ROSETTA : PREMIÈRES IMAGES DE LA COMÈTE

C’est fait, et c’est une première dans l’histoire de l’exploration du système solaire : la sonde européenne Rosetta, après un périple plein de périls, a réussi sa mission principale : rejoindre la comète Churyumov-Gerasimenko, en attendant de se satelliser véritablement autour d’elle, dans quelques semaines. Emportée par une fusée Ariane 5, Rosetta a quitté la Terre voici dix ans, en mars 2004, et après avoir croisé les astéroïdes Steins, en 2008, et Lutetia, en 2010, a progressivement ajusté son orbite sur celle de la comète, avant de la suivre, désormais, à une distance de l’ordre de 100 kilomètres aujourd’hui. Dans les semaines qui viennent, les instruments scientifiques embarqués à bord de Rosetta scanneront systématiquement la surface de la comète, d’abord pour la cartographier complètement, ensuite pour trouver ses « spots » d’activité, laquelle va augmenter dans les mois qui viennent, au fur et à mesure de son approche du Soleil…

L'activité de la comète Churyumov-Gerasimenko a débuté bien plus tôt que ne l'envisageaient les planétologues européens. Les geysers, à la surface de l'astre glacé, qui en s'approchant de plus en plus du Soleil vont expulser dans l'espace une grande quantité de gaz et de glace, vont-ils perturber la mission Rosetta ? Photo ESA.

Si tout va bien, l’ESA approchera sa sonde plus près de la comète, jusqu’à une cinquantaine de kilomètres, puis, si l’activité de Churyumov-Gerasimenko ne met pas la sonde en danger, jusqu’à une trentaine de kilomètres, distance à laquelle la masse de la Churyumov-Gerasimenko sera probablement suffisante pour permettre la mise en orbite de la sonde… A une telle distance, la caméra Osiris de Rosetta permettra de photographier des détails de 50 centimètres à la surface de la comète ! Cette caméra est équipée de deux optiques, dont un télescope de 90 mm de diamètre et 700 mm de focale, de la taille d’un petit instrument d’amateur.

La comète Churyumov-Gerasimenko a une structure bilobée. S'agit-il de deux comètes qui se sont jadis percutées ? Un jour, probablement, sous l'action des feux du Soleil, la comète, fragile se désagrégera. En attendant, les scientifiques et ingénieurs de l'ESA doivent trouver dans ce paysage dantesque un endroit propice pour poser leur fragile module Philaé... Photo ESA.

Aujourd’hui, les astronomes et planétologues de l’ESA étudient déjà des centaines d’images et une masse de données considérable – mesures de température, spectres – obtenus par leur sonde, l’agence européenne, après quelques ratés de communication au moment de l’approche finale de sa sonde, distillant désormais quelques images chaque semaine à destination du grand public.

Mais surtout, scientifiques et ingénieurs ont des sueurs froides… Comment vont-ils, dans les trois mois qui viennent, trouver un terrain d’atterrissage pour le module Philaé, qui doit se poser sur la comète ? Celle-ci, on le sait, a déjoué les prédictions des chercheurs, qui avaient développé un modèle numérique de Churyumov-Gerasimenko très sage et symétrique.

C'est à l'un des deux pôles de la comète Churyumov-Gerasimenko que l'on trouve l'un de ses paysages les moins accidentés. Un terrain d'atterrissage propice pour le module Philaé ? Photo ESA.

Las ! La comète est en réalité double et sa surface est extrêmement accidentée. L’ombre projetée des « montagnes » qui la couvrent pourrait dégrader l’alimentation en énergie solaire du module, et ces mêmes reliefs pourraient couper les communications entre la sonde et son module ! Trouver un terrain d’atterrissage tout à la fois vaste et relativement plat est donc désormais le défi que doivent relever les scientifiques de l’Agence spatiale européenne. Une fois cette région de la comète choisie, Rosetta descendra jusqu’à quelques kilomètres de la surface – la caméra Osiris pourra alors montrer des détails de l’ordre de 10 centimètres du paysage de la comète ! – et larguera Philaé… La sonde pourra t-elle s’approcher suffisamment près de la comète si celle-ci connait une activité bien plus forte que prévue, comme on peut le craindre après le sursaut qu’elle a connu voici quelques semaines ? Philaé pourra t-il se poser et s’accrocher à la surface d’un astre dans un champ de gravitation quasi nul ? Réponse dans quelques mois, au fil d’une mission – probablement l’une des plus spectaculaires de l’histoire de l’exploration du système solaire – qui nous fait découvrir progressivement un véritable monde de science-fiction.

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