Fann Attiki, lauréat du prix littéraire Voix d’Afriques avec son roman « Cave 72 »

L’écrivain et slameur congolais né en 1992 à Pointe-Noire est le deuxième lauréat du prix lancé par les éditions Jean-Claude Lattès et RFI, en partenariat avec la Cité internationale des arts. Son manuscrit, paru le 1er septembre, s’est distingué parmi 350 écrits par des auteurs de moins de trente ans jamais publiés et résidant en Afrique. Sans les heures perdues ou gagnées, question de point de vue dans les cafés de Brazzaville, Fann Attiki n’aurait pas eu de sujet ni de personnages. Maman Nationale, l’énergique tenancière du Cave 72 qui donne son titre au livre, ainsi que Verdass, Ferdinand et Didi sont tirés de ses contemplations. Les trois jeunes amis ont « cassé le stylo » arrêté les études, après avoir constaté la gabegie qui règne à l’université. L’auteur lui-même à 19 ans, a interrompu un ennuyeux BTS en électronique et maintenance informatique. Il trouve un emploi dans une pharmacie dont il est licencié au bout de deux ans. « A partir de là, j’ai décidé de vivre de ce que j’aimais faire : le slam », a-t-il raconté selon Le Monde.

Satire politique
Cave 72 décrit le vaste complot politique qu’ourdissent le Guide, un ancien ministre, un colonel et ses sbires, désignant Didi, Verdass et Ferdinand comme des révolutionnaires à jeter en prison. L’histoire politique du Congo résonne dans cette intrigue haletante, sur laquelle plane l’ombre de Denis Sassou-Nguesso, président de 1979 à 1992, et à nouveau sans discontinuer depuis 1997 lorsqu’il est revenu au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat. “Je me suis servi de ce que je connais, l’histoire de mon président, cependant il ne s’agit pas que de lui. Denis Sassou Nguesso ne présente pas les traits psychologiques de mon personnage, il est plus calme.” a déclaré l’écrivain.
Les fantômes des victimes de la guerre civile hantent le roman, mais aussi la résilience des congolais, de leur capacité à se relever de l’adversité.
Des auteurs dont Flaubert, Prosper Mérimée, Tchicaya U Tam’si, Emmanuel Dongala, Alain Mabanckou, ont incité l’artiste Fann Attiki à s’engager dans le slam et dans l’écriture.

Artiste engagé

« Je travaille avec un groupe qui s’appelle Ras-le-bol. Pas pour des raisons politiques mais pour des raisons éducatives. J’anime des ateliers de slam pour les enfants. On revisite le droit des enfants, le droit humain. Il y a aussi un autre aspect qui me tient à cœur, l’engagement communautaire. Faire comprendre à ces enfants que l’arbre que nous plantons doit servir à la communauté, à l’entourage, au pays, et pourquoi pas au monde. Mon engagement consiste à m’assurer que la jeunesse pourra connaître de beaux jours, qu’elle pourra vivre dans un Congo débarrassé des corruptions, des tribalismes, des replis identitaires, de tout ce qu’on peut considérer comme négatif. Qu’il n’y aura plus de détournements de fonds, qu’il y aura une réelle démocratie. », a confié Fann Attiki à Jeune Afrique. A l’en croire, avec “Cave 72”, il veut donner de l’espoir à ceux qui souhaitent emprunter d’autres chemins que ceux de la carrière, de l’entreprise. Il donne aussi une autre image de mon pays, a-t-il dit ajoutant que “L’Afrique n’est pas que famines et guerres. C’est aussi la joie de vivre’’. Cette dualité du rire et de la satire, de l’amour et de la mort, structure son récit.

Source: Jeune Afrique; Le Monde

Line Rose

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