Thème :Le Nexus Humanitaire-Développement-Paix : cas du Pacte Mondial pour les Réfugiés

M.  NARE Jean Joël / Dossier n°2126 / MBA en Diplomatie Coopération et Relations Internationales

Thème :Le Nexus Humanitaire-Développement-Paix : cas du Pacte Mondial   pour les Réfugiés

L’aide humanitaire et l’aide au développement visent toutes deux à préserver la dignité humaine en répondant aux crises humanitaires et en promouvant le développement. L’aide humanitaire intervient pendant les crises et a pour objectif la préservation des vies par l’apport de réponses immédiates qui ne s’inscrivent pas forcement dans la durée tandis que l’aide au développement aide à améliorer le niveau de vie des populations en leur permettant d’avoir plus accès aux services et aux opportunités et s’inscrit plus dans une perspective de durabilité et de long terme. Il est aussi admis que le manque de développement et la pauvreté peuvent être des facteurs déclencheurs de crises sécuritaires et humanitaires dans certains contextes. Ce postulat crée ipso facto un lien entre l’action humanitaire et le développement qui implique la nécessité d’identifier des réponses durables de politiques publiques et d’investissement pour soutenir des espaces affectés par une situation de crise humanitaire. C’est autour du thème de Nexus Humanitaire-Développement-Paix que nous avons choisi de mener notre réflexion. L’objectif principal de la présente est de dégager de possibles liens existants entre l’aide humanitaire et l’aide au développement. De façon spécifique et avec le Pacte Mondial pour les Réfugiés nous examinerons comment l’UNHCR qui est une agence de protection pourrait contribuer au développement en ne perdant pas de vue son mandat principal et ses missions.
Si le concept de Nexus Humanitaire-Développement-Paix a envahi tous les espaces de réflexion et de discussion des humanitaires et des acteurs de l’aide au développement, qu’en est-il dans la pratique ? Comment peut-il se matérialiser ? Entre concept théorique, plein de bon sens, manipulé dans les salons de New York, Washington ou Genève et la réalité de son application dans des pays affectés par des crises humanitaires ?
En guise de réponse à une telle problématique nous tenterons dans un premier temps de dresser les contours de ce que l’on appelle communément l’aide humanitaire puis l’aide au développement, afin de faire ressortir ce qui distingue ces deux paradigmes, leurs objectifs propres et leurs caractéristiques spécifiques. Dans un deuxième temps, en nous appuyant sur l’expérience du UNHCR, nous tenterons d’envisager cette problématique du NEXUS afin de questionner les différentes formes que peuvent prendre son application dans la pratique. L’histoire de l’aide humanitaire moderne commence au XIXe siècle avec la création de la Croix-Rouge pour aboutir à la création de l’ONU après la deuxième guerre mondiale. Elle se poursuit par la naissance en parallèle de nombreuses ONG engagées dans le but principal d’améliorer les conditions de vie du genre humain en situation de crise. L’aide humanitaire de nos jours a toujours le même objectif et devrait travailler à relever de défis en vue de l’amélioration de son efficacité.
L’aide au développement, -multilatérale ou bilatérale, selon qu’elle soit à l’initiative d’un pays ou d’une organisation de plusieurs pays- est celle pourvue en vue d’aider au développement. Sur le plan financier, elle est octroyée sous forme de subventions, de dons, d’appuis budgétaires, mais plus largement de prêts concessionnels ou non-concessionnels. Sur le plan non-financier elle peut prendre la forme de services dédiés au renforcement des capacités de certains acteurs ou groupes d’acteurs (Etat, collectivités décentralisées, société civile ou secteur privé), à travers de la fourniture d’expertise, de services techniques ou de délivrance de produits d’analyse (y compris de services remboursables). L’aide au développement doit permettre l’amélioration des conditions de vie des populations des pays bénéficiaires et est l’expression de la solidarité internationale, en ce sens qu’elle doit permettre une certaine redistribution de la richesse au profit des pays en développement. La notion de ‘’nexus’’ admet l’idée d’une connexion, d’un lien entre deux réalités. Dans le cadre de ces travaux, le nexus humanitaire-développement-paix prône l’idée de tout lien pouvant exister entre l’humanitaire, le développement et la paix. Pour une meilleure efficacité de l’aide, ce lien devrait être établi pour envisager le développement à long terme comme le suggère M. BAN KIMOON : « les acteurs humanitaires ne doivent plus se borner à des interventions à court terme, reproduites année après année, mais au contraire chercher à obtenir des résultats de développement à plus long terme ». Pour la mise en œuvre d’une telle vision, il faut de finances suffisantes qui puissent répondre à l’urgence et envisager le développement en allant au-delà des mandats respectifs des différents intervenants.
Dans la deuxième partie de notre étude nous nous sommes appesantis sur le Pacte Mondial pour les Réfugiés qui, à notre humble avis propose une vision, une stratégie et des voies d’application pratiques du Nexus Humanitaire-Développement-Paix. Avec son adoption en décembre 2018, l’UNHCR veut développer plus de coopération entre les Etats et l’ensemble des intervenants en vue d’une réponse plus inclusive aux crises de réfugiés en associant de nouveaux acteurs aux traditionnels. L’idée essentielle du Pacte est d’améliorer la manière dont la communauté internationale répond aux mouvements massifs de réfugiés par un partage de charges et de responsabilités. Il se base sur les principes fondamentaux d’humanité, de solidarité internationale et de la centralité de la protection qui est « Toutes les activités visant à obtenir le respect intégral des droits de la personne, en conformité avec la lettre et l’esprit des branches pertinentes du droit international à savoir les droits de l’homme, le droit humanitaire, et le droit des réfugiés. ». Dans une déclaration publiée en décembre 2013, les hauts responsables du Comité permanent inter institutions (IASC) ont affirmé que tous les acteurs humanitaires ont l’obligation de placer la protection au cœur de leur action
Ses objectifs sont l’allègement de la pression exercée sur les pays d’accueil de réfugiés, le renforcement de l’autonomisation des réfugiés, et la recherche de solutions durables telles que, leur inclusion et intégration dans les pays d’accueil, la relocalisation dans des pays tiers, ainsi que la promotion d’un retour digne et sécurisé dans le pays d’origine.
De nos jours, mener l’action humanitaire en intégrant des perspectives de développement est une vision à promouvoir en impliquant l’Etat et les communautés affectées afin que la transition vers le développement soit effective et efficace après la réponse d’urgence. Et cette vision doit se refléter dans les différentes politiques d’investissements publics. Sur la base de cette hypothèse il est important qu’autour des Etats bénéficiaires, les acteurs internationaux, qu’ils soient de l’humanitaire ou de développement investissent et s’investissent suffisamment tout en impliquant et en responsabilisant toutes les parties prenantes, y compris les acteurs locaux, qu’il s’agisse des collectivités locales ou tout simplement des populations bénéficiaires (réfugiés et/ou PDI), dont les communautés hôtes. L’idéal est que l’aide humanitaire soit évolutive et contribue à créer des conditions favorables au développement. Derrière cela réside aussi l’idée que des réponses en termes de développement permettent de prendre le relais dans le temps sur celles de l’humanitaire dont les ressources finissent toujours par diminuer au fur et à mesure que la crise de déplacement forcé s’étale dans le temps. Il est aussi important de travailler à l’avènement d’une société de paix qui passe par une gouvernance démocratique plus respectueuse des droits de l’Homme et une implication effective des différents acteurs.
Loin d’être un mythe, le Nexus Humanitaire-Développement-Paix est un idéal à promouvoir et à intégrer dans le paradigme des politiques publiques des pays d’accueil, dans les problématiques de planification, de programmation, de budgétisation et de suivi de l’investissement, avec le soutien des acteurs au développement, ainsi que dans toutes les interventions humanitaires afin d’envisager le développement et une gestion à plus long terme des crises. Cependant il est primordial de garder présent à l’esprit que l’objectif premier de l’action humanitaire est de sauver des vies d’abord et d’envisager ensuite l’autonomisation et le développement des populations touchées et affectées, y compris des communautés hôtes, ce qui implique que la sauvegarde des vies est un préalable aux problématiques de développement.
L’une des ambitions de ce travail autour de l’opérationnalisation du concept de Nexus Humanitaire- Développement-Paix dans la pratique consiste également à préciser les tenants, aboutissants et les implications du Pacte Mondial pour les Réfugiés. Nous fondons l’espoir que la présente réflexion contribue à sa vulgarisation.

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