Zoom sur les têtes d’Ifé, un véritable chef-d’œuvre de l’art nigérian

Située à 215 kilomètres au nord-est de la ville nigériane de Lagos, Ife est le lieu où des archéologues ont découvert une série de sculptures qui ont révélé au monde la riche histoire de l’art et  de la culture yoruba.

Les têtes d’Ifè montrent un goût prononcé pour la symétrie. Certains visages sont ornés de lignes et de motifs, et des coiffures élaborées surmontent ces têtes majestueuses. Selon l’ethnologue allemand Leo Frobenius, bien qu’ancrées dans un profond racisme, ses théories sur les origines de ces têtes et la fascination qu’elles ont suscité un changement dans la façon dont le monde occidental considérait les cultures africaines.

Lieu sacré

Apparue il y a environ 1 000 ans, la culture yoruba a fleuri dans la région et ses habitants ont fondé de nombreux royaumes et villes. Les Yoruba constituent de  nos jours  l’un des plus grands groupes ethniques du Nigeria. Fondée au 11e siècle, Ife était connue pour le savoir-faire de ses artisans. En 1897, les Britanniques avaient rapporté du royaume du Bénin des bronzes élaborés. Malgré son admiration pour ces sculptures, l’ethnologue allemand soutient   que les survivants de la légendaire Atlantis avaient apporté des savoir-faire de leur civilisation grecque en Afrique. Par exemple, le dieu yoruba Olokun, n’était autre, disait-il, que le dieu grec de la mer Poséidon.

Démystifier les préjugés

La tête d’Olokun, écrivait-il, avait « une symétrie, une vitalité, rappelant la Grèce et une preuve que, autrefois, une race, bien supérieure en tension aux Noirs, s’était installée ici ». L’archéologue nigérian Ekpo Eyo écrivit plus tard que les notions préconçues de la soi-disant civilisation occidentale ont aveuglé les chercheurs non-africains sur le fait que des œuvres d’art et de culture complexes et sophistiquées pouvaient provenir être l’œuvre d’artistes africains. « Ceux qui étaient au pouvoir en Europe au cours des siècles précédents ont eu recours à la division, ils ont nié à l’art africain la place qui lui revenait dans l’histoire de l’effort créatif humain universel. », a-t-il  souligné. Les chefs-d’œuvre d’Ife ont donc  joué un rôle clé dans le renversement des préjugés selon lesquels l’Afrique ne produisait que de l’art « primitif ». En réponse à une exposition des têtes de 1948 au British Museum, une publication londonienne déclarait que « Cet art africain est digne de figurer parmi les plus belles œuvres d’Italie et de Grèce ». L’étude a montré aussi  que les chefs royaux représentés n’étaient pas des dieux mais des hommes les ooni, souverains des royaumes yoruba. Les riches ooni ont obtenu les métaux pour les œuvres d’art en échangeant de l’or et de l’ivoire le long des routes sahariennes vers l’Europe. Pour les Yoruba, les têtes sont plus que de beaux objets. Dans la croyance yoruba, la tête est la demeure des Ori, le siège de l’âme et le lieu où le destin d’une personne est déterminé.

Source:national geographic.fr

K.Fiakofi

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