POURQUOI LE CANCER TUE-T-IL DAVANTAGE LES PLUS DÉFAVORISÉS ?

Le Plan cancer, entre 2009 et 2013, a fait de la lutte contre les inégalités sociales face à la maladie l’une de ses priorités.

Pourtant, le constat est aujourd’hui implacable : au bas de l’échelle sociale – que ce soit en termes de niveau d’études, de revenus ou de catégorie socioprofessionnelle – on est plus souvent victime du cancer et on en meurt plus.

Pis, les écarts se creusent. Dans les années 1970, le risque de mourir d’un cancer était 1,5 fois plus élevé chez les personnes ayant un niveau d’étude faible par rapport aux plus diplômées. En 2013, ce chiffre s’élevait à 2,5 !

Et en la matière, notre pays fait figure de très mauvais élève. “La France est un des pays d’Europe de l’Ouest où les inégalités de mortalité par cancer sont les plus importantes”, notaient les chercheurs de l’Institut national du cancer (INCa) dans un rapport de 2012.

Ainsi, pour les cancers des voies aérodigestives (cavité buccale, larynx, pharynx), l’écart de mortalité entre le haut et le bas de l’échelle sociale est deux fois plus important en France qu’en Belgique ou au Danemark.

LES CLASSES LES PLUS PAUVRES SE FONT MOINS DÉPISTER

Comment de telles inégalités ont-elles pu perdurer et même se renforcer au fil des ans, dans un pays souvent vanté pour la qualité et l’accessibilité de son système de santé ? “La prévention, le dépistage ont probablement bénéficié de façon plus importante aux catégories les plus favorisées”, avance l’Institut dans son étude.

Autrement dit, le message est bien passé dans les classes supérieures, beaucoup moins dans les autres. Pour preuve : en Isère, la différence de participation au dépistage des cancers colorectaux est de 29 % entre les zones de résidence les plus aisées et les plus précaires. Ce qui a renforcé les écarts.

Certains facteurs de risque, précisément liés au monde du travail, sont aussi à prendre en compte : parmi les salariés exposés aux cancérogènes en milieu professionnel, 70 % sont des ouvriers.

Et même lorsque les plus défavorisés sont moins touchés par certains cancers, ils ont un taux de survie moindre que les plus aisés ! Les études épidémiologiques révèlent ainsi que les femmes les plus aisées ont 1,6 fois plus de risques de développer une tumeur du sein (grossesses plus tardives et nombre moins élevé d’enfants, deux facteurs de risque connus de ce type de cancer) mais y survivent mieux, grâce à un meilleur accès au soin.

Et pour cause, les cinq régions présentant les plus faibles densités de spécialistes sont parmi les régions de France ayant le plus fort taux… de pauvreté. Pas de doute, en ce qui concerne le cancer, la pauvreté tue.

(Visited 1 times, 1 visits today)