contribué à la publication de huit (08) articles scientifiques dont deux (02) sont déjà paru et dans lequel justement on essai de proposer des alternatives à la lutte telle que la lutte biologique parce que la complexité de la dynamique de la maladie appelée bilharziose schistosomiase est  telle que la lutte par chimiothérapie c’est-à-dire par le vaccin qui est fait à base de praziquantel n’est pas suffisant aujourd’hui pour l’éradication parce que c’est une maladie qui est telle que lorsque on vous traite et que vous repartez encore dans une eau stagnante où il y’a donc des mollusques porteurs du vecteur responsable de la maladie, vous reprenez la maladie encore très rapidement. Donc on est en train de réfléchir à un couplage chimiothérapie c’est-à-dire le traitement des malades mais aussi lutte biologique. C’est-à-dire que en cultivant par exemple des crevettes d’eau douce, qui consomment donc les mollusques qui portent donc le vecteur responsable de la maladie. Donc  on essai de le proposer. Il y’a aussi des mollusques qui sont résistants à la maladie et qui sont compétiteurs. Qui  peuvent compétire donc ces mollusques. C’est ça on essai de réfléchir à leur introduction.   Et il y’a aussi  en Tanzanie, des chercheurs qui ont cultivé des types de poisson tilapia qui consomment donc les mollusques qui sont des hôtes intermédiaires et qui portent donc le vecteur responsable. Donc on étudie pour essayer de proposer à des chercheurs et à la communauté des chercheurs qui luttent contre la maladie, à leur proposer donc de pouvoir introduire dans les zones à risque là ces types de poissons là qui vont effectivement jouer plusieurs rôles. ils ont un rôle de consommation  de ces mollusques là pour donc casser  la chaine de façon à ce que on n’ait plus la maladie mais aussi ce qui est intéressant c’est que ces poissons rentrent aussi dans la consommation et donc dans le développement aussi  de ces zones. Donc il y’a ça.  Et donc dans cette étude, on a fini par se rendre compte parce que dans l’équipe on a aussi des biologistes  qui travaillent avec nous ; on s’est rendu compte en fait de quelque chose d’assez grave qui complique d’avantage la dynamique de la maladie c’est que en fait les vecteurs ou les parasites  responsables de la bilharziose humaine ne pouvaient pas passer chez les bovins et vice versa.  Et donc les  vecteurs responsables de la bilharziose bovine ne pouvaient pas passer chez les humains. Mais aujourd’hui, il y’a un phénomène d’hybridation qui s’est développé de façon à ce que aujourd’hui les études que nous avons menées de sécanssage d’ADN  que nous avons effectués au niveau de certains laboratoires en Angleterre montrent qu’il y’a une hybridation de telle manière  que les parasites responsables de la bilharziose bovine et / ou humaine peuvent passer chez les bovins et / ou chez les humains. De façon à ce que nous sommes maintenant amenés à revoir les modèles que nous avons étudié, pour prendre en compte cette dynamique.  Et ça c’est des perspectives nouvelles qui s’ouvrent dans les travaux et ça c’est les choses qui me passionnent.

SCI : Ok le constat que nous faisons  chaque fois que nous nous adressons à un chercheur, à un enseignant chercheur,  il a beaucoup de passion de parler  de ce qu’il fait et nous, ça nous ravit d’avantage ; nous avons vu avec le Professeur KABRE  et maintenant pour en venir à l’université de Ouaga   II, vous êtes Président de Ouaga II, pour nos lecteurs bien sûr pourquoi Ouaga II et  à quand remonte l’effectivité si on peut le dire ainsi de cette scission avec l’Université de Ouagadougou ?

Pr S.O: Oui tout à fait, il faut dire que la réflexion a été menée suite à la massification des effectifs constatés au niveau de l’université de Ouagadougou et à l’accueil. Parce que l’Université de Ouagadougou est une université conçue pour accueillir autour de vingt mille (20 000) étudiants et à partir d’un certain moment on s’est rendu compte que les effectifs d’étudiants dépassaient cette proportion. D’où la nécessité de créer une deuxième université dans la capitale pour limiter donc et arrêter donc cette propension, cette expansion de l’université de Ouagadougou  donc c’est ce qui a amené la création de l’université Ouaga II en juillet 2007 en Conseil des Ministres  et donc ça c’est un peu l’idée et au départ, l’idée c’était justement comme il fallait désengorger l’Université de Ouagadougou, il fallait choisir des structures qu’on allait détacher de l’université de Ouagadougou déjà pour réduire les effectifs et maintenant travailler à ce que cette deuxième université puisse dans le cadre de son autonomie se développer en offrant d’autres offres de formations. Donc c’est ce qui a amené au retrait de l’université de Ouagadougou des UFR de droit et d’économie mais  il y’avait aussi en projet, le détachement de l’UFR Lettre Art et Communication. Mais ce projet a été abandonné donc Ouaga II suit son bonhomme de chemin. Donc c’est depuis 2007 que la création a été consacrée en Conseil des Ministres et puis il y’a un travail d’autonomisation effective et de création effective de l’université qui s’est poursuivi. Et  on va dire que c’est à partir de 2009 veritablement que l’université a veritablement commencé à fonctionner avec les différentes structures etc.

SCI : Et au jour d’aujourd’hui si on veut s’hasarder à un bilan est ce qu’on peut dire que les motifs qui ont prévalus à la scission vous ont donné raison d’en arriver là. Est ce qu’aujourd’hui il ya de quoi être satisfait ?

Pr S.O: Là c’est une question assez délicate parce qu’il y’a beaucoup de défis à relever de telle manière que dire oui c’est  peut être provoqué centaines personnes qui pensent qu’on n’a pas atteint nos objectifs,  et dire non aussi c’est refuser de voir quand même que si on ne l’avait pas fait on aurait beaucoup plus de problèmes que ce qu’on constate aujourd’hui. Il faut dire que lorsque l’Université de Ouaga II a été créé, l’idée c’était de travailler à lui trouver un site et à construire les infrastructures de façon à pouvoir rendre effectif le détachement parce que actuellement, malheureusement nous sommes obligés de partager les espaces avec l’Université de Ouagadougou. Les UFR qui ont été détachés ont conservé leur patrimoine comme l’UFR de droit et l’UFR d’économie. Si effectivement aujourd’hui on avait réussi à faire en sorte que toutes les structures de Ouaga II se retrouvaient sur leur site propre, ces infrastructures allaient servir éventuellement à l’Université de Ouagadougou de façon à ce que on constate véritablement. Mais malheureusement les deux structures ont conservé leur patrimoine. Mais mieux, elles continuent toujours d’occuper, de partager les grands espaces avec l’Université de Ouagadougou tels que les grands pavillons d’accueil académique qui sont vers l’UFR de médecine. Donc ça c’est des défis qu’il nous faut relever, il y’a un travail qui est entrain d’être fait à ce niveau et qui se poursuit. C’est vrai que ça fait bientôt huit (08) ans que l’Université de Ouaga II est créée mais malheureusement nous n’arrivons pas à occuper notre site propre qui est en construction. Actuellement il y’a dix mille (10 000) places assises déjà construites et équipées et fonctionnelles. Mais l’autre défi qui nous reste à relever, c’est les défis de pouvoir installer les étudiants sur le site. Pour le faire, il faut accompagner cela d’infrastructures sociales telles que des restaurants universitaires, des cités universitaires, un centre médical pour pouvoir soulager les malades et prendre en charge rapidement les cas difficiles etc. Donc il y’a ce travail là et puis il y’a aussi la liaison entre le site et la capitale à travers des bus. Donc il y’a le projet bus qui est en cours.  Pour le moment, ces projets sont en cours et ils n’ont pas encore totalement abouti. Donc on ne peut pas dire qu’on est vraiment satisfait de la scission ou dire que bon c’est un motif de satisfaction, on attend effectivement que ces infrastructures là puissent voire le jour réellement et que les étudiants soient sur le site pour dire qu’on est satisfait. Donc pour le moment, c’est un gout d’inachevé mais on travaille à le corriger. Donc il y’a un travail qui est fait, mais ce qui est déjà  investi sur le site, n’est pas de nature à renoncer au projet. Et moi j’irai même plus loin et dire qu’il faut encore chercher les moyens encore construire une troisième Université et pourquoi pas une quatrième pour diminuer la taille de l’Université de Ouagadougou parce que mon sentiment est que raisonnablement il faut que l’on travaille à avoir des universités de maximum vingt mille (20 000) étudiants si on veut vraiment pouvoir les gérer de façon efficace. Dès qu’on dépasse ces effectifs là, ça devient de plus en plus compliqué.

SCI : Le futur site de Ouaga II est situé où ?

Pr S.O: le site de Ouaga II on va dire est situé à 16 – 17 kilomètres de Ouaga. Sur la route de Ouaga -Fada et qui est dans une zone communément appelée Gonsé. Elle est située sur deux communes rurales. La commune rurale de Loumbila et la commune rurale de Saaba  à 17 kilomètres environ et on est sur une superficie d’environ deux mille cent onze (2 111) hectares. Voilà, c’est ça Ouaga II.

SCI : Parlant de Ouaga II, à l’instar de beaucoup d’universités africaines qui portent le nom de certaines personnalités qui ont marqué l’histoire politique de leur pays ou même du continent pourquoi l’Université de Ouagadougou  et surtout celui de Ouaga II qui a été du moins créée si on peut le dire ainsi en 2007 n’a pas porté le nom d’une personnalité quelconque de notre pays ?

Pr S.O: Tout à fait.

SCI : Le projet est-il en cours ?

Pr S.O: Pour le moment, non, le projet c’est qu’il y’a des réflexions sur la possibilité de dire peut être Ouaga I au lieu de Ouaga II. Dire Ouaga II, Ouaga II fait penser à Ouaga I beaucoup de gens le disent ; donc il y’a cette discussion. Mais je suis tout à fait d’accord avec vous, il faut que l’on pense effectivement à donner des noms de personnalités africaines en générale mais burkinabés en particulier qui ont marqué l’histoire politique, l’histoire du développement de notre pays. Je ne suis pas contre ça mais ça c’est des questions que nous adressons à nos autorités charge à elles de nous instruire de réfléchir sur ces préoccupations. Pour le moment il n’y a pas de réflexion la dessus mais je profite de votre micro pour  dire que c’est une bonne chose et je pense qu’il faut qu’on y arrive comme cela est le cas dans certains pays, tels que le Niger où on à l’Université Abdou Moumouni , le Sénégal où on a l’Université Cheik Anta Diop, etc , Alassane Dramane Ouattara, l’Université Nandji Abrogoua, Péléforo-GbonCoulibaly, l’université Félix Houphouët Boigny etc, donc je ne suis pas opposé à cela, je pense que c’est une bonne chose que nous réfléchissions à cela mais je pense que ça c’est des questions qui devraient être adresser aux plus hautes autorités qui devraient si l’idée les agrée nous saisir pour que l’on puisse donc réfléchir à travers des commissions . Parce que c’est assez délicat aussi, il faut vraiment que ce soit suffisamment consensuel  et suffisamment représentatif de la personnalité de la personne à laquelle on donne le nom à l’université.

SCI : Nos lecteurs m’en voudront de quitter ici sans vous demander votre approche et votre conception actuelle du Licence-Master-Doctorat (LMD). Actuellement le LMD c’est ce qui divise si on peut le dire ainsi et ce qui tatillonne un peu à l’Université, notamment ici à  Ouagadougou, votre approche même de ce LMD là ?

Pr S.O: Oui, vous savez le LMD a été imposé par les Chefs d’Etat de l’espace francophone ouest africains comme model d’enseignement sur la base de  ce qui se fait au plan mondial. Donc on n’avait pas d’autre choix que d’y aller et maintenant c’est la façon d’y aller et les universités de l’espace francophone sous régional ont pensé effectivement qu’au regard de ce nouveau système qui est incontournable, il fallait dans la démarche adopter  un principe commun. C’est ce qui a poussé un certain nombre d’universités de l’espace francophone ouest africain à créer ce qu’ils ont  appelé le réseau pour l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’ouest (RESAO)  en 2005 à Lomé et ce réseau a travaillé à l’harmonisation des pratiques pour l’entrée dans le LMD et à la sensibilisation des autorités et des Chefs d’Etat sur la nécessité de réunir des moyens pour l’entrée dans la reforme LMD et il y’a un travail énorme qui a été fait par ce réseau depuis 2005 et les bases de ces différentes réflexions ont permis justement aux différentes universités de l’espace francophone ouest africain de travailler justement à rentrer de façon harmonisée dans la reforme LMD et justement ce travail a été fait pendant un certain moment et malheureusement ce réseau est tombé dans une sorte de léthargie.  Et nous avons travaillé à relancer ce réseau là. On travaille vraiment à le faire depuis février passé. Le 25 février, nous avons eu un colloque à Niamey où on a  relancé ce réseau qui connait l’essentiel des universités francophones publiques de l’espace UEMOA. Ce réseau justement a choisi un Président qui est le recteur de l’Université Abdou Moumouni de Niamey et il y’a un vice Président en ma personne, Président de l’Université Ouaga II pour un mandat d’un an pour qu’on puisse relancer les activités de ce réseau parce que on est conscient. Et un état des lieux est en train d’être fait, de mise en œuvre du LMD, il y’a des difficultés partout d’où la nécessité effectivement de réfléchir à y aller. Alors, l’une des difficultés fondamentales, c’est le manque de moyens qui est nécessaire pour l’entrée dans le LMD. Et cette question est adressée à toutes les autorités. Que ce soient les autorités burkinabés, les autres autorités des autres pays, cette question est adressée. Il y’a d’autres questions fondamentales qu’il faut régler, il y’a la question des infrastructures qui est une question fondamentale, la question des ressources humaines, la question de la rédaction des curricula, la question des régimes des études, ce sont des questions effectivement qu’il faut régler et harmoniser et ce travail est entrain d’être fait. Alors un certain nombre d’universités sont rentrés dans la reforme depuis un certain moment. L’Université de Ouagadougou en 2009, en 2010 ont suivi les universités de Bobo et de Koudougou etc. et Ouaga II est entré dans la reforme en 2013 par le Doctorat d’abord et ensuite par les Licences cette année donc nous travaillons malgré les difficultés à faire en sorte que ce LMD puisse se passer dans de bonnes conditions. C’est vrai qu’il y’a des difficultés. Quand on regarde dans certaines structures où des étudiants sont obligés de faire justement cinq (05) ans sans redoubler pour avoir une Licence, c’est une difficulté fondamentale que nous comprenons. Mais cette difficulté fondamentale est liée à une question d’infrastructure et je voudrais dire que LMD ou pas LMD la question des infrastructures reste une question à régler, la question des ressources humaines est une question à régler. Mais vous vous imaginez on n’a changé de système d’enseignement pour le cas par exemple de l’Université de Ouagadougou en 2009. 2009 à aujourd’hui les gens sont à un nouveau système donc arrêter ce système et revenir dans le système classique, c’est demander encore aux  enseignants de reprendre. Parce qu’ils ont abandonné le système. Ce n’est pas un système qui est assis et qui attend hein ça il faut le dire, donc ils sont obligés d’abandonner et de recommencer encore à revoir un ancien système et de revenir. Ça c’est, j’ai peur d’évaluer les conséquences de ce retour là. Mais nous ce que nous avons dit aux étudiants, on est conscient des difficultés que le système LMD aujourd’hui a parce que c’est un système exigeant qui nécessite des moyens, nous adressons la question à nos autorités, il n’appartient pas à un Président d’université de dire nous suspendons le LMD parce que le LMD a été imposé par les Chefs d’Etat comme je vous le disais tantôt. Et à notre niveau, c’est un décret du Chef de l’Etat qui a été pris en 2009 pour dire que désormais, l’enseignement supérieur est régi par le système Licence-Master-Doctorat. Si on doit le supprimer, il faut repartir par ce procédé. Un Président ne peut pas le suspendre, un   Ministre ne peut pas le suspendre, c’est un Conseil des Ministres qui a à sa tète un Chef d’Etat qui peut décider de la suspension. Mais ce que je peux dire, le conseil que je peux donner c’est de réfléchir aux conséquences que cela peut apporter parce qu’on le décrète  en donnant l’impression que ces enseignants qui sont plongés totalement dans le système LMD ont la latitude en une ou deux journées de revenir au système qu’ils ont abandonné depuis 2009. Je pense que ce n’est pas très évident donc il faut qu’on sache raison gardée et qu’on continue de travailler à trouver les moyens de résoudre les problèmes qui se posent à nous, qui sont des problèmes liés aux infrastructures, qui sont des problèmes liés aux ressourcés humaines, qui sont des problèmes liés à la massification des effectifs. C’est clair que lorsque vous avez trois mille cinq cent (3 500) étudiants en première année de droit ou d’économie et que vous devez faire quatre sessions d’examen dans une année au lieu de deux avant, vous multipliez le nombre de copies à corriger par quatre au lieu de deux, nécessairement ca peut jouer sur effectivement la fin d’un semestre, d’une année etc. Donc on  a besoin de ressources humaines, on a besoin d’infrastructures. Les infrastructures, l’Etat peut décider dès qu’il a les moyens de dire bon on va construire en deux ans, trois ans des infrastructures pour résoudre le problème mais la question des ressources humaines est encore plus délicate. Parce que les ressources humaines dont on parle là qui les forme ? C’est nous, enseignants chercheur qu’ils soient agrégés ou prof etc. qui formons, vous faites, le point on n’est pas nombreux. Donc il y’a la question même de la formation à la réserve qu’il faut adresser, il faut travailler à résoudre avec les enseignants que nous sommes sur place, mais avec des collègues qui sont dans la sous-région ou qui sont dans le nord pour qu’ils aident à les former. Donc il faut aussi que l’Etat effectivement mette les moyens à trouver des bourses pour former les gens parce que ça sa ne se résout pas à travers une revendication, ça c’est une question assez délicate parce que vous ne pouvez pas imposer à un enseignant chercheur de former vingt ou trente thèses par an.  Ce n’est pas possible. Dans certains domaines, arrivé à faire sortir une thèse par an par un enseignant chercheur ça relève de l’exploit donc il faut faire très attention cette question est assez délicate, c’est vrai que les effectifs arrivent à grand pas. Mais cette question là est une question délicate qu’il faut régler en évitant la passion parce que c’est assez délicat. Donc ce que je voudrais en résumé  dire par rapport à la question du LMD, c’est une question assez difficile, je suis d’accord mais je ne pense pas qu’on ait aujourd’hui le choix de reculer parce que tout ce qui a été fait mérite d’être consolidé à travers une allocation suffisante de ressources financières pour qu’on puisse régler les problèmes. Parce que malgré notre bonne volonté, là aujourd’hui par exemple, quand je prends le cas de l’université Ouaga II. On a fini un certain nombre d’enseignants, mais les difficultés d’utilisation de salles de travaux dirigés font   qu’on continue des cours en attendant de régler ces questions pour revenir. Si on avait effectivement des salles de travaux dirigés en quantité suffisante, on aurait pu régler cette question. Donc là je suis d’accord avec vous que la question des infrastructures est une question fondamentale et on ne peut pas faire l’économie de cette question là. Mais tout tourne autour de l’argent, donc il faut travailler à le résoudre. Donc  moi ce que je voudrais enfin dire à tous les protagonistes de cette crise liée au LMD, c’est de savoir raison gardée et qu’on puisse se retrouver régulièrement et discuter pour trouver des solutions palliatives. Voilà. Je ne pense pas que la suspension du LMD puisse résoudre le problème. Qu’il y’ait LMD aujourd’hui ou pas, il n’ya pas de salles, il n’ya pas de salles voilà.

SCI : Donc c’est dire qu’en réalité, le LMD n’est pas en tant que tel le problème en soi ?c’est les mécanismes, les infrastructures …

Pr S.O: Don il y’a beaucoup d’autres problèmes ; les mécanismes, les infrastructures et tout qui posent problème. Un autre problème assez délicat, c’est la question de la disponibilité des enseignants chercheurs. Aujourd’hui malheureusement ce qu’on constate c’est que la plus part de nos collègues sont très absents des universités et ça sa joue.

SCI : Et qu’est ce qui est fait contre ça ou bien pour palier à cela ?

Pr S.O: Il y’a des réflexions qui sont en cours hein à ce niveau. Tel que la prise d’un code d’éthique et de déontologie pour que les enseignants  puissent comprendre que la priorité c’est à l’université. Donc il y’a ce projet de code d’éthique qui est en cours. Donc nous avons demandé aux différentes composantes de la communauté universitaire de pouvoir, on a rédigé un projet de code d’éthique et de déontologie qui va être le point de départ de la gestion de cette question mais pour le moment malheureusement très peu de membres de la communauté  ont réagi sur le code. Mais nous allons avancer.  Il y’a cette question à résoudre, il y’a la question de la prise de textes portant discipline des enseignants chercheurs. Ça c’est un texte qu’il faut quand même prendre pour règlementer un certain nombre de choses. Il y’a la question aussi du partenariat avec les structures d’enseignement supérieur privé qu’il faut revoir de façon à les impliquer dans la formation de la relève parce que l’essentiel de ces structures là, la plus part de ces structures n’ont pratiquement aucun enseignant chercheur. Tous les enseignants chercheurs de ces structures, même s’ils  sont à la retraite ont été formés par les structures publiques et même s’ils ne sont pas à la retraite, ils sont des ressources humaines de ces universités qui vont intervenir la ba et le fait qu’ils vont intervenir la ba, ça dégrade justement l’enseignement à notre niveau parce que  c’est du temps qu’ils consacrent la ba qu’ils auraient dû consacrer à nos universités. Donc ça c’est une question fondamentale qu’il faut régler à travers cela.  Donc  il y’a la question du code d’éthique et de déontologie à mettre en place assez rapidement, la question de la discipline des enseignants chercheurs, mais aussi la question de revoir le partenariat avec les structures d’enseignement supérieur privé. Quand je prends l’exemple du Benin eux ils sont arrivés à faire quelque chose de formidable.  Je ne sais pas si on peut le faire ici, mais il faut déjà y réfléchir. C’est qu’eux à leur niveau, ils ont décidé et ils ont mis en application que toutes les structures d’enseignement supérieur privés signent des conventions avec l’université, des conventions qui précisent effectivement l’échange d’enseignants, mais tout enseignant qui intervient dans le privé, le privé est obligé de reverser à l’université 30% des honoraires de vacation ou de prestation de service dans ces structures là. Et donc ça peut permettre effectivement à l’université d’avoir des recettes qu’elle va peut être injecté dans la formation peut être des étudiants etc. en terme d’acteur et tout. Et ça ca peut aider effectivement à régler ce problème. Mais ça c’est un problème régional hein, sous-régional. Parce que lorsque nous avons discuté au niveau du Conseil Africain et Malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), lorsqu’on s’est réuni entre Président, quand on a abordé cette question, on s’est rendu compte que le même problème est posé au niveau du Togo, le même problème est posé au Mali, en Côte d’ivoire et par ci par là.  Donc ça devient une question sous régionale qu’il faut régler, il ne faut pas le régler seulement au niveau du Burkina mais il faut le régler au niveau sous régional. Et ce problème, j’ai parlé des structures privées mais des structures publiques aussi. Lorsque nos collègues se retrouvent à aller intervenir dans les universités de la sous-région pour deux, trois semaines, mais en allant intervenir, ils abandonnent leurs activités ici. Voilà il y’a ça. Quand des enseignants de l’Université Ouaga II se retrouvent à faire deux à trois semaines à l’Université de Koudougou pour faire des enseignements, ils abandonnent leur poste ici. Quand ils se retrouvent à Bobo pour faire des enseignements, ils abandonnent etc., etc. donc c’est une question suffisamment complexe qui ne s’adresse pas seulement au privé, mais à l’ensemble des  publiques donc il faut qu’on réfléchisse à trouver des solutions pour que même si c’est de façon nécessaire, c’est même nécessaire de le faire, mais qu’elles soient encadrées de façon à ce que on ne se retrouve pas dans des situations où l’enseignant est plus présent dehors, que à l’intérieur de la structure ou l’intéressé est embauché. Donc c’est vraiment cela. Je ne souhaite  pas qu’on retienne de ce que j’ai dit  qu’il ne faut pas que les enseignants de l’Université Ouaga II par exemple  qui n’interviennent qu’à Ouaga II seulement   mais j’ai dit qu’il ne faut pas qu’ils soient plus présent en dehors de Ouaga II qu’à Ouaga II.  C’est ce que je voudrais dire. Parce que quand on dit que des enseignants aussi prennent des copies, ils font six, sept mois avant de corriger. Mais s’ils ont des copies de Ouaga II, des copies de Ouagadougou, des copies de l’université de Koudougou, des copies de Bobo, des copies de l’USTA, des copies de l’UCAO, il va de soi qu’ils n’auront pas la possibilité de pouvoir corriger à temps. Donc ce travaille là il faut qu’on travaille à le régler parce que ça devient de plus en plus grave effectivement lorsqu’ un enseignant fait six, sept mois avec des copies, c’est quand même quelque chose d’assez grave et naturellement il joue de façon négative sur le calendrier universitaire et ceux de la fin des années académiques et ça ce n’est pas bon.

SCI : Une avant dernière question et cette question c’est vous qui me la faites posée   par ce que vous avez soulevé de pertinent. Notamment concernant la relève parce que à Ouaga II il y’a quelque chose de salutaire que vous avez entrepris avec le recrutement massif de notamment en faculté de droit d’étudiants en Master de Recherche. C’est quelque chose qui devait être fait depuis longtemps,  il n’est pas tard pour bien faire certes mais est ce qu’il ne faut pas à l’instar de ce que vous avez fait à Ouaga II vulgariser cette pratique à tel point qu’on puisse avoir à court, moyen et long et terme une relève conséquente afin de ne pas pouvoir laisser certaines matières à l’apanage de certains enseignants qui se croient peut être les seuls ce qui fait peut être qu’aujourd’hui on a un problème d’enseignant , on a un problème de relève, parce que dans certains domaines on trouve que certains enseignants sont les seuls. Ce n’est pas intéressant pour une relève vous permettez le moi, vous êtes jeune, vous le comprenez mieux, vous le vivez mieux, vous pourrez peut être voir dans quelle mesure avec vos pairs, pourquoi pas ne pas user de votre lobby  pour que cela puisse être une pratique partout.  Parce qu’aujourd’hui il faut le dire, ça pose un problème majeur. Beaucoup d’étudiants finissent, il y’a de la matière, il y’a de la compétence, maintenant qu’est ce qui est fait pour les récupérer afin que  ceux là puissent être utiles à leur université d’origine ?

Pr S.O: C’est vrai, c’est une question pertinente. Ce qu’il faut dire c’est que nous avons travaillé à mettre en place en particulier à l’UFR de droit, nous travaillons à le faire à l’UFR sciences économiques et gestion aussi. Mais ça a existé par le passé à l’UFR de droit hein. Il y’a de jeunes collègues aujourd’hui qui sont enseignants mais qui sont passés par cela à l’UFR de droit. Donc le DEA à existé à l’UFR de droit mais il y’a eu un problème de gestion, un problème de gestion entre l’administration, les enseignants qui le géraient et les étudiants. Donc il y’a eu par moment une partie qui n’a pas respecté son contrat. Et en particulier les étudiants, parce qu’ils refusaient de payer c’est ce qu’on m’a dit, les frais de formation. Donc c’est tombé en léthargie. Mais au-delà de cela ce qu’il faut dire aussi c’est que pour encadrer au niveau Master et au niveau doctoral, il faut être enseignant de rang A, donc Maître de Conférences ou Professeur titulaire. Il n’y en a pas assez. Il y’a cette question aussi qu’il faut régler. Question de ressources humaines qu’il faut régler. En droit privé on a un seul prof titulaire de droit privé qui est le Pr Filiga qui est aujourd’hui le Ministre des enseignements secondaire et supérieur  et qui est responsable normalement du Master en droit privé que nous avons crée donc ce n’est pas évident. Donc il faut au-delà de cela travailler à ce que les  jeunes collègues qui sont là puissent passer  agrégés assez rapidement de façon à contribuer à la formation. Il y’a ce défi à relever et nous travaillons à le faire à travers les sessions de préparation aux concours d’agrégation, mais aussi l’octroi de voyages d’études aux collègues enseignants. Mais à coté de cela on a effectivement travaillé quand on est arrivé, dès le début de notre mandat notre objectif, c’était de relancer effectivement la formation recherche en droit mais on a été confronté au fait qu’il fallait régler le passif.  Parce qu’il y’a des étudiants qui étaient là depuis trois, quatre ans en DEA et qui n’avaient pas soutenu. On a dit bon, vous finissez ça avant qu’on ne reprenne. Et en décembre 2012 quand on a fait le point ce n’était pas réglé, on est allé jusqu’en 2013. Et c’est l’année passé le passif a été réglé et on a relancé et là j’ai vu il y’a un engouement pour le faire et comme je vous le dit, il y’a très peu de collègues qui sont enseignant de rang A en droit ,en économie ou en gestion, on est obligé de faire venir des missionnaires et ça a un coût. Et au-delà de tout, il faut dire que les actions que nous menons demandent vraiment un appui financier assez conséquent. Nous le faisons maintenant,  mais nous ne pouvons pas continuer de le faire si les budgets n’évoluent pas. Il ya ce travail qui doit être fait  et effectivement il faut qu’on le maintienne parce que c’est eux qui seront la relève de demain. Et faire venir des gens pour les encadrer, donc ce travail se fait et c’est des  trucs qu’il faut effectivement développer ça et là. Mais je pense que ça se fait déjà dans pas mal de structures mais il y’a une autre question qui est la question de la motivation aussi des enseignants chercheurs parce que former des étudiants en thèse ça demande un effort énorme donc il y’a une question de motivation a faire, nous on avait proposé qu’on puisse mettre en place un mécanisme de motivation de manière à ce que tout enseignant qui encadre une thèse puisse avoir une prime en fin d’année.  Je pense que si on le fait ça peut aider. Il ne faut pas négliger cela. Il ne faut pas qu’à travers cela on ait l’impression qu’on veut  de l’argent à tous les coups, mais on a besoin de former de la relève, tout ce qui peut aider à la formation de la relève, il ne faut pas lésiner la dessus. Beaucoup de pas le font, le Niger le fait, certains pays le font.  Dès que vous arrivez à faire soutenir une thèse, vous avez une prime par exemple d’un million. Si on le fait, beaucoup de gens vont se sentir peut être concernés par la formation. Je ne dis pas que c’est que l’argent qui peut le faire mais ça peut aider. Si ça peut aider il ne faut pas hésiter à le faire. En gestion on a un agrégé donc on est entrain de travaillé à mettre en place un Master   Recherche en gestion, ça n’existait pas. Il faut aussi former la relève mais c’est vrai qu’il faut travailler à la formation de la relève mais pour que cela puisse se faire, il faut que nos jeunes collègues puissent passer les grades de façon à pouvoir encadrer parce que pour encadrer, il faut être enseignant de rang A. Et donc nous essayons de le faire. Mais ça ca demande  des moyens. Chaque session de préparation au concours d’agrégation nous a couté autour de quarante millions (40) de FCFA. On a fait deux l’année passée. Donc  ça demande vraiment des moyens et là on est dans des budgets d’austérité et ce n’est pas facile, mais on profite justement de votre tribune pour dire, il faut qu’on le fasse. Si on ne forme pas à la relève, l’université meurt. Et une université c’est  un lycée où on fait de la recherche.  Donc une université où il n’ y’ a plus l’aspect recherche c’est un grand lycée. Donc il nous faut forcement le faire pour éviter qu’effectivement on soit là en train de maintenir au-delà de la retraite des collègues parce qu’on n’arrive pas à les former. Donc c’est tout à fait normal de le faire et je souhaite que les collègues de droit puissent continuer l’effort qu’ils ont consenti en relançant effectivement cette formation.  Je  vois effectivement un engouement pour ça et je souhaite que  ça puisse perdurer de façon à ce qu’on n’ait plus de problème de relève en droit. Que la même chose puisse se faire en économie et en gestion pour qu’on n’ait plus de problème. Et dans d’autres structures. Voilà c’et un peu cela. Donc c’est vraiment une très bonne initiative, mais cela ne peut se faire sans l’accompagnement des enseignants. Vous avez beau avoir cette vision, vous avez beau vouloir  mettre les moyens, si les collègues enseignants ne veulent pas le faire, c’est pour cela qu’au-delà de ce que j’ai dit, beaucoup de collègues se retrouvent dans le privé.  Des collègues qui sont attachés à l’université et qui se battent pour le faire, il ne faut pas qu’on oublie cela et je profite de votre micro pour saluer cette initiative, les féliciter et  les encourager parce qu’on a beau dire qu’on va lancer un Master Recherche , vous dire qu’on va lancer une formation doctorale dans un domaine donné , si les enseignants ne s’engagent pas, même si vous avez des milliards, ce n’est pas possible et pour ce faire, il faut que les étudiants aussi le comprennent et qu’ils puissent à travers leur comportement, a travers leurs revendications toujours se souvenir de ça  et de temps en temps reconnaitre cette effort que les enseignants font pour pouvoir  donc former les étudiants malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils  étudient. Allez-y au SIAO pour voir dans quelles conditions les étudiants prennent des cours. C’est difficile pour les étudiants, mais c’est difficile aussi pour les enseignants donc de temps en tant dans leurs revendications qui sont légitimes il faut qu’ils se souviennent aussi des efforts que les enseignants font, des efforts que les personnels altos fait pour que chaque année on puisse avoir des promotions qui sortent. C’est important.

SCI : Et là je vais vous demander  votre dernier mot, peut être quelque chose que vous aurez souhaité que nous abordons et que nous n’avons pas bien abordé et voilà.

Pr S.O: Moi ce que je voudrais en guise de dernier. C’est de dire qu’au-delà des difficultés que nous connaissons, nous devons travailler à avoir permanemment à l’esprit que nous devons sauver l’essentiel. Ça n’arrange personne, que d’être dans une université qui ne marche pas, une université fermée. Donc une université malgré les difficultés hein on peut aller par ci par là. J’ai été à Niamey il n’ya pas longtemps dans le cadre du RESAO je me suis rendu compte des mêmes difficultés. J’ai  été par ci par là, donc je pense que nous devons travailler à sauver l’essentiel et je m’adresse aux plus hautes autorités. C’est vrai que lorsqu’on discute avec les étudiants, ils nous voient comme les plus hautes autorités, vous pouvez faire ceci, vous pouvez faire cela mais nous, nous avons nos patrons aussi au dessus. Les Ministres et tout. Ce que je peux dire à l’attention du gouvernement c’est de prendre à bras le corps la question de la jeunesse. La question des universitaires, elle est essentielle, aucun pays développé ne l’est sans université de référence. Donc il faut vraiment que la question de l’université ne soit pas seulement une question laissée à la réflexion des Présidents d’universités ou des enseignants ça doit  être une question nationale et il faut qu’il ait effectivement un conseil présidentiel sur l’enseignement supérieur, présidé par le Chef de l’Etat qui donne des orientations et qui se donne les moyens de pouvoir atteindre des objectifs. C’est en cela que nous pourrons aller de l’avant. La deuxième chose qui est importante et que j’adresse, c’est la question du chômage, c’est une question assez délicate, c’est une question difficile, il faut qu’on la règle. Si  cette question est réglée je pense que les questions des universités aussi trouveront des solutions.  Mais ce que je souhaite c’est que les plus hautes autorités puissent mettre en place assez rapidement ce que j’appellerai un  Conseil Présidentiel pour l’enseignement supérieur qui va réunir autour du Chef de l’Etat un certain nombre de départements ministériels ,un certain nombre d’acteurs de façon à ce qu’ils puissent réfléchir annuellement sur la question de l’enseignement supérieur et se donner les moyens pour pouvoir résoudre les problèmes parce que sinon ça va être très difficile de pouvoir nous en sortir parce que les effectifs arrivent, on n’a pas le droit de  ne pas prendre des nouveaux bacheliers, mais pour les prendre il faut aussi que  on ait infrastructures de façon à pouvoir les accueillir. Donc mon dernier mot c’est ça, c’est m’adresser aux autorités pour qu’on puisse avoir rapidement un Conseil Présidentiel de l’enseignement supérieur et m’adresser aux étudiants, aux enseignants, aux personnels altos sur le fait que c’est notre instrument commun, nous devons travailler à le préserver malgré les difficultés. Merci

SCI : Professeur, nous vous remercions

Pr S.O: Merci, c’est moi qui vous remercie de m’avoir accordé cette interview.

Interview réalisée par Sylvain DA

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