La guerre civile au Soudan du sud aurait causé environ 400 000 morts. Ce chiffre a été révélé par les chercheurs du London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM). Un bilan vertigineux qui pourrait s’alourdir suite à la reprise des combats dans plusieurs régions du pays.
Le 12 septembre 2018 le président Salva Kiir et Riek Machar signaient un compromis à Addis-Abeba et décidaient d’enterrer la hache de guerre. Un accord de paix qui devait mettre fin à presque 5 années de guerre civile au Soudan du sud. Dans une situation ou l’heure semble être à l’apaisement, des chercheurs du London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) viennent de dresser un bilan du nombre de victimes entre Décembre 2013 et avril 2018. En rappel les affrontements avaient éclaté en décembre 2013 entre les forces du président Salva Kiir et ceux de son ancien vice-président Riek Machar, suite au limogeage de ce dernier après des désaccords politiques. Selon l’étude menée par ces chercheurs, le conflit armé aurait fait environ 383 000 morts. Un chiffre terrifiant rejeté par le gouvernement sud soudanais qui parle plutôt de 20 000 morts. Mais selon l’un des auteurs du rapport, Mr Francesco Checchi, ce bilan inclut non seulement toutes les personnes qui auraient été tuées par balles ou autres causes violentes mais aussi celles qui sont mortes à cause des effets indirects du conflit, par exemples les décès dus aux manques de soins ou les femmes qui accouchent hors des services médicaux. « Ce chiffre inclus tous les morts qui viennent du fait que les populations doivent se déplacer, le peu d’accès à la nourriture. L’accumulation des différentes causeset les différents facteurs de risque font que dans une population d’environ 12 millions d’habitants sur une période de 5 années, on arrive à des chiffres tellement agaçants » renchérit-il. Mr Checchi parle même de sous-estimation car le résultat de leur étude ne tient pas en compte la majorité des décès chez les petits enfants. Pour effectuer leur recherche, les chercheurs se sont basés entre autres sur plus de 200 sondages réalisés par 36 gouvernements, ONG humanitaires et agences de l’ONU. Une conclusion qui donne une nouvelle appréhension sur l’ampleur prise par la crise au sud soudan. Le bilan pourrait même s’alourdir suite à la reprise des combats dans plusieurs régions du pays car un climat de suspicion existe entre les deux belligérants.
Ephraïm BAMBARA