Remaniement ministériel au Burkina Faso : Que faut-il retenir ?

Le gouvernement TIEBA III prendra  fonction à l’issue du conseil des ministres de prise de contact de ce jeudi 1er février 2018. Longtemps annoncé, le remaniement tant attendu par les Burkinabè est désormais effectif depuis la nuit du mercredi 31 janvier dernier. Pas grands chamboulements contrairement à ce que dame rumeur ventilait comme information sortie du sérail du pouvoir de Roch Kaboré. Ce gouvenement qui compte 33 membres ne laissent pas indifférent au niveau de sa composition. L’arrivée  des têtes de proue du milieu associatif et du monde  universitaire, les départs et le changement de poste du ministre d’Etat Simon Compaoré constituent les faits marquants de ce remaniement. Décryptage. 

 

Longtemps mis sur la sellette, le Premier ministre Paul Kaba THIEBA reste à son poste dans un remaniement ministériel annoncé il y a des semaines et  qui s’est finalement intervenu ce mercredi 31 janvier 2018. Les pronostics du maintien de ce banquier, appelé à la tête du gouvernement du président Roch Kaboré au lendemain des élections étaient minces, très minces d’ailleurs. Certains pointent du doigt sa capacité, de  conduire à mieux les négociations avec les acteurs sociaux. Dans ce contexte de durcissement de la fronde sociale on voyait mal le président du Faso renouveler  sa confiance à l’homme. Pour d’autres, parmi eux, une  certaine opinion de la majorité présidentielle, PKT (Paul Kaba THIEBA), n’est pas une bête politique capable de faire bouger les lignes à l’approche des élections de 2020. Il n’était donc pas bon ton de maintenir le natif de Tougan à la primature. Il n’en est rien. Pour une fois de plus, comme il avait été à la nomination de son premier gouvernement, Roch Marc Christian KABORE a pris de court les analystes de la scène politique.  Lui seul pourra nous dire pourquoi il a reconduit son « bon Samo » (ndlr Samo peuple  de l’Ouest du Burkina dont est issu le premier ministre) à la tête de son nouveau gouvernement. Autre fait marquant, le départ  sans surprise de Simon Compaoré du ministère de la sécurité. Longtemps exigé par les acteurs politiques et une partie des OSC qui engagent sa responsabilité sur les résultats mitigés sur le terrain notamment dans la partie septentrionale du pays où les terroristes ont dressé leurs gîtes. Les supputations ont-elles eu raison sur l’enfant terrible de Ouagadougou ? Simon quitte la sécurité mais reste dans le gouvernement, il est nommé ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso. Il cède sa place à son collègue Clément P. Sawadogo précédemment ministre de la fonction publique. Ce jeu de chaises musicales est-il le fait d’un arrangement politique où pour insuffler une nouvelle dynamique dans l’appareil d’Etat ? Autrement, Clément Sawadogo peut-il réussir là où Simon Compaoré a échoué ? Ironie du sort, ce remaniement s’est effectué  le jour où le peuple burkinabè a rendu hommage  à ses deux braves agents de police tombés les armes à la main dans la province du Soum, terreau du terrorisme. Tout compte fait, il est primordial pour ce gouvernement de se donner des moyens pour améliorer le sort de nos Forces de défense et de sécurité dans cette partie du Burkina.

Jean Martin Coulibaly, décrié par ses collaborateurs, pour sa responsabilité, selon eux,  dans l’enlisement de la crise du système éducatif quitte le navire. Il est remplacé au ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation  par le professeur Stanislas Ouaro jusqu’à là président  de l’Université Ouaga II. Youssouf Ouédraogo nommé il y a tout juste 3 mois quitte le gouvernement au profit de Abdoul Karim Sango. L’entrée du dernier cité suscite tant d’interrogations. Le prof de droit fat-il son grand retour dans le Parti de la renaissance nationale (PAREN) ? Si on estime  que ce portefeuille ministériel revient au parti de Laurent Bado. Ou,  Doit-on comprendre que le consultant est allé seul au gouvernement sans être désigné par son ancien parti ? De l’un ou l’autre des  cas de figure, il s’agit d’un revirement à 180° de l’intéressé. Lui,  qui avait abandonné son mentor Laurent Bado au lendemain des élections de 2015 parce qu’il avait décidé de faire partie de la majorité présidentielle. On en saura davantage les jours à venir. Au ministère de l’énergie, le professeur Alpha Omar Dissa cède sa place au député Bachir Ismaël Ouédraogo. Autre parlementaire dans le gouvernement, Marie Laurence Marshall Ilboudo remplace Laure Zongo à la tête du ministère de la femme de la solidarité nationale et de la famille. Vincent Dabilgou, président du Nouveau temps de la démocratie (NTD) parti de la majorité présidentielle arrive à la tête du ministère des transports de la mobilité urbaine et de la sécurité routière en remplacement de Souleymane Soulama. Arouna Kaboré très connu dans le milieu des OSC et président de Think Tank Burkina est nommé ministre du commerce, de l’industrie et de l’artisanat. Il succède à ce poste Stéphane Sanou. Tahirou Bangré cède sa place au ministère des sports à Daouda Azoupiou et le constitutionnaliste Seyni Ouédraogo remplace Clément P. Sawodogo au ministère de la fonction publique. Il faut noter la création dans le gouvernement THIEBA III, un ministère en charge de l’intégration africaine et des Burkinabè de l’étranger qui sera occupé par Paul Robert Tiendrebéogo.

August Don de Dieu

 

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