REGIS BAKYONO

Régis Kevin BAKYONO  » Et si la victime devenait juge »

« La société dans laquelle nous vivons est difficile. Les relations que nous entretenons avec nos semblables sont difficiles. C’est possible que cela ait toujours été le cas, mais je dis, faisons attention les uns aux autres parce qu’un jour, eh oui, un jour, la victime peut devenir juge. »

REGIS BAKYONO

De passage à Ouagadougou pour la dédicace de son œuvre « Et si la victime devenait juge !  », L’écrivain et diplomate burkinabè, Régis Kévin BAKYONO, présentement en poste à l’Ambassade/Mission permanente du Burkina Faso à vienne (Autriche), s’est confié à la rédaction de Sciences-Campus Info.

SCI : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du magazine Sciences-Campus info ?

Régis K.BAKYONO : Avant tout propos, j’aimerais remercier la Direction et toute l’équipe de Sciences-Campus  Info pour cet entretien qu’elles m’accordent à l’occasion de la publication de mon recueil de nouvelles « Et si la victime devenait juge ! »

Je suis Régis Kévin BAKYONO, je suis écrivain, littéraire de formation, et diplomate de carrière. Je suis présentement en poste à l’Ambassade/Mission permanente du Burkina Faso à Vienne, en Autriche, où j’exerce en qualité de Deuxième conseiller.

SCI : Comment résumeriez-vous votre parcours universitaire ?

Régis K.BAKYONO :  Mon parcours universitaire est celui d’un jeune burkinabè qui, après le bac A, a rejoint le Grand séminaire Saint-Pierre Claver de Koumi (Burkina Faso) où il a étudié la philosophie tout en s’initiant à la théologie. J’ai ensuite fréquenté l’Université de Ouagadougou où j’ai obtenu un DEA en Lettres Modernes avec une spécialisation en littérature orale et sciences du langage. J’ai également étudié la diplomatie et les relations internationales à l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature de Ouagadougou.

SCI : Diplomate, vous êtes aussi écrivain. Comment alliez-vous ces deux casquettes ?

Régis K.BAKYONO : Je dirai d’emblée que ces deux casquettes ne s’opposent nullement. Etre diplomate n’exclut pas que l’on soit écrivain, et vice-versa. Avant moi, beaucoup l’ont fait ailleurs comme au Burkina Faso. Les exemples de diplomates écrivains ou d’écrivains diplomates foisonnent.

En ce qui me concerne, il faut relever que je suis à la fois mû par la passion de la profession que j’exerce et par celle de la littérature de façon générale, et plus précisément de l’écriture. Notre génération a bénéficié de la connaissance contenue dans les textes de nos devanciers. Il nous appartient, à notre tour, de poursuivre l’exercice de l’écriture pour que d’autres en bénéficient. Partant, je me suis lancé dans l’aventure de l’écriture avec tout ce que cela comporte comme difficultés. Toutefois, il convient de souligner que cette aventure est passionnante avec, au total, beaucoup de satisfaction, beaucoup de joie et d’amour à partager.

SCI : Parlez-nous de votre premier ouvrage.

Régis K.BAKYONO :  La première œuvre que j’ai écrite, « La question identitaire dans les conflits en Afrique », publiée en 2011, est en réalité un travail de recherche que j’ai réalisé dans le cadre de mes études de Diplomatie. Il a été relu, actualisé et édité. C’est de la littérature scientifique.

SCI : Qu’est-ce que la littérature scientifique pour le profane ?

Régis K.BAKYONO :  Je parle de littérature scientifique dans la mesure où le travail qui été réalisé obéit aux exigences de la méthodologie de recherche ainsi que de la science que constituent les Relations internationales.

SCI :  « Et si la victime devenait juge ! », votre dernière œuvre en date, parlons-en. Voici un titre qui accroche, qui aiguise l’appétit pour la lecture. Dites-nous ce qui l’a inspiré et ce qui se cache derrière ce titre.

Régis K.BAKYONO : Je vais d’abord préciser que, contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, ce titre n’est pas directement lié aux événements sociopolitiques que nous avons connus au Burkina Faso fin octobre 2014. Le livre a été publié en décembre 2014. Je n’ai pas pu l’écrire après le 30 octobre. C’est un projet que j’ai commencé depuis quelques années. Les faits décrits ne sont pas politiques même si la moralité qui s’en dégage peut très bien être reliée à l’actualité politique.

Le titre est parti de ce que, au cours de ma jeune expérience, je me suis rendu compte que rien n’était figé, qu’aucune situation, bonne ou mauvaise, satisfaisante ou non, de dominant ou de dominé, de richesse ou de pauvreté, n’était véritablement immuable, et que par conséquent tout pouvait basculer ou changer à tout moment. Quelqu’un qu’on opprime aujourd’hui, qu’on domine, peut, par un concours de circonstances se retrouver demain au-dessus de son bourreau d’hier. C’est là l’idée de victime devenue juge. Une telle personne peut alors décider de se venger ou pas, de dépasser les épreuves vécues ou non. Voilà… C’est de là qu’est venu le titre ; c’est de là qu’est venue l’inspiration pour réaliser cet ouvrage.

SCI : Combien de nouvelles contient ce recueil ?

Régis K.BAKYONO : C’est un recueil de sept nouvelles relatées en 164 pages. Chaque nouvelle s’insère dans la thématique d’ensemble véhiculée par le titre de l’œuvre mais reste indépendante des autres nouvelles. C’est d’ailleurs cela la caractéristique de la nouvelle. Parvenir dans un espace court à relater des histoires avec un message à transmettre.

SCI : Quelles ont été les conditions d’écriture, de rédaction de ce recueil de nouvelles ?

Régis K.BAKYONO :  C’est une aventure qui a commencé depuis quelques années, comme je l’ai mentionné plus haut. Au fur et à mesure que les idées me venaient je les notais. Puis, je me suis dis que le moment était venu de consolider tout cela et d’en faire un ouvrage. Il a fallu ensuite affronter la dure réalité de l’édition en Afrique. En fin de compte, je me suis jeté à l’eau avec les moyens dont je disposais, et avec l’appui de certaines personnes. C’est une conjugaison d’efforts qui a donné forme à mon projet de départ.

SCI : Où trouve-t-on l’œuvre ? Quelle est la maison qui l’a éditée ?

Régis K.BAKYONO :  L’œuvre est éditée par AFROLIVE, une maison d’édition basée à Ouagadougou au Burkina Faso. Je saisis d’ailleurs l’occasion de cette tribune pour en remercier le responsable ainsi que  ses collaborateurs pour leur professionnalisme. Parlant de diffusion, le livre est  principalement distribué par AFROLIVE qui est une émanation de la librairie Mercury qui dispose des  droits de distribution au Burkina Faso. Il est également disponible à la librairie Jeunesse d’Afrique, à la librairie DIACFA et à la Boutique la Couronne, toutes sises à Ouagadougou.

En Côte d’Ivoire, l’œuvre est distribuée par EDIPRESS et disponible notamment dans les succursales de la librairie de France et dans les grandes surfaces du groupe PROSUMA (Hayat, Sococé, Médiastore, Cap Nord et Sud). Elle est aussi accessible en ligne sur le site www.monkiosk.com

L’ouvrage est encore disponible dans certaines de nos ambassades à l’étranger, en l’occurrence, à Vienne en Autriche, à Paris en France, à Bruxelles en Belgique, à  New-York aux Etats-Unis, à Genève en Suisse, et à Rome en Italie.

SCI : Quelles sont les échos qui vous parviennent depuis la parution du recueil ?

Régis K.BAKYONO : Les premiers échos qui me parviennent sont satisfaisants. Il y a une forte adhésion à ce livre. En témoignent les chiffres de vente. Je voudrais ici remercier les lecteurs pour leur soutien et leur adhésion massive à l’ouvrage.

Mais au-delà des appréciations, au-delà des histoires qui peuvent emballer ou pas, il est essentiel que le message soit saisi. Le message de « Et si la victime devenait juge ! » est un message qui peut être compris aussi bien sur un plan horizontal que vertical.

Je m’explique. Sur le plan horizontal, j’invite à faire attention dans nos rapports en société parce qu’à tout moment, tout peut changer. La vie est un fleuve sinueux, tortueux, au détour duquel, et à n’importe quelle étape du parcours, l’on peut croiser ou décroiser son destin.

Sur le plan vertical, la vie peut nous imposer sa dictature, elle peut nous sembler injuste,  mais nous avons le devoir de résister, nous avons le devoir de refuser d’être des victimes de la vie. Et c’est aussi cela le message que j’ai à partager avec mes frères, mes sœurs, mes lecteurs.

SCI : Votre  dernier mot Monsieur Régis Kévin BAKYONO.

Régis K.BAKYONO : La société dans laquelle nous vivons est difficile. Les relations que nous entretenons avec nos semblables sont difficiles. C’est possible que cela ait toujours été le cas, mais je dis,  faisons attention les uns aux autres parce qu’un jour, eh oui, un jour, la victime peut devenir juge.

A l’endroit de Sciences-Campus Info, j’ajouterai que tout ce qui est fait pour aller à la rencontre des autres, tout ce qui est fait pour davantage rapprocher les individus les uns des autres, tout ce qui est entrepris pour promouvoir la culture, pour communiquer, est à saluer et sous ce rapport, j’aimerais féliciter Sciences-Campus Info pour son initiative de partage de l’information. Merci d’aller à la rencontre, à la conquête des personnes de tous bords, assoiffées de savoir.  Vive donc Sciences-Campus Info, vive le savoir, et vive « Et si la victime devenait Juge ! ».

Interview réalisée par Sylvain DA 

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